Le Pape demande aux juges argentins de laisser Jésus guider leurs efforts
Deborah Castellano Lubov – Cité du Vatican
«Nous vivons une époque de profonde injustice: quelques riches deviennent de plus en plus puissants et des millions de pauvres sont rejetés et mis à l'écart. Il n'y a ni avenir, ni développement, ni justice, ni démocratie dans un monde où des millions d'enfants ne mangent que les déchets de ceux qui consomment». Ce rappel brutal était au cœur du message vidéo que le Pape François a envoyé mercredi 28 février au Comité panaméricain des juges pour les droits sociaux et la doctrine franciscaine (COPAJU).
Le COPAJU
L'organisation de magistrats, dont les premiers locaux étaient à Buenos Aires, s’est depuis 2017 développée dans toute l’Argentine. En juin 2019, à la demande du Pape, le COPAJU a été formellement créé au Vatican, et ce avec la participation de 120 magistrats des Amériques, dans le cadre d'une réunion qui s'est tenue au sein de l'Académie pontificale des sciences sociales dans la Casina Pio IV du Vatican. Depuis lors, le COPAJU a accompli un travail prolifique visant à la protection et à la promotion des droits sociaux à l’aide de la magistrature, en mettant l'accent sur les secteurs sociaux délaissés. Il a créé des sections nationales en Argentine, au Chili, en Colombie, au Pérou, au Brésil, au Mexique, aux États-Unis et au Paraguay, et continue de se développer.
Le rôle crucial des magistrats
Le Pape François a adressé un message à l'organisation à l'occasion de l'ouverture de son nouveau siège à Buenos Aires et de la première antenne de l'Institut Fray Bartolomé de las Casas en Amérique latine. Dans son message, le Pape a déclaré que la mission des acteurs de la justice, notamment les avocats, les juges, les procureurs et les défenseurs, «est fondamentale et cruciale», en particulier pour la sauvegarde des droits et le maintien de l'harmonie sociale.
Droits sociaux et justice
«Les droits sociaux ne sont pas gratuits», a déclaré le Pape. «La richesse nécessaire pour les soutenir existe, a-t-il reconnu, mais elle exige des décisions politiques adéquates, rationnelles et justes». «L'État, aujourd'hui plus important que jamais, a-t-il insisté, est appelé à exercer ce rôle central de redistribution et de justice sociale». Le Saint-Père a souligné le rôle indispensable des juges dans la mise en œuvre et l'application des règles, et a mis en garde contre les réalités qui nuisent aux individus. Le «dieu» du marché et la «déesse» du profit «sont de fausses divinités» qui, a-t-il insisté, l'histoire l'a révélé, «nous conduisent à la déshumanisation et à la destruction de la planète».
Se remettre en question
«La parole de Jésus, sur laquelle se fonde la doctrine sociale de l'Église, a souligné le Pape, est une voie sûre et lumineuse pour s'engager correctement dans le droit». Rappelant aux juges leurs responsabilités éthiques et morales, il a déclaré: «S'il vous plaît, chaque jour devant le miroir, remettez-vous en question et remettez les autres en question».
Fermeté et action face à la déshumanisation
Le Pape a exhorté les magistrats à œuvrer pour des sociétés justes et dignes, et a souligné qu’un bon juge ne peut fermer les yeux sur la souffrance d'autrui. François a conclu en appelant les juges à faire preuve de fermeté et à agir face à des «modèles déshumanisants et violents», et en les invitant à poursuivre leurs efforts quotidiens en faveur de la paix. «La paix, a-t-il dit, est une construction quotidienne, et vous êtes des ouvriers de la paix».
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