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Le Pape a reçu les participants à la rencontre des Académies pontificales des Sciences et des Sciences sociales, en salle Clémentine du Palais apostolique, le 16 mai 2024. Le Pape a reçu les participants à la rencontre des Académies pontificales des Sciences et des Sciences sociales, en salle Clémentine du Palais apostolique, le 16 mai 2024.  (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

Le Pape prône la résilience climatique dans l’équité et la justice sociale

Le Pape a reçu les 200 participants à la rencontre promue par l’Académie pontificale des Sciences et des sciences sociales, consacrée au thème suivant: «De la crise climatique à la résilience climatique», jeudi 16 mai 2024. François a rappelé combien la destruction de la Terre est une offense à Dieu et la nécessité d'œuvrer ainsi à une culture et une approche naturellement intégrale de la vie.

En salle Clémentine du Palais apostolique, l’évêque de Rome a d’emblée salué l’effort des deux Académies pontificales pour avoir produit un document universel de résilience. Il a souligné combien les personnes les plus pauvres, qui ont très peu à voir avec les émissions polluantes, doivent bénéficier d'un soutien et d'une protection accrus. «Ce sont des victimes», a martelé François.

Développement humain durable

La question posée par le Pape est la suivante: «Œuvrons-nous en faveur d'une culture de la vie ou d'une culture de la mort?» «Vous avez répondu que nous devons être attentifs au cri de la terre, écouter l'appel des pauvres, soyez sensibles aux espoirs des jeunes et aux rêves des enfants! Nous avons la lourde responsabilité de veiller à ce qu'ils ne soient pas privés d'avenir», a-t-il poursuivi, rappelant combien le changement climatique est «une question sociale globale et intimement liée à la dignité de la vie humaine» (Laudate Deum, 3).

Selon lui, les défis sont systémiques, distincts mais interconnectés: le changement climatique, la perte de biodiversité, la dégradation de l'environnement, les inégalités mondiales, l'insécurité alimentaire sont une menace pour la dignité des populations concernées.

 

L'asymétrie des responsabilités entre riches et pauvres

S'ils ne sont pas traités collectivement et de toute urgence, ces problèmes constituent des menaces existentielles pour l'humanité, les autres êtres vivants et tous les écosystèmes, a prévenu François, déplorant que les pauvres de la planète soient ceux qui souffrent le plus, alors qu'ils contribuent le moins au problème. À l’inverse, «les nations les plus riches, soit un milliard de personnes, produisent plus de la moitié des polluants qui retiennent la chaleur», a déclaré le Souverain pontife.

Et le Pape de citer quelques chiffres: les trois milliards de personnes les plus pauvres contribuent pour moins de 10 %, mais supportent 75% des pertes qui en résultent. Les 46 pays les moins avancés -pour la plupart africains- ne représentent que 1% [1,1%] des émissions mondiales de CO2 [monoxyde de carbone]. En revanche, les pays du G20 sont responsables de 80% de ces émissions.

S’appuyant sur les recherches du groupe, le Pape relève que les femmes et les enfants portent un fardeau disproportionné. «Les femmes n'ont souvent pas le même accès aux ressources que les hommes, et le fait de s'occuper du foyer et des enfants peut entraver leur capacité à migrer en cas de catastrophe», assure l’évêque de Rome, reconnaissant que les femmes sont aussi de puissants agents de résilience et d'adaptation face aux changements du climat. Les enfants pour leur part sont près d'un milliard à résider dans des pays confrontés à un risque extrêmement élevé de dévastation liée au climat.

En cause, la poursuite vorace de gains immédiats

«Le refus d'agir rapidement pour protéger les plus vulnérables exposés au changement climatique d'origine humaine est une faute grave», a ajouté François, ciblant la transformation «du progrès ordonné» en «poursuite vorace de gains à court terme par les industries polluantes et par la désinformation», qui génère la confusion et entrave les efforts collectifs pour inverser le cours des choses.

«Défendre la dignité et les droits des migrants climatiques, c'est affirmer le caractère sacré de toute vie humaine et honorer le mandat divin de garde et de protection de la maison commune», a expliqué le Pape, proposant quelques solutions. D’abord, l’approche universelle ainsi qu’une action rapide et décisive sont nécessaires pour provoquer des changements et des décisions politiques. Deuxièmement, estime François, il faut inverser la courbe du réchauffement, en cherchant à réduire de moitié le taux de réchauffement en l'espace d'un quart de siècle. Dans le même temps, le Pape assure que nous devons viser une décarbonation globale, en éliminant la dépendance aux combustibles fossiles. Troisièmement, de grandes quantités de dioxyde de carbone doivent être éliminées de l'atmosphère, grâce à une gestion environnementale s'étendant sur plusieurs générations. «Il s'agit d'un travail de longue haleine, mais aussi d'une vision à long terme. Dans cette entreprise, la nature est notre fidèle alliée, elle met à notre disposition ses forces, ses forces régénératrices», a-t-il affirmé, citant les bassins de l'Amazone et du Congo, les tourbières et les mangroves, les océans, les récifs coralliens, les terres agricoles et les calottes glaciaires, pour leur contribution à la réduction des émissions mondiales de carbone. Une approche holistique en sommet permet de lutter contre le changement climatique et de s'attaquer à la double crise de la perte de biodiversité et de l'inégalité en nourrissant les écosystèmes qui entretiennent la vie.

Une symphonie de coopération et de solidarité mondiales

«La crise climatique exige une symphonie de coopération et de solidarité mondiales. Le travail doit être symphonique, harmonieux, tous ensemble. Grâce à la réduction des émissions, à l'éducation au mode de vie, au financement innovant et à l'utilisation de solutions naturelles consolidées, nous renforçons la résilience, en particulier la résilience à la sécheresse», a estimé François, appelant de ses vœux «une nouvelle architecture financière pour répondre aux besoins des pays du Sud et des États insulaires gravement touchés par les catastrophes climatiques».

Concrètement, cela concerne la restructuration et l'allègement de la dette, ainsi que l'élaboration d'une nouvelle charte financière mondiale d'ici 2025, reconnaissant une sorte de «dette écologique»;«Il faut travailler sur ce mot: dette écologique», plaide le Pape.

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16 mai 2024, 11:52