François: le chemin synodal, une écoute «ouverte et vulnérable»
Pape François
Chers frères, je vous remercie d'avoir partagé ce livre avec moi avant sa publication. D'après ce que vous nous dites dans l'introduction, à propos de sa genèse, je vois qu'Óscar a su arracher son co-auteur au monde de l'économie, dans lequel nous l'avions enfermé, pour le ramener à des thèmes plus spirituels. Il est beau qu'un livre sur la conversation dans l'Esprit soit né de la conversation spirituelle entre ses auteurs.
Bien que le livre traite principalement de la conversation dans l'Esprit, qui est la méthodologie adoptée dans le chemin synodal, j'apprécie que vous ne vous soyez pas arrêté à la méthode et à son fonctionnement. Je vois avec satisfaction que vous fournissez au lecteur suffisamment de références historiques pour qu'il saisisse la profondeur de cette méthode et tout ce qu'elle met en jeu pour devenir vraiment une expérience d'écoute de l'Esprit. Rappelez-vous que la méthode synodale est une expérience spirituelle, dans laquelle la parole et l'écoute visent à faire de l'Esprit Saint le véritable protagoniste. La lecture du livre montre clairement que le chemin synodal que nous avons entrepris en tant qu'Église, constitue une expérience spirituelle personnelle, communautaire et ecclésiale, et qu'il nécessite donc le travail personnel de chacun dans sa propre intériorité.
L'idée de la conversation comme étant «le déversement dans un canal commun» mérite des développements futurs. En effet, cette conception de la conversation permet à différents points de vue d'enrichir ce fil conducteur. Une plus grande dose de conversation dans la vie de la cité et dans celle de l'Église nous ferait beaucoup de bien. Dans la conversation dans l'Esprit, nous trouvons un chemin collaboratif orienté vers la communion et le renouvellement de la mission, qui encourage la participation de tous et accueille dans la communion et l'unité la grande diversité que nous sommes tous.
La conversation dans l'Esprit, le discernement et la synodalité consistent avant tout à écouter. Le chemin synodal entrepris par l'Église est un chemin d'écoute en profondeur. L'attitude que vous suggérez, celle d'une «écoute ouverte et vulnérable», est fondamentale et vraiment nécessaire, car elle permet à l'Esprit de nous mouvoir et de nous faire changer, de nous faire choisir et de nous conduire à des décisions concrètes. Si chacun reste retranché dans les positions qu'il a adoptées précédemment, il n'y aura pas de véritable conversation, pas de véritable écoute de l'Esprit. Il ne pourra rien apprendre ou comprendre des autres et aura peur de toute décision qui implique un changement. Car ce n'est que lorsque nous nous écoutons vraiment les uns les autres que nous nous enrichissons et que nous approfondissons la communion et la mission.
Le chapitre sur les dispositions intérieures m'a paru particulièrement essentiel. Comme je l'ai dit plus d'une fois, notre intention n'est pas de convoquer un parlement ni même de faire un sondage d'opinion. Nous voulons marcher ensemble, comme des sœurs et des frères, à l'écoute de l'Esprit Saint. C'est lui le véritable protagoniste du synode. L'écoute de l'Esprit exige une certaine attitude intérieure. La conversation dans l'Esprit, le discernement et la synodalité, ne peuvent avoir lieu que si nous essayons de nous vider de nous-mêmes pour nous remplir de l'Esprit, si notre liberté se détache des amarres matérielles, idéologiques et affectives, afin de permettre à l'Esprit de nous guider plus efficacement; si nous cultivons en nous des attitudes d'humilité, d'hospitalité et d'accueil, et si nous bannissons en même temps l'autosuffisance et l'autoréférentialité. Ce n'est qu'ainsi que notre communion et notre mission pourront être renforcées.
Vous consacrez le dernier chapitre à la manière concrète de mener l'entretien dans l'Esprit. Vous expliquez la méthode, la manière de la mener, les aspects qui requièrent une attention particulière. Ce chapitre ne doit pas être lu comme s'il était le point culminant du livre. Toute méthode est un moyen et non une fin. L'Instrumentum laboris fait également référence à la nécessité d'adapter la méthode à diverses situations, afin qu'elle soit réellement utile. L'importance des chapitres précédents consiste précisément à permettre une bonne préparation et application de la méthode.
L'Instrumentum laboris soulignait la nécessité d'une formation à la conversation dans l'Esprit. Il me semble que le livre que vous avez présenté fournit des matériaux utiles à cette fin. Je vous remercie beaucoup pour votre engagement et je suis sûr qu'il sera d'une grande aide dans de nombreux milieux ecclésiaux.
Que Jésus vous bénisse et que la Vierge vous protège, et s’il vous plaît, n'oubliez pas de prier pour moi.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici