Pour le Pape, la réparation chrétienne doit toucher le cœur de la personne offensée
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
«Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que l’ingratitude». Les paroles de Jésus à sainte Marguerite-Marie Alacoque en juin 1674 sont au cœur du colloque «Réparer l’irréparable» qui se tient à Rome jusqu’au 5 mai, à l’occasion du Jubilé pour les 350 ans des apparitions de Jésus à Paray-le-Monial. Le Pape François a reçu les 130 participants à ce colloque en salle Clémentine du Palais apostolique, samedi 4 mai.
La réparation et le sacrifice de la croix
Dans son discours, le Saint-Père a d’abord rappelé la dimension sociale de la réparation dans l’Ancien Testament: «Il s’agissait un acte de justice visant à sauvegarder la vie sociale», inspiré de la loi du talion. En revanche, dans le Nouveau Testament, la réparation prend une dimension spirituelle et «se manifeste pleinement dans le sacrifice de la Croix», a-t-il expliqué.
À l’instar du colloque, qui consacre deux demies-journées d’études à la réparation des personnes victimes d’abus au sein de l’Église, le Pape s’est indigné: «Combien de larmes coulent encore sur les joues de Dieu alors que notre monde connaît nombre d’abus contre la dignité de la personne, y compris au sein du Peuple de Dieu».
«La complète réparation semble parfois impossible»
Sur le titre de la rencontre, «Réparer l’irréparable», François invite à l’espérance de la guérison pour toutes les blessures. «La complète réparation semble parfois impossible, lorsque des biens, des êtres chers, sont définitivement perdus ou lorsque des situations sont devenues irréversibles», a-t-il expliqué. Pour entrer dans une démarche de réconciliation et de retour à la paix du cœur, «l’intention de réparer et d’en poser concrètement les actes est capitale».
Le Saint-Père s'est concentré sur les deux attitudes indispensables afin qu’une réparation ne soit pas un simple acte de justice commutative, mais soit véritablement chrétienne et touche le cœur de la personne offensée.
«L’amour peut toujours renaître»
D’abord, se reconnaître fautif: «Toute réparation, humaine ou spirituelle, commence par une reconnaissance de son propre péché», a expliqué François, pour qui, «c’est de cette reconnaissance du tort causé au frère que nait le désir de réparer».
Ensuite, demander pardon: «Demander pardon rouvre le dialogue et manifeste la volonté de renouer dans la charité fraternelle», a soutenu François, reprenant l’image de la parabole du fils prodigue (Lc 15, 21).
Renouveler la pratique de la réparation au Sacré-Cœur
En conclusion, le Souverain pontife a encouragé les participants au colloque à «renouveler et approfondir le sens de cette belle pratique de la réparation au Sacré Cœur de Jésus» dont il s’est désolé qu’elle soit «un peu oubliée ou jugée à tort désuète».
Le colloque se poursuivra dans l’après-midi du samedi 4 mai avec l’écoute de trois personnes victimes et conclura ses travaux ce dimanche. Le jubilé des 350 ans des apparitions de Jésus à Paray-le-Monial se clôturera en juin 2025.
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