Luthériens et catholiques, des pèlerins de l'espérance
Marie Duhamel - Cité du Vatican
«Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint» (Rm 15,13). C’est avec ces paroles de saint Paul que le Pape a accueilli au Vatican les délégués régionaux, la secrétaire générale et le nouveau président de la Fédération luthérienne mondiale, Mgr Henrik Stubkjær. «Que le Dieu de l’espérance bénisse notre rencontre, souligne François, nous qui sommes tous des pèlerins de l'espérance, comme le dit aussi la devise de l'Année Sainte 2025».
Célébrer Nicée
Le Pape s’est réjoui ce jeudi matin de leur venue perçue comme «un important geste de fraternité œcuménique» et qui fut pour lui l’occasion de revenir sur le chemin parcouru depuis le concile de Nicée dont les 1700 ans seront justement célébrées en pleine Année jubilaire.
Comment célébrer le premier concile œcuménique de l'histoire qui rassembla en 325 quelque 300 évêques venus de toutes les provinces de l'Empire romain? La question fut déjà posée il y a trois ans lors de la précédente venue de la délégation luthérienne et fut en partie solutionnée l’an dernier, résume François. À Cracovie, le 19 septembre dernier, la secrétaire générale de la Fédération et le préfet du dicastère pour la Promotion de l’unité des chrétiens soulignèrent dans une déclaration commune que «l'ancien credo chrétien de Nicée crée un lien œcuménique qui a son centre dans le Christ». Ce fut «un beau signe d'espérance» confirme le Pape.
L’histoire d’une réconciliation
Le Souverain pontife note d’ailleurs combien l’espérance occupe une place particulière dans l'histoire de la réconciliation entre catholiques et luthériens. Avant même la fin du Concile Vatican II, souligne-t-il, les chrétiens catholiques et luthériens des États-Unis d'Amérique affirmaient déjà ensemble à Baltimore que «Le credo selon lequel notre Seigneur Jésus-Christ est le Fils, Dieu venu de Dieu, continue à nous assurer que nous sommes vraiment rachetés; car seul celui qui est Dieu peut nous racheter» (The Status of the Nicene Creed as Dogma of the Church, 7 juillet 1965).
25 ans de la docrine de la justification
Il y eu ensuite la signature le 31 octobre 1999 à Augsbourg de la «Déclaration commune sur la doctrine de la justification», dans laquelle luthériens et catholiques ont formulé comme objectif commun de «confesser en toutes choses le Christ, le seul en qui nous pouvons placer toute notre confiance, puisqu'il est l'unique médiateur (cf. 1 Tm 2,5-6) par lequel Dieu, dans l'Esprit Saint, se donne et répand ses dons qui renouvellent tout» (n° 18). 25 ans plus tard, le Pape souhaite que ce document soit conservé comme «quelque chose de toujours vivant dans nos mémoire» et que son anniversaire l’an prochain soit «une célébration de l’espoir», pour se rappeler encore du credo de Nicée: un seul baptême pour le pardon des péchés, notre «origine spirituelle commune» dit François.
Avant la récitation du Notre-Père, chacun dans sa langue, à l’invitation du Pape, ce dernier a évoqué un trait d’humour de Mgr Zizioulas, pionnier orthodoxe de l'œcuménisme, qui avait l’habitude de dire qu'il connaissait la date de l'union des chrétiens: le jour du Jugement dernier, un jour "hyper-œcuménique".
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