Le Pape aux jésuites: l’éducation est «un travail de semailles et de patience»
Myriam Sandouno – Cité du Vatican
Fondée en 1540 par saint Ignace de Loyola, la Compagnie de Jésus comprend aujourd’hui près de 17 000 membres dans le monde entier. Les jésuites sont engagés dans diverses missions parmis lesquelles l’éducation, de l’école primaire aux universités; la pastorale de la jeunesse; et l’engagement pour la justice sociale et le développement.
Au début de la fondation de la Compagnie, «il est vrai que saint Ignace et ses premiers compagnons ne considéraient pas l'importance des écoles», reconnaît le Pape dans son discours, lors de son audience avec la Commission Internationale pour l'Apostolat de l'Éducation jésuite. Mais, «il est tout aussi vrai qu'ils ont rapidement réalisé leur immense potentiel d'évangélisation et qu'ils l'ont adopté avec enthousiasme et dévouement».
Les écoles jésuites
La Compagnie de Jésus reste investie dans l’éducation et l’enseignement supérieur. Au milieu du XVIe siècle, des jésuites à Rome ont été à l’origine du modèle éducatif de l’enseignement secondaire tel qu’il fonctionne aujourd’hui dans la plupart des pays du monde. Il ne fait aucun doute pour le Souverain pontife, que les écoles jésuites ont fait en sorte que le message de l'Évangile continue d'être entendu par les nouvelles générations, accompagné de la rigueur académique et intellectuelle qui les caractérise. Mais le centre, fait-il comprendre, «a été et doit continuer à être Jésus», celui qui a éduqué ses disciples. Et «la meilleure façon d'éduquer est de donner l'exemple, en modelant en nous ce que nous désirons chez nos élèves. C'est ainsi que Jésus a éduqué ses disciples». François rappelle que «nous sommes donc appelés à éduquer dans nos écoles».
L’invitation à veiller à ce que «les éducateurs de nos écoles» comprennent existentiellement cet appel important, est mise en relief dans ce discours du Pape aux jésuites venus le rencontrer. François invite ensuite à mettre la personne au centre, ce qui signifie aussi «mettre les éducateurs au centre de l'éducation, en leur offrant une préparation et un accompagnement qui les aideront également à découvrir leur potentiel, et l’appel profond à accompagner les autres». Puis d'exhorter à «nous décentrer de nous-mêmes pour percevoir les autres, en particulier ceux qui sont en marge de nos sociétés et qui non seulement ont besoin de notre aide», mais «qui ont aussi beaucoup à nous apprendre et à nous offrir». Pour lui, «nous gagnons tous à accueillir les plus pauvres et les plus démunis d'entre nous». L’évêque de Rome conseille de passer de la culture du «je» à la culture du «nous», où l'éducation de qualité se définit par ses résultats humanisants et non par ses résultats économiques.
La relation avec Dieu
En effet, sans une véritable relation des éducateurs avec le Seigneur, rien d'autre n'est possible, note-t-il. Les jeunes ne pourront faire l'expérience du mystère libérateur et salvifique de Jésus, que s'ils voient chez leurs éducateurs -y compris les pères de famille, premiers éducateurs dans les familles- cette relation avec Dieu et le profond respect des autres et de la création. Pour eux, «nos collèges doivent aussi être des éducateurs d'éducateurs, des enseignants d'enseignants».
La patience dans l’éducation
Éduquer «est un travail de semailles» et, comme mentionné dans les Saintes écritures, souvent «nous semons au milieu des larmes pour récolter au milieu des chants» (cf. Ps 126, 5). En fin de ce discours remis à ses hôtes, le Pape souligne que «l'éducation est un travail de longue haleine, de patience, où les résultats sont parfois incertains. Même Jésus n'a pas eu de bons résultats avec les disciples au début, mais il a été patient, et il continue à être patient avec nous pour nous enseigner qu'éduquer, c'est attendre, persévérer, et persévérer avec amour».
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