Le Pape aux syro-malabars: «là où il y a désobéissance, il y a schisme»
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
Il s’agissait du premier voyage à Rome de Mgr Raphael Thattil depuis son élection comme archevêque majeur d'Ernakulam-Angamaly. L’Église syro-malabare, qui compte environ trois millions de fidèles majoritairement implantés en Inde, dispose d'une certaine autonomie au sein de l’Église catholique.
«Là où est l’obéissance, il y a l’Église»
Le Pape est revenu sur le conflit qui semble se résorber au sein de l’Église syro-malabare, depuis l’élection de Mgr Raphael Thattil. Sans entrer sur le fond du problème autour d’une réforme liturgique touchant au sens de la célébration de la messe, qu’il a qualifié de «détail», François a rappelé l’importance de l’unité et de la communion au sein de l’Église catholique. Alors que certains protestataires avaient troublé la célébration d’une messe, le chef suprême de l’Église a estimé que «manquer gravement de respect au Saint Sacrement […] est incompatible avec la foi chrétienne».
Devant les 150 pèlerins réunis dans la salle du Consistoire au Vatican, dont des représentants de la communauté syro-malabare de Rome, le Souverain pontife a fustigé les prêtres et laïcs engagés dans la lutte contre la décision du Synode des évêques syro-malabars sur cette question liturgique. Il leur a reproché de succomber au piège de l’auto-référentialité «qui conduit à ne sentir d'autre raison que la sienne». Pour lui, le diable se cache dans la division: «le diviseur, s'insinue, contrariant le désir le plus profond que le Seigneur a exprimé avant de s'immoler pour nous: que nous, ses disciples, soyons "un" (Jn 17,2)».
Préserver l'unité
Le Pape a remercié les fidèles présents à Rome et les a encouragés à préserver l’unité car «en dehors de Pierre, en dehors de l'archevêque majeur, il n'y a pas d’Église». En décembre 2023, François avait déjà appelé les contestataires à la raison dans un vidéo-message. Il a assuré que «préserver l'unité n'est pas une pieuse exhortation, mais un devoir, surtout lorsqu'il s'agit de prêtres qui ont promis l'obéissance et dont le peuple croyant attend l'exemple de la charité et de la tendresse».
À l’image de la parabole du fils prodigue (Luc 15, 11-32), le Saint-Père a enjoint son auditoire à attendre les réfractaires avec «les portes et les cœurs ouverts pour que, une fois repentis, ils n'aient pas de difficulté à entrer».
Une Église florissante
Le Saint-Père s’est appuyé sur la résilience dans l’histoire de l’Église syro-malabare. En effet, fondée au premier siècle de notre ère par l’apôtre saint Thomas, elle est contrainte à rejoindre l’Église catholique au début du XVIIe siècle, dans le contexte de la colonisation portugaise. «Vous avez dû relever de nombreux défis au cours de votre longue histoire mouvementée, qui a également vu, par le passé, des frères dans la foi commettre des actes malveillants à votre encontre, insensibles aux particularités de votre Église florissante», a ainsi fait remarquer le Saint-Père, saluant leur fidélité au Successeur de Pierre.
Le Pape a également rappelé la richesse des diverses traditions religieuses au sein de l’Église catholique et a exhorté les fidèles à cultiver leur patrimoine liturgique, théologique, spirituel et culturel.
«Frères et sœurs, n'éteignons pas l'espérance»
Le Souverain pontife a aussi voulu adresser un message d’espérance aux fidèles réunis devant lui ce lundi, en portant leurs regards vers les périphéries et vers les plus pauvres.
«Pensons à ceux qui souffrent et attendent des signes d'espérance et de consolation. Je sais que la vie de nombreux chrétiens en de nombreux endroits est difficile, mais la différence chrétienne consiste à répondre au mal par le bien, à travailler sans relâche avec tous les croyants pour le bien de tous les peuples», a souligné le Pape.
À la suite de saint Thomas, pris de stupeur lorsqu’il a contemplé les plaies de Jésus, «cultivons cet émerveillement de la foi, qui nous permet de surmonter tous les obstacles», a-t-il demandé.
Juridiction sur les migrants
L’Église syro-malabare est principalement présente en Inde, notamment dans l'État du Kerala, que le Pape a qualifié de «mine de vocations». Mais elle s'est implantée partout dans le monde, grâce notamment aux fidèles qui ont émigré. François a d’ailleurs confié à la juridiction de Mgr Thattil tous les fidèles syro-malabars qui se trouvent aujourd’hui au Moyen-Orient.
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