Le Pape: les guerres sont toujours une erreur, les enfants nous sauveront
«Les guerres sont toujours une erreur», c'est avec ces quelques mots que le Pape répond à Darío, un jeune garçon espagnol de dix ans, dans un livre édité par le vaticaniste de La Stampa, Domenico Agasso, qui a eu l'idée de recueillir une série de questions d'enfants du monde entier à l'attention de François. Il s'agit d'un livre illustré intitulé «Chers enfants ... le Pape répond à vos questions», publié par Mondadori ElectaKids, à paraître mardi 17 octobre en Italie. Le quotidien turinois en a anticipé quelques extraits samedi 14 octobre.
Les adultes et la guerre
Darío demande à François: «Pourquoi y a-t-il des guerres?» Le Pape répond: «Parce qu'à l'âge adulte, on risque de tomber dans la tentation de l'égoïsme, du pouvoir et de l'argent. Même au prix d'une guerre contre un autre pays qui fait obstacle à cet objectif de pouvoir, ou dont le dirigeant poursuit les mêmes buts. Même en sachant que cela signifie tuer d'autres personnes. Trop souvent dans l'histoire, ceux qui sont devenus les dirigeants d'une nation n'ont pas été capables de réfréner leur désir d'être les plus forts de tous, de dominer le monde. C'est ce qu'on appelle "l'intérêt impérial", que vous étudierez à l'école dans les livres d'histoire. Aujourd'hui, il y a de nombreuses guerres et beaucoup de violence sur la planète, et même si certains disent qu'ils ont parfois raison, je ne doute pas que vous comprendrez qu'ils ont toujours tort. Les guerres sont toujours une erreur».
La paix dans le monde
Isabela, neuf ans, originaire du Panama, demande à François: «Penses-tu qu'un jour la paix sera instaurée dans le monde entier? Comment peut-on y arriver?». «Oui, nous ne devons pas nous résigner, répond le Pape, la paix est possible, réalisable. J'ai l'espoir que tôt ou tard les "grands" comprendront que dans un monde totalement en paix, nous vivrons tous mieux. Mais il faut que chacun s'engage à déposer les armes, à désamorcer la violence, à ne pas provoquer les tensions et les affrontements, et a extirper de son cœur le désir de dominer les autres, la soif de domination et d'argent. Dans nos cœurs, il ne doit y avoir que l'amour du prochain, c'est-à-dire des personnes proches et lointaines, en particulier celles qui souffrent ou sont en difficulté pour une raison ou une autre. Cela devrait également s'appliquer aux dirigeants des nations de la planète. Si nous vivions tous de cette manière, il y aurait moins d'agressions et aussi moins de peur: nous serions tous plus sereins, plus satisfaits. L'amour vainc la guerre et rend heureux».
La relation avec les adultes
Mary, 9 ans, originaire de Hongrie, demande pourquoi le Pape dit souvent que les adultes devraient apprendre des enfants. «Parce que vous êtes sages», répond François, «vous avez le cœur pur, vous n'avez pas de préjugés. Parce que vous leur dites la vérité en face (...) Sans vous en rendre compte, vous aidez les adultes qui savent vous écouter, et en particulier vos parents, à vivre plus honnêtement et plus généreusement. Vous, les enfants, vous savez donner la juste valeur aux temps de la vie: celui de l'étude, de la prière, de l'amusement, du jeu seul, entre amis et avec les parents. J’espère aussi que vos parents prennent le temps de jouer avec vous. Et puis, vous aidez les adultes à rester humbles. Car pour vous, ils ne sont que papa ou maman, ou de toute façon des hommes et des femmes adultes. Donc, vous "déconcertez" ceux qui sont trop narcissiques: parce que pour vous, cet adulte n'est pas important à cause de la position prestigieuse qu'il occupe ou parce qu'il est célèbre, mais simplement à cause du rôle qu'il joue face à vous».
L'engagement écologique
Paul, Norvégien de neuf ans, demande à François pourquoi il s'intéresse à la nature. «Parce que le changement climatique et la pollution causés par l'homme, lui explique le Pape, pourraient conduire à la disparition de l'humanité, par des phénomènes tels que le réchauffement climatique, la dévastation de la nature, la dégradation de l'environnement, la disparition de la biodiversité qui en découle, ainsi que de nouvelles maladies mortelles. Mais j'ai foi», poursuit François. «Dans une prise de conscience collective des jeunes et des enfants sur les questions environnementales: les garçons et les filles, grâce souvent à l'école, ont compris que l'avenir leur appartient, et qu'il est donc urgent d'agir dans le présent pour sauver l'avenir», même si désormais «les mesures écologiques des États décidées au niveau international sont cruciales, tout autant que le comportement de chacun d'entre nous au quotidien: recycler, veiller à ne pas gaspiller l'eau et la nourriture, lire des livres qui expliquent en détail les problèmes de notre Terre. Nous devons tous ensemble ne plus salir la Création et en prendre soin, toujours choisir des actions pour le bien de notre habitat, car c'est notre Maison commune», un «engagement humain et chrétien».
Enfant dans un camp de réfugiés
Originaire du Soudan, Samuel, 10 ans, raconte qu'il vit dans un camp de réfugiés parmi des amis souffrant de malnutrition et que, quand tout va bien, «nous mangeons un repas par jour». Il confie au Pape qu'il sourit la plupart du temps, même si parfois «j'ai soudain envie de pleurer. Parce que j'ai envie de m'enfuir loin...». En réponse, François se montre très compréhensif. «Tous les enfants, le réconforte-t-il, devraient pouvoir aller à l'école et disposer d'espaces pour jouer et s'amuser». Il ajoute qu'il semble presque normal de croire que l'Afrique «ne doit être qu'exploitée et non aidée». Mais s'il vous plaît, poursuit-il, «ne perdez pas l’espérance d’un avenir meilleur. J'espère que tôt ou tard, les pays les plus riches comprendront qu'ils ne peuvent pas continuer à exploiter puis à abandonner vos terres, qu'ils investiront des ressources pour vous aider à résoudre vos graves difficultés et qu'ils entameront une transformation sociale qui permettra à chacun de mener une vie digne et de rêver d'une époque prospère pas trop lointaine».
L'accueil de l'étranger
Alessandro, un Italien de dix ans, interroge le Pape sur ce qu'il pense du fait que les adultes qu'il entend ne veulent pas que des «familles plus pauvres» viennent dans leur pays. Et que si c'était le cas, il ne serait pas devenu «l'ami de Momo». François répète que ce qui compte, c'est la valeur de «l'amitié sociale». «Nous devons toujours, souligne-t-il, nous considérer les uns les autres comme des frères et des sœurs, sans nous méfier du pays d'origine, de la religion ou de la culture différente. Tu es, et vous êtes, un exemple pour ceux qui ont des préjugés sur ceux qui viennent de loin, sur l'étranger. Personne ne doit plus jamais se sentir étranger nulle part. Et vous, les enfants, vous savez très bien accueillir vos nouveaux compagnons. Vous êtes capables d'intégrer votre identité - par le jeu, par le dialogue - à l'identité de ceux qui arrivent de pays lointains, souvent parce qu'ils ont dû fuir les guerres, la violence, l'injustice, la pauvreté, la faim, la persécution. Vous, les enfants, transmettez un message très important: s'isoler est mauvais et contre-productif. Et apprendre à se connaître les uns les autres est bénéfique pour les deux parties. À commencer par de nouvelles amitiés. Ici aussi, les adultes, y compris les dirigeants des nations, devraient apprendre de vous: chérir les racines et en même temps s'ouvrir au monde».
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