Le Pape invite les fidèles à se laisser purifier par Dieu, qui pardonne tout, toujours
Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican
Remis de la grippe qui l'a affaibli ces derniers jours, le Pape s’est rendu ce vendredi après-midi dans une paroisse de l’ouest de Rome, à dix minutes du Vatican, pour célébrer la 11e édition des «24 heures pour le Seigneur», l'initiative de prière au cours de laquelle l'évêque de Rome administre -et par le passé a reçu- le sacrement de la réconciliation à l'occasion du Carême. L'image, toujours évocatrice, du Pape qui, dans un coin, assis sur une chaise, confesse un groupe de fidèles -hommes et femmes- caractérise ce rendez-vous désormais traditionnel.
Arrivé en voiture, le Pape a été accueilli, dans le quartier populaire Aurelio, par les paroissiens de l’Église Saint-Pie-V ainsi que par des membres de la communauté catholique syro-malabare qui s'y retrouvent souvent pour des célébrations. François a pris le temps de saluer les présents, un homme en fauteuil roulant, une mère et son nouveau-né, des dizaines d’enfants et le curé don Donato Le Pera. Il fut applaudi à son entrée dans l’Église. Revêtu d’une étole violette, il a ouvert la célébration pénitentielle. Sa voix, encore rauque, ne l’a pas empêché de prononcer lui-même l’homélie, improvisant de longs passages et impliquant l’assemblée des fidèles.
La réflexion du Pape porte sur le concept de «vie nouvelle» qui est le thème de cette 11e édition des «24 heures pour le Seigneur». Une vie nouvelle qui est le don du sacrement de la réconciliation: «Le sacrement de la guérison et de la joie», souligne le Saint-Père. Une vie nouvelle donnée par le Christ qui enlève avec le pardon «tout ce qui est vieux» et «les choses laides» qui habitent l'âme de chaque personne. «La lèpre du péché a taché notre beauté», a affirmé François, qui propose une prière -presque une litanie- à élever vers le ciel: «Jésus, si tu veux, tu peux me purifier!»
Les motifs sont nombreux: «Parce que je pense que je n'ai pas besoin de toi chaque jour (…)De vivre en paix avec ma duplicité, sans chercher dans ton pardon le chemin de la liberté (…)Quand les bonnes intentions ne sont pas suivies d'actes (…) quand je remets à plus tard la prière et la rencontre avec toi. Jésus, si tu le veux, tu peux me purifier!» Et le Pape d’insister sur cette demande de purification qui est également à formuler «Quand je m'accommode du mal, de la malhonnêteté, du mensonge, quand je juge les autres, les méprise et entretiens des commérages sur eux, en récriminant sur tout et sur tous». Renouvelés par Jésus, dit-il, nous pouvons revenir pour «marcher dans une vie nouvelle».
Car, jour après jour, plongés dans un rythme répétitif, happés par mille choses, étourdis par tant de messages, «nous cherchons partout la satisfaction et la nouveauté, les stimuli et les sensations positives, dit François, mais nous oublions qu'une vie nouvelle coule déjà en nous et que, comme la braise sous la cendre, elle attend de s'embraser et de tout éclairer».
Les cendres, dit le Pape, «se sont déposées sur le cœur» et «cachent la beauté à la vue de notre âme». Alors Dieu, qui est Père, apparaît comme un maître et au lieu de l'aimer, nous le craignons. «Et les autres, au lieu d'être des frères et des sœurs, des enfants du même Père, nous apparaissent comme des obstacles et des adversaires», une mauvaise habitude que déplore le Souverain pontife. «Les défauts de notre prochain semblent exagérés et ses vertus cachées; combien de fois sommes-nous inflexibles avec les autres et indulgents avec nous-mêmes», poursuit-il. Ainsi, il arrive de ne plus être capables de bien voir, même en soi-même. Conséquence: «nous sentons une force irrésistible qui nous pousse à faire le mal que nous voudrions éviter».
Ainsi, nous avons besoin d'un «nouveau panneau indicateur», «d’un changement de rythme» pour retrouver la beauté originelle. Comment? En suivant la voie du pardon de Dieu.
«Mettez ceci dans votre esprit et dans votre cœur: Dieu ne se lasse pas de pardonner. Avez-vous compris cela? Pouvez-vous le répéter avec moi? Ensemble, tous... Dieu ne se lasse pas de pardonner. Quel est le drame? C'est nous qui nous fatiguons de demander pardon!», lance François. Or Lui ne se lasse pas de pardonner, et son pardon nous nettoie de l’intérieur assure-t-il. Dieu, poursuit le Pape, «nous veut renouvelés, libres et légers à l'intérieur, heureux et en chemin, non accostés sur les routes de la vie». Et «il sait combien il est facile pour nous de trébucher, de tomber et de rester à terre, mais il veut nous relever. Ne l'attristons pas, ne remettons pas à plus tard la rencontre avec son pardon...»
D'où un dernier appel: «remettons le pardon de Dieu au centre de l'Église!» Un appel également adressé aux confesseurs, ses «chers frères». Il les invite à se sentir comme «des dispensateurs de la joie du Père qui retrouve le fils égaré (…) que nos mains posées sur la tête des fidèles soient percées par la miséricorde de Dieu». François les appelle à ne pas être trop exigeant avec les fidèles et à pardonner, tout et toujours.
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