Le 28 janvier 2018, après sa restauration, l'icône de la Salus Populi Romani est réinstallée à Sainte-Marie-Majeure. Elle fut placée dans la nef de la basilique dès 1256, avant d'être déplacée en 1613 dans la chapelle Pauline construite pour elle par Paul V. Le 28 janvier 2018, après sa restauration, l'icône de la Salus Populi Romani est réinstallée à Sainte-Marie-Majeure. Elle fut placée dans la nef de la basilique dès 1256, avant d'être déplacée en 1613 dans la chapelle Pauline construite pour elle par Paul V.   (AFP or licensors)

Le Pape appelle les Romains à construire autour d'eux une paix véritable

Le Pape François fait mémoire ce mardi 4 juin de la supplique adressée par les fidèles de Rome et leur pasteur le Pape Pie XII, à Marie Salus Populi Romani, pour que la Vierge sauve leur ville de combats opposant les troupes Nazis à celles des alliés. 80 ans plus tard, il exhorte les Romains à renouveler leur engagement à construire la paix. Alors que la guerre fait rage en divers points du globe, «on ne peut et on ne doit céder à la logique des armes», rappelle François.

Marie Duhamel – Cité du Vatican

Le 13 décembre dernier, le Pape révélait vouloir être enterré dans la basilique romaine Sainte-Marie-majeure. François n’a jamais manqué de manifester son attachement à la Salus Populi Romani: avant et après chaque voyage, il vient prier devant cette icône mariale vénérée par les Romains depuis des siècles. Il n’est ainsi pas étonnant que l’évêque de Rome se dise ce mardi «spirituellement uni» à la communauté diocésaine qui célèbre pour la première fois la mémoire liturgique de Sainte Marie Salus Populi Romani, et se souvient de la supplique adressée à la Mère de Dieu il y a exactement 80 ans.

Quand Rome fut sauvée

Le 4 juin 1944, des milliers de fidèles convergeaient vers l’église Saint-Ignace, en plein centre de Rome pour prier devant l’icône de la Salus Populi Romani, demandant l’intercession de la Vierge afin qu’elle sauve Rome de «l'affrontement frontal» qui était sur le point d’advenir entre l'armée allemande et les alliés anglo-américains. Le soir-même, à 19h, les alliés faisaient leur entrée dans la ville sans la moindre résistance des troupes allemandes. Le lendemain, place Saint-Pierre, Pie XII exprimait l’«indicible gratitude» avec laquelle les fidèles vénèrent la Mère de Dieu «qui a ajouté au titre et à la gloire du Salus Populi Romani une nouvelle preuve de sa bonté maternelle».

Dans sa lettre, le Pape François juge peu «étonnant» que le peuple romain ait souhaité se confier à nouveau à Maria Salus Populi Romani alors que «l'Urbe vivait le cauchemar de la dévastation nazie». Il rappelle combien «les événements marquants de la vie religieuse et civile de Rome se sont répercutés devant cette image». La dévotion des Romains pour l’icône conservée dans la basilique depuis le 13ème siècle est en effet pluriséculaire: ils se tournaient vers elle pour formuler des supplications et des invocations, en particulier lors de pestes, de catastrophes naturelles et de guerres, souligne l’évêque de Rome.

Le sang continue de couler

Alors que le diocèse de Rome fait mémoire de la prière des Romains à la Vierge, le Pape estime que le souvenir de cet événement «si riche de sens» est l'occasion d'une prière pour ceux qui ont perdu la vie au cours de la Seconde Guerre mondiale mais aussi «d'une méditation renouvelée sur l'immense fléau de la guerre». Trop de conflits dans différentes parties du monde sont encore ouverts, déplore le Pape. Il tourne ses pensées vers l'Ukraine, la Palestine et Israël, le Soudan ou la Birmanie, «où les armes continuent de s'entrechoquer et où le sang humain continue de couler». Ces drames touchent d'innombrables victimes innocentes, et le Pape de lancer que leurs «cris de terreur et de souffrance interpellent la conscience de tous: nous ne pouvons et ne devons pas céder à la logique des armes.»

La paix, un don qui doit trouver des cœurs disposés à l’accueillir

François évoque la question lancée en 1965 par Paul VI à la tribune de l’Onu. Vingt ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, son prédécesseur se demandait si le monde parviendrait «à changer la mentalité particulariste et guerrière qui a tissé jusqu'à présent une grande partie de son histoire». Elle reste sans réponse et incite chacun à travailler concrètement pour la paix en Europe et dans le monde, estime le Pape. «La paix est un don de Dieu, qui doit aussi trouver aujourd'hui des cœurs disposés à l'accueillir et à travailler pour être des bâtisseurs de réconciliation et des témoins de l'espérance».

Et François s’adresse dans sa lettre en particulier aux Romains. Il souhaite que les commémorations en cours ravivent leur volonté d'être partout des bâtisseurs de paix véritable, «en relançant la fraternité comme condition essentielle pour recomposer les conflits et les hostilités». Il rappelle que peut être bâtisseur de paix «celui qui la possède en lui et qui, avec courage et douceur, s'engage à créer des liens, à établir des relations entre les personnes, à apaiser les tensions dans la famille, au travail, à l'école, entre amis». Celui-ci réalise la béatitude évangélique: «Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu» (Mt 5, 9).

Prière à la Vierge

Le Pape conclut sa lettre par une supplique adressée à Marie «Médiatrice de la grâce, toujours vigilante et attentive à tous ses enfants», afin qu’elle obtienne le don de la concorde et de la paix à toute l'humanité. Il confie à l'intercession maternelle de Marie Salus Populi Romani tous les habitants de Rome, «en particulier les personnes âgées, les malades, les personnes seules et les personnes en difficulté», afin qu’elle fortifie la foi, l'espérance et la charité, pour faire rayonner dans le monde l'amour et la miséricorde de Dieu. 


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04 juin 2024, 18:30