«N'oublions pas nos frères dans l’épreuve» au Soudan

Marie Duhamel - Cité du Vatican

«Depuis plusieurs mois, le Soudan est en proie à une guerre civile qui ne faiblit pas», a rappelé le Pape aux fidèles ce dimanche à l’issue de la prière de l’angélus. Déclenchée le 15 avril dernier, la guerre qui oppose l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapides (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a « fait de nombreuses victimes», provoqué l’exode de «millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays et réfugiées dans les pays voisins», ainsi qu'une situation humanitaire très grave», a poursuivi François.

Plus de 6 millions de personnes auraient été contrainte à la fuite. Les pays voisins accueillent actuellement 1,2 millions de réfugiés en provenance du Soudan. Ce samedi, le Haut-commissariat pour les réfugiés de l’ONU annonçait s’attendre à un nouvel afflux de migrants au Tchad, après la fuite de milliers de déplacés du camp à El-Geneina, la capitale du Darfour-Occidental.

Appel sincère aux dirigeants locaux

«N'oublions pas nos frères dans l’épreuve ! », a lancé le Pape ce dimanche. Outre l’expression de sa proximité -François s’est dit «proche de la souffrance du cher peuple soudanais», le Saint-Père a lancé «un appel sincère aux dirigeants locaux pour qu'ils facilitent l'accès de l'aide humanitaire et, avec la contribution de la communauté internationale, pour qu'ils œuvrent en faveur de solutions pacifiques».

Plusieurs cibles de négociations ont jusqu’à présent échoué. Cette semaine encore, un nouveau round de pourparlers parrainées par l'Arabie saoudite et les Etats-Unis s'est achevé sans aboutir à un accord de cessez-le-feu.

À Khartoum, la capitale du pays, les combats semblent se concentrer depuis deux semaines sur l’ouest et le nord de la ville. Les généraux se rejettent la responsabilité ce dimanche de la destruction du pont reliant Khartoum-Nord et l’Omdourman. Dans cette banlieue située à l’ouest de Khartoun, des témoins disent avoir vu des cadavres, vêtus d’uniformes, jonchés les rues, rapporte l’agence France presse.

Possibles attaques ethniques au Darfour

Dans l’ouest du Soudan, l’ONU rapporte une intensification des combats, notamment au Darfour-Occidental. Dans la zone de Ardamata, plus de 800 personnes auraient été tuées ces derniers jours par des groupes armées. Des scènes de pillages et de destructions auraient eu lieu dans la région. Les Nations unies s’alarment en particulier d’attaques contre les civils, «y compris des violences qui semblent être basées sur l’appartenance ethnique.»

«Il y a vingt ans, le monde était choqué par les terribles atrocités et violations des droits humains au Darfour. Nous craignons qu'une dynamique similaire ne se développe», déclarait hier le Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, dans un communiqué.

«Le mal absolu»

Au Soudan, «ce qui se passe frôle le mal absolu», affirmait sa consœur, Clémentine Nkweta-Salami, lors d'une conférence de presse tenue samedi. La coordinatrice humanitaire de l'ONU au Soudan affirmait ne plus avoir de mots pour décrire l’horreur des faits, évoquant des enfants «pris dans des tirs croisés» ou des fillettes violées devant leur mère. L’Onu dénonce des violations des droits des enfants, des violences sexuelles ou basées sur le genre, mais également des disparitions forcées ou des détentions arbitraires.