Le Pape indique comment conduire sur les autoroutes de l’information
Marie Duhamel – Cité du Vatican
Ils travaillent pour la presse écrite, la télévision, la radio ou les nouvelles technologies et sont implantés partout sur le territoire italien, «ce qui témoigne de leur désir de toucher les personnes avec attention, proximité et humanité». Ce matin, le Pape a encouragé des groupes laïcs ( Corrallo ou Aiart) ou confessionnels (Fédération nationale des hebdomadaires catholiques) rassemblant des professionnels du secteur des médias en Italie, à poursuivre leur mission qui consiste à éduquer leur public aux médias, en ayant le souci de promouvoir la dignité humaine, la justice, la vérité, la légalité et la coresponsabilité. Pour mener à bien leur projet, François leur indique trois chemins à emprunter sur «les grandes autoroutes de l’information aujourd’hui»: la formation, la protection et le témoignage.
Prudence et simplicité
La formation, dit François, n’est pas une simple tâche à accomplir. Il s’agit d’une «question vitale», car l’avenir de la société est en jeu. D’abord, le Pape souligne le rôle essentiel de l’éducation pour relier les générations entre elles alors que «l’alliance intergénérationnelle est plus que jamais fondamentale», mais aussi à l’heure des réseaux sociaux qui est le monde privilégié de la jeunesse. François propose un passage de l’Évangile pour montrer comment procéder dans le monde numérique: Jésus dit d'être «prudents comme les serpents et candides comme les colombes» (Mt 10, 16), deux «ingrédients éducatifs de base pour naviguer». Sur le web, il importe de ne pas être naïf et en même temps de ne pas céder à la tentation de semer la colère et la haine. «La prudence, vécue avec simplicité d'esprit, est cette vertu qui aide à voir loin, qui amène à agir avec "prévoyance", avec anticipation», et le Pape la préconise. Cette double approche, «ce regard sage» est celui que doit proposer la presse catholique.
La mission des médias catholiques est de ne pas s’arrêter à la nouvelle du moment qui «brûle facilement» mais de «véhiculer une vision humaine chrétienne capable de former les esprits et les cœurs», afin qu’ils ne soient pas «déformés par des hurlements ou des reportages qui, passant avec une curiosité morbide du noir au rose, négligent la clarté du blanc».
Former des hommes capables de relations saines
François encourage chacun à mettre en pratique cette «écologie de la communication» dans tous les territoires, en se souvenant que derrière chaque scoop se trouve des personnes à respecter «comme s’il s’agissait de vos parents». L’éducation au respect est une urgence, note le Pape attentif aux faits divers de ces derniers jours qui rapportent de nombreux actes de violence à l’encontre des femmes. Il est urgent de «former des hommes capables de relations saines», estime François. Communiquer, c’est éduquer l’homme, la société, et c’est un chemin à ne pas abandonner, car «il mènera loin !»
Des outils pour protéger les jeunes et les anciens
Autre sentier à parcourir pour mener à bien leur mission: la protection des droits et des devoirs dans la communication numérique. François décrit le grand déballage aux yeux de tous sur les réseaux. «On veut tout montrer et chaque individu devient l'objet de regards qui fouillent, dénudent et divulguent, souvent anonymement. Le respect de l'autre s'effrite, et ainsi, en même temps que je le déplace, l'ignore et le tiens à distance, sans aucune pudeur je peux envahir sa vie à l'extrême (Fratelli tutti, 42)». François souhaite que des outils soient mis en place pour protéger les individus, et en particulier les plus faibles, «de l'intrusion du numérique et des séductions de la communication provocatrice et polémique». Le Pape estime que les réseaux de presse peuvent et doivent «faire grandir une citoyenneté médiatique protégée, soutenir les garnisons de la liberté informationnelle et promouvoir la conscience civique». Le Pape les presse de le faire et «sans crainte, comme David contre Goliath qui, avec une petite fronde, a abattu le géant». Et «ne vous contentez pas de jouer sur la défensive mais, en restant "petits à l'intérieur", voyez grand», leur lance François.
Témoigner avec sincérité et audace
Enfin, rien ne vaut sans le témoignage personnel. Le Pape les invite à suivre l’exemple d’un bienheureux italien, Carlo Acutis, un jeune homme qui utilisait les nouvelles techniques de communication pour transmettre l'Évangile. Il leur demande, quitte à aller à contre-courant, de «parler de fraternité dans un monde individualiste; de paix dans un monde en guerre; de souci des pauvres dans un monde intolérant et indifférent». La fidélité à l’Evangile implique, souligne le Pape, de se «retrousser les manches» pour sortir de sa zone de confort et faire le bien, mais cela ne peut se faire de manière crédible que si l'on témoigne d'abord de ce dont on parle, conclu François.
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