Le Pape souligne la nécessité de la communication intérieure, en silence
Marie Duhamel - Cité du Vatican
Élue mère abbesse en 1620, Maria de Jesús de Ágreda ne sortit de la clôture qu’à sa mort, 35 ans plus tard, en 1665. La mystique castillane du XVIIe siècle fut très rapidement déclarée vénérable, huit ans après son décès. Et comme en témoigne ce congrès, sa réputation perdure. Les sœurs conceptionnistes voient en elle une «amoureuse de l’Ecriture», une «mystique mariale» et «évangélisatrice d’Amérique». Ce sont ces trois qualificatifs qui ont inspiré le Pape ce jeudi. Dans son discours, il revient sur ces trois points, «trois leçons que la femme contemplative peut donner à l’Eglise».
L'Écriture, une source vive à laquelle s'abreuver
«La première leçon, leur a dit François, concerne le silence, l'attitude d'écoute, pour accueillir dans le cœur la voix du Bien-Aimé, la Parole éternelle du Père». Si tous peuvent témoigner de cette attitude, le Pape estime que les femmes ont une «vocation particulière à l’écoute», «elles savent écouter». Il note d’ailleurs la connaissance remarquable de l'Ecriture de certaines religieuses qui n’ont pourtant bénéficié d’aucune formation spécifique. «À l'école de la prière, (elles) s'y sont abreuvées comme à une source vive». Et ainsi parler d’elles comme des amoureuses de l’Ecriture est, dit François, «une expression qui va au-delà de l'éloge de son utilisation dans leurs écrits, c'est voir le Christ lui-même leur parler et nous parler à travers sa Parole, en nous demandant, à l'exemple de Marie, de tout garder dans notre cœur (cf. Lc 2,51)».
Faire de la place au Seigneur
La deuxième leçon est la mystique que le Pape définit comme «une relation avec Dieu qui naît de cette attitude d'écoute, de cette lecture incarnée de l'Écriture Sainte». François évoque une expérience «extatique» dans le sens où elle permet de sortir de soi-même, «de nos conforts, sortir de l'ego égoïste qui cherche toujours à nous dominer». Il s'agit de faire de la place à Dieu pour «l'accueillir dans notre maison», comme le fit Marie qui l'a accueilli dans son Cœur Immaculé avant de l'accueillir dans son sein virginal. «En ce sens, les contemplatifs nous enseignent, par un chemin d'ascèse, d'abandon et de fidélité, la joie de ne vivre que pour Lui», et le Pape de souligner l’importance de la contemplation en silence, devant le Seigneur. Il juge la communication intérieure dans le silence «nécessaire» «dans ce monde toujours plein de choses, de mots, de nouvelles, toute une industrie de la communication extérieure».
La force de la prière d'intercession
Enfin, dernier enseignement inspiré par la vie de mère Ágreda et des religieuses conceptionnistes. Elles furent les premières cloîtrées à arriver en Amérique, peut-être même avec Christophe Colomb, glisse le Pape dans un sourire. La preuve de «cet esprit missionnaire de la vie contemplative», que confirmera plus tard sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. François note d’ailleurs en passant que la première sainte du continent américain est une autre grande mystique, sainte Rose de Lima. Mère Ágreda s'est senti appelé par Dieu «à prier pour les âmes qui ne le connaissaient pas encore», et sa prière a été fructueuse, au point que les Indiens, «selon les missionnaires», ont été «conscients de la puissance de la prière d'intercession de la religieuse» dans leur vie. La force de la prière d’intercession, Marie l’enseigne lors des noces de Cana, ajoute François. Il est possible «de reconnaître d'où vient le vin nouveau à travers ceux qui nous soutiennent par leur prière et nous édifient par leur exemple». La Vierge nous oriente vers son Fils, conclut le Pape, «elle nous apporte Jésus, elle l'engendre en nous, et cette belle attitude, nous devons l'imiter, en nous orientant à notre tour vers le Seigneur».
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