Le Pape appelle à se faire «proches des migrants qui frappent à nos portes»
Marie Duhamel- Cité du Vatican
Tout pour créer une dynamique d’écoute et de partage mais aussi permettre un temps de prière et de discernement. À l’occasion du Synode sur la synodalité, le Pape a proposé à ses participants une retraite spirituelle, des tables rondes en salle Paul VI, une visite des catacombes et ce jeudi soir 19 octobre, un temps de prière pour «tous ceux qui ont perdu la vie le long des différentes routes migratoires, pour leurs familles, pour ceux qui ont survécu, et pour tous les réfugiés et migrants qui sont encore en chemin».
A la nuit tombée, sur une place Saint-Pierre quasi déserte, les membres de l’Assemblée synodale se sont retrouvés face au monument béni par le Pape en 2019 intitulé «Angels unawares» de l’artiste canadien Timothy Schmalz dédié aux «Anges Inconnus» que sont les migrants, représentés ici sur une barque.
La parabole du Samaritain, une clé
Ensemble, ils ont écouté l’Evangile selon saint Luc, la parabole du bon Samaritain qui est selon François, «la clé, pour passer d'un monde fermé à un monde ouvert, d'un monde en guerre à un monde en paix» ; une parabole qu’il a choisi pour être au cœur de son encyclique, Fratelli tutti.
Dans une réflexion face à l’assemblée, François a rappelé combien le récit biblique est d’actualité, les routes migratoires restent des lieux de danger. «Combien (de frères et de sœurs) sont volés, dépouillés et battus en chemin ?» s’interroge le Pape qui revient sur leur voyage: «Ils partent dupés par des trafiquants sans scrupules. Ils sont ensuite vendus comme monnaie d'échange. Ils sont kidnappés, emprisonnés, exploités et réduits en esclavage. Ils sont humiliés, torturés et violentés. Beaucoup meurent sans jamais atteindre leur destination». François déplore que les routes migratoires soient encore aujourd’hui peuplées d'hommes et de femmes blessés et laissés à moitié morts dont «la douleur crie devant Dieu». Eux qui fuient parfois la guerre et le terrorisme, dit-il.
La compassion, l'empreinte de Dieu dans nos cœurs
Aujourd’hui comme hier, certains les voient et s’en vont, «par égoïsme, par indifférence, par peur». Mais le Pape a confiance et appelle chacun à devenir le Samaritain de la parabole «saisi de compassion». La compassion, dit François, est «l'empreinte de Dieu dans notre cœur». Elle permet à l’homme blessé de se relever et en cela, elle «n'est pas seulement une bonne action d'assistance, le fruit c’est la fraternité».
Le Pape qui rêvait dès les premières heures de son pontificat à une Eglise qui serait comme «un hôpital de campagne», propose à tous de se faire proche des vagabonds blessés, pour soigner leurs blessures et apaiser leur douleur.
Accueillir, protéger, promouvoir, intégrer
Revenant à l’exemple du bon Samaritain, François souligne qu’il ne se contente pas de premiers secours. Il emmène le voyageur avec lui. «C'est là que se trouve le sens des quatre verbes qui résument notre action auprès des migrants : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer», et il s’agit d’une responsabilité «à long terme». C'est pourquoi, poursuit le Pape, il est important de se préparer de manière adéquate aux défis des migrations d'aujourd'hui, «en comprenant leurs aspects critiques, mais aussi les opportunités qu'elles offrent en vue de la croissance de sociétés plus inclusives, plus belles et plus pacifiques».
Élargir les voies de migration régulières
Le Pape souligne également une autre action à entreprendre, qui n’apparait pas cette fois-ci dans la parabole rapportée par Luc. Pour éviter les bandits et la mort des migrants, il juge nécessaire «de rendre la route plus sûre», et de «redoubler d'efforts pour lutter contre les réseaux criminels qui spéculent sur les rêves des migrants».
François va plus loin: «il est tout aussi nécessaire d'indiquer des itinéraires plus sûrs. C’est pourquoi, il faut s'efforcer d'élargir les voies de migration régulières».
Alors que les flux migratoires devraient augmenter dans les années à venir, François invite à «faire dialoguer les politiques démographiques et économiques avec les politiques migratoires, au bénéfice de tous», aussi des plus vulnérables à placer au centre. Il souhaite que soit promue «une approche commune et coresponsable de la gestion des flux migratoires».
Une minute de silence
Sa réflexion s’achève par une prière adressée au Seigneur afin qu’il rende les fidèles – et les membres du synode en cours – «plus proches de tous les migrants et réfugiés qui frappent à notre porte» pour en prendre soin comme le fit le Samaritain.
Au terme de la réflexion du Pape, une minute de silence à la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie le long des différentes routes migratoires a été observée. Car, a souligné François dans son intervention, «pour beaucoup, malheureusement, il est trop tard, et il ne nous reste plus qu’à pleurer sur leurs tombes, s'ils en ont une. Mais le Seigneur connaît le visage de chacun et ne l'oublie pas».
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