Le Pape: «Pour surmonter les crises, nous avons besoin de protagonistes de l'humanité»
Vatican News
Le Pape François a reçu fin septembre à la Maison Sainte-Marthe la journaliste Bernarda Llorente de l'agence de presse argentine Télam, qui l'avait déjà interviewé au mois de janvier 2022. Lors de cet entretien, le Saint-Père s'est confié sur de nombreux sujets: le sens du mot "crise", la dignité du travail, la guerre, le synode ou encore la vertu d'espérance. Voici quelques extraits de cet entretien.
«J'aime le mot crise parce qu'il a un mouvement interne. Mais on sort d'une crise par le haut, et l'on n'en sort pas seul. Ceux qui veulent en sortir seuls transforment la sortie en un labyrinthe, qui tourne toujours en rond», a déclaré le Pape.
Besoin de "protagonistes de l'humanité"
«Que manque-t-il à l'humanité face aux crises?» a demandé la journaliste de Télam à François. «Pour dépasser les crises, il faut des protagonistes de l'humanité», répond le Saint-Père. «Parfois, je constate que cette capacité à gérer les crises et à mettre en valeur sa propre culture fait défaut. N'ayons pas peur de faire ressortir les vraies valeurs d'un pays. Les crises sont comme des voix qui nous indiquent la voie à suivre».
La dignité du travail
Au sujet du travail, le Souverain Pontife a rappelé la dignité du travail et le grave péché de l'exploitation: «C'est le travail qui vous rend dignes. Or, la plus grande trahison de ce chemin de dignité est l'exploitation. Non pas l'exploitation de la terre pour qu'elle produise plus, mais l'exploitation du travailleur. Exploiter les gens pour son propre profit est l'un des péchés les plus graves».
Le Pape a également souligné la nécessité de garantir les droits des travailleurs, afin qu'ils ne deviennent pas des esclaves: «Lorsqu'un travailleur n'a pas de droits ou qu'il est embauché pour une courte période afin de contourner les règles et de ne pas payer de cotisations, il devient un esclave et l'on devient un bourreau», a-t-il déclaré.
Au cours de cet entretien, François a aussi déploré que certains le qualifient de "communiste" lorsqu'ils entendent parler de ses encycliques sociales: «Ce n'est pas ça. Le Pape prend l'Évangile et rappelle ce que dit l'Évangile. Déjà dans l'Ancien Testament, la loi hébraïque demandait que l'on prenne soin de la veuve, de l'orphelin et de l'étranger. Si une société respecte ces trois éléments, elle se porte bien».
Construire la paix et le bien commun
Interrogé sur la façon d’œuvrer pour la paix, l’évêque de Rome exhorte par ailleurs à «prendre conscience de sa propre identité». «On ne peut pas dialoguer avec l'autre si l'on n'est pas conscient de sa propre identité. Quand deux identités conscientes se rencontrent, elles peuvent dialoguer et faire des pas vers un accord, vers le progrès, vers une marche commune».
Le cheminement synodal de l'Église
Concernant le synode qui se poursuit au Vatican (l'interview a été réalisée avant son ouverture, ndlr), François rappelle que «dès le début du Concile Vatican II, Jean XXIII a eu une perception très claire: l'Église devait changer». Paul VI a poursuivi dans cette voix. «Il ne s'agit pas seulement d'un changement de mode, mais d'un changement de croissance et en faveur de la dignité des personnes. Et il y a la progression théologique, de la théologie morale et de toutes les sciences ecclésiastiques, y compris l'interprétation des Écritures, qui ont progressé selon les sentiments de l'Église. Toujours en harmonie».
S'exprimant enfin sur l'espérance, le Saint-Père explique combien «nous ne pouvons pas vivre sans espérance. Si nous nous coupons les petits espoirs de chaque jour, nous perdrons notre identité. Nous ne nous rendons pas compte que nous vivons d'espérance. L'espérance comme vertu théologale est très humble, mais c'est elle qui assaisonne le quotidien».
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