Pour le Pape, l’eucharistie est la pierre angulaire des séminaires
Delphine Allaire – Cité du Vatican
La veille de la prise de possession du cardinal José Cobo Cano, archevêque de Madrid, de son titre cardinalice en la paroisse romaine Sainte-Marie-de-Montserrat-des-Espagnols, le Pape a reçu au Vatican les séminaristes de la capitale espagnole venus avec le cardinal de 58 ans. «Don José», comme l’appelle le Pape, est accompagné selon François «de son trésor le plus précieux», son séminaire.
Jésus-pédagogue
Dans un discours remis, le successeur de Pierre est revenu sur le séminaire comme lieu de rêve pastoral. «En réalité, si nous voulons faire l'Église, le Corps du Christ, c'est facile parce que, comme Dieu l'a dit à Moïse, il suffit de fixer sur le modèle que nous avons vu sur la montagne (cf. Ex 26, 30), le Christ transfiguré présent dans l'Eucharistie», a assuré François.
Le Pape a cité une phrase de l’évêque de Malaga et de Palencia au début du XXe siècle, saint Manuel González, connu comme l’apôtre des tabernacles abandonnés, (1877-1940) et auteur de l’ouvrage Un sueño pastoral-Un rêve pastoral): il voulait «un séminaire dans lequel l'Eucharistie serait: dans l'ordre pédagogique, le stimulant le plus efficace; dans l'ordre scientifique, le premier professeur et le premier sujet; dans l'ordre disciplinaire, l'inspecteur le plus vigilant; dans l'ordre ascétique, le modèle le plus vivant; dans l'ordre économique, la grande providence; et dans l'ordre architectural, la pierre angulaire». Pour François, l’adoration permet de relier tous ces points plaçant Dieu au centre, pour qu'il soit le fondement, le plan et l'architecte, la pierre angulaire.
Selon le saint espagnol canonisé par le Pape en 2016, Jésus est notre pédagogue, patient, sévère, doux et ferme selon ce dont nous avons besoin dans notre discernement, parce qu'il nous connaît mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes, et qu'il nous attend, nous encourage et nous soutient tout au long de notre cheminement. «Il est notre plus grand stimulant, parce que nous avons consacré notre vie à le suivre», a ajouté le Souverain pontife, rappelant la grande leçon donnée par Dieu qu’est l'humanité, le fait qu'il se soit fait chair, terre, homme, humus pour nous, par amour. Et dans ce domaine, il n'y a pas d'autre exemple que lui-même.
«Jésus présentera d'autres vertus et circonstances sous forme de paraboles, de comparaisons, de figues, de graines et d'orages, mais la grande leçon de sa vie, nous ne pouvons l'apprendre que de ceux qui sont "doux et humbles de cœur" (Matthieu 11:29).»
Eucharistie et ascèse
Pour la discipline, l’évêque de Rome conseille de «se confronter» à l'Eucharistie chaque matin -«l'inspecteur le plus vigilant»- car elle nous fait réfléchir «sur la futilité de nos idées mondaines, de nos désirs de s'élever, de paraître, de se distinguer». «Celui qui est immense se donne totalement lui-même et dans mes mains, avant de communiquer, il me demande: t'es-tu réconcilié avec ton frère? As-tu revêtu ton habit de fête? Es-tu prêt à entrer dans mon banquet éternel?»
Après le discernement, la connaissance et la vigilance, le Pape argentin s’est aussi arrêté sur l'ascèse: «Copier un modèle demande un effort, faire une œuvre d'art demande de l'inspiration, mais aussi du travail, Jésus ne s'est pas soustrait à tout cela. Il faut entrer dans le désert pour qu'Il puisse parler à notre cœur, si celui-ci est rempli de mondanités, de choses, aussi " religieuses " soient-elles, Dieu n'y trouvera pas sa place, et nous ne l'entendrons pas lorsqu'Il frappera à notre porte». Le silence, la prière, le jeûne, la pénitence, l'ascèse sont nécessaires pour libérer de ce qui asservit et être complètement de Dieu, a-t-il conclu.
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