Relever le défi d’une créativité responsable de l’homme
Xavier Sartre – Cité du Vatican
«Comment comprendre ce qui qualifie l’être humain»: voilà l’interrogation formulée par le Pape François aux membres de l’assemblée générale de l’Académie pontificale pour la Vie. Si elle n’a rien de nouveau, et fut maintes fois posée au fil des siècles, cette question devient «encore plus complexe» à cause des nouvelles technologies.
Le Saint-Père en veut pour preuve «la tentative de reproduire l’être humain avec des moyens et la logique de la technique». Pour lui, il ne s’agit ni plus ni moins de réduire l’humain «à un agrégat de prestations reproduisibles à partir d’un langage numérique qui prétend exprimer, à travers des codes numériques, tout type d’information».
Cette tentative d’avoir «un langage unique» est inscrite dans l’histoire humaine, concède le Pape, en faisant référence à la tour de Babel. L’intervention de Dieu doit être comprise comme «une tentative de corriger la dérive vers une “pensée unique” à travers la multiplicité des langues. Les êtres humains sont ainsi mis face à la limite et à la vulnérabilité, et rappelés au respect de l’altérité et à l'attention réciproque», explique-t-il.
La tentation insidieuse de se sentir créateur
Les progrès techniques poussent les hommes à se sentir «protagonistes d’un acte créateur», semblables à Dieu. On peut voir cela dans les «machines parlantes», prend pour exemple François. L’homme pourrait-il insuffler l’esprit dans la matière inanimée? C’est une tentation «insidieuse», juge le Saint-Père, qui conclut qu’il faut «discerner comment la créativité de l’homme confié à lui-même peut s’exercer de manière responsable» afin «d’empêcher que l’humain soit défiguré et que soient annulées les différences constitutives qui mettent en ordre le cosmos».
Le débat est donc au niveau anthropologique, estime l’évêque de Rome, et ce défi requiert de «développer une culture qui, en intégrant les ressources de la science et de la technique, soit capable de reconnaitre et de promouvoir l’humain dans sa spécificité irrépétible».
Réfléchir via le dialogue
Pour débattre de ce thème exigeant, le Pape encourage les académiciens à suivre la voie du dialogue qui va «au-delà de la juxtaposition des savoirs, lançant une réélaboration des connaissances à travers l’écoute mutuelle et la réflexion critique». Il s’agit là d’une manière de procéder qualifiée de «synodale» par François, qui rappelle que «pour qui s’engage dans un renouvellement de la pensée sérieux et évangélique, il est indispensable de mettre aussi en question des opinions acquises et des hypothèses non examinées de manière critique».
De ce point de vue-là, le christianisme, ajoute le Pape, a apporté de notables contributions en reprenant les traditions de sens que l’on trouve inscrites dans chaque culture dans lequel il s’est inséré.
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