Une future sainte italienne et deux martyrs espagnols bientôt bienheureux
Alessandro De Carolis – Cité du Vatican
La vocation d’une femme déterminée à la suivre au-delà des obstacles imposés par sa famille, le courage de deux autres Espagnols qui, pendant la guerre civile, n'ont pas renié l'Évangile devant le canon d'un fusil, et les capacités de médiation d'une femme consacrée représentent les parcours de quatre nouveaux témoins de la foi mis en lumière dans les décrets approuvés samedi 13 avril par le Pape lors de l'audience avec le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour la Cause des Saints.
Elena Guerra, bientôt sainte
Le premier témoignage est celui d'Elena Guerra. La future sainte est né en 1835 à Lucques en Toscane, où elle termina également sa vie en 1914. Elle naquit dans une famille noble qui l'éduqua aux valeurs chrétiennes et, dès l'âge de vingt ans, elle se montra sensible à la vie en communauté. Elle donne vie d'abord au «Giardinetto di Maria», puis aux «Amicizie spirituali», deux formes d'agrégation de femmes laïques qui permettent aux jeunes femmes de bénéficier d'une aide spirituelle réciproque. Lors d'une visite à Rome avec son père, elle est émue par la vue de Pie IX et décide de se consacrer. Sa famille s’y oppose, mais Elena Guerra n'abandonne pas et fonde en 1882 les Oblates du Saint-Esprit.
Les dernières années de la vie de la bienheureuse furent marquées par des malentendus avec certaines sœurs, qui l'accusaient de mauvaise gestion, à tel point qu'Elena, âgée et malade, décida de se retirer de la Congrégation et de quitter ses fonctions de supérieure. Jean XXIII la proclame bienheureuse en 1959.
Les martyrs d'Espagne
D'Espagne émergent les parcours de deux autres hommes, futurs bienheureux, qui pendant la guerre civile espagnole, comme tant d'autres, ont défié la haine antichrétienne et la férocité persécutrice des milices républicaines avec une constance dans la foi. Il s'agit d'un prêtre diocésain, Gaetano Clausellas Ballvé, né en 1863, originaire de Sabadell, et d'un laïc, père de famille, Antonio Tort Reixachs, né en 1895 près de Barcelone. Tous deux ont été tués en 1936.
Le premier, aumônier d'une maison de retraite, est arrêté par des miliciens le 14 août 1936 et abattu d'une balle dans le dos le lendemain à l'aube. Le laïc, père de onze enfants, très dévoué à l'Eucharistie et à la Vierge, sera déclaré «coupable» d'avoir donné refuge à des religieux dans sa maison. Dans la nuit du 3 au 4 décembre 1936, Antonio Tort Reixachs est pris d'assaut par des hommes armés, qui saccagent sa maison, dégradent les images sacrées, le torturent dans un couvent transformé en prison, puis l'abattent près du cimetière de Montcada.
La bienheureuse Elisa Martinez
Les décrets approuvés par le Pape reconnaissent également les vertus héroïques de la Servante de Dieu Teresa Lanfranco (née Annunziata Addolorata), venant de Gallipoli dans les Pouilles et décédée en 1989 à Rome, à l’âge de 69 ans. Son éducation, imprégnée de valeurs chrétiennes, la prépare pour sa rencontre décisive en 1937 avec la bienheureuse Elisa Martinez, fondatrice d’un institut de vie religieuse consacré à l'apostolat paroissial et à la formation des jeunes filles.
Teresa rejoint la communauté de Botrugno, dans la région de Lecce, et devient dès lors une fidèle collaboratrice de la fondatrice. Après la Seconde Guerre mondiale, la religieuse se rend avec son noviciat à la Maison générale de Rome. Au sein de la communauté, elle accomplit un travail de pacification et de médiation jusqu’à ce que dans les années 1960, l'Institut connaisse une grave crise interne, due à la rébellion de certaines sœurs.
En 1987, la bienheureuse Elisa Martinez quitte le poste de supérieure générale pour des raisons de santé, mais Teresa, bien que choisie à sa place, n'accepta pas, préférant rester vicaire de la nouvelle élue. Outre la Vierge, elle était liée par une dévotion particulière à saint Joseph, qu'elle considérait comme le saint de la Providence et à qui elle se confiait constamment.
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