Le Pape veut protéger le droit des parents d'éduquer leurs enfants en toute liberté
Le Souverain pontife a d'emblée regretté que la mission éducative des parents ne soit pas favorisée aujourd'hui par le contexte culturel en Europe. Elle est marquée selon lui par «un subjectivisme éthique et un matérialisme pratique». La dignité de la personne humaine est toujours affirmée mais parfois peu respectée, dénonce le Saint-Père, constatant le désarroi de parents se rendant vite compte que leurs enfants baignent dans cette atmosphère culturelle. «Ce qu'ils "respirent", ce qu'ils absorbent des médias, est souvent en contradiction avec ce qui était considéré comme "normal" il y a encore quelques décennies et qui semble ne plus l'être aujourd'hui», affirme le Successeur de Pierre.
Face aux difficultés «parfois décourageantes», le Pape prône donc «la passion de l'éducation» chez les parents. «Certes, la culture a changé, mais les besoins les plus profonds du cœur humain restent immuables et finissent tôt ou tard par se manifester chez les enfants. Nous devons toujours partir de là», encourage l’évêque de Rome, rappelant que Dieu lui-même a inscrit dans notre nature «les exigences irrépressibles de l'amour, de la vérité, de la beauté, de la relation et du don de soi, de l'ouverture au "toi" de l'autre et de l'ouverture au "toi" transcendant». Ces besoins du cœur sont des alliés puissants de tout éducateur, relève-t-il, assurant qu’en les faisant ainsi émerger, les enfants n'auront aucune difficulté à voir le bien.
Découvrir la positivité fondamentale de l'existence
«La tâche de l'éducation peut être considérée comme réussie lorsque les enfants découvrent la positivité fondamentale de leur existence, de leur être dans le monde, et lorsque, forts de cette conviction, ils affrontent l'aventure de la vie avec confiance et courage, convaincus qu'ils ont eux aussi une mission à accomplir, une mission dans laquelle ils trouveront leur accomplissement et leur bonheur», détaille encore François, reliant cette mission «à l’amour de Dieu» à la racine.
«Dieu lui-même a fait de moi un bon don et je suis un don pour mes proches et pour le monde, et tout le monde peut le dire. Cette certitude aide à ne pas vivre mû par une tendance dévalorisante à "s’économiser", dans le souci constant de se préserver, de ne pas trop s'impliquer, de ne pas se salir les mains. Il y a ces pièges...», observe le Pape, plaidant au contraire pour le fait de «perdre sa vie pour autrui». «La vie s'ouvre à toute sa richesse et à toute sa beauté lorsqu'elle est dépensée».
C’est selon lui la grande tâche éducative des parents: former des personnes libres et généreuses qui ont connu l'amour de Dieu et qui donnent gratuitement ce qu'elles savent avoir reçu comme un don. La transmission de la gratuité n'est pas facile à transmettre, constate-t-il encore, reliant cet élément à l’ensemble de la société.
Sans rôle social des parents, les enfants grandissent «comme des îles»
«C'est aussi là que se trouvent les racines d'une société saine. C'est pourquoi il est important que le rôle social des parents soit reconnu à tous les niveaux. Éduquer un enfant est un véritable travail social, car il s'agit de le former à la relation, au respect des autres, à la coopération en vue d'un objectif commun, de le former à la responsabilité, au sens du devoir, à la valeur du sacrifice pour le bien commun.»
Sans cela, le Pape affirme que les enfants grandissent comme des "îles", déconnectés des autres, incapables d'une vision commune, habitués à considérer leurs propres désirs comme des valeurs absolues: «des enfants capricieux, mais cela se produit généralement lorsque les parents sont capricieux ! C'est ainsi que la société se déconstruit, s'appauvrit, s'affaiblit et devient de plus en plus inhumaine».
Liberté des parents face aux idéologies en milieu scolaire
Et le Pape d’exhorter à protéger le droit des parents d'élever et d'éduquer leurs enfants en toute liberté, sans être contraints, dans quelque domaine que ce soit, et en particulier dans l'environnement scolaire, d'accepter des programmes éducatifs qui sont en contradiction avec leurs croyances et leurs valeurs. «Il s'agit d'un très grand défi à l'heure actuelle», note-t-il, assurant aux familles que l’Église marche à leurs côtés.
Le Pape a enfin rappelé la mise en place du «Pacte éducatif mondial» depuis 2019 et la création concomitante d’un «Pacte pour la famille» entre les acteurs culturels, académiques, institutionnels et pastoraux, pour mettre au centre la famille et ses relations: homme-femme, parents-enfants, liens fraternels. Le tout, pour surmonter certaines fractures qui affaiblissent actuellement les processus éducatifs: la fracture entre l'éducation et la transcendance, la fracture dans les relations interpersonnelles, la fracture qui éloigne la société de la famille, créant des inégalités et de nouvelles pauvretés.
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