Le Pape invite les chefs d'entreprises à accuellir les pauvres et les jeunes

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

Dans son discours à un groupe de PDG de grandes entreprises et de banques, mais aussi de collaborateurs venus le rencontrer, le Pape s’est tout d’abord exprimé sur «les fonctions que vous êtes appelés à remplir», et qui «sont de plus en plus décisives dans la vie non seulement économique, mais aussi sociale et politique».

Pouvoir économique et pouvoir politique

Les grandes entreprises étant des entités qui impactent la dynamique des relations internationales, a-t-il souligné, «vous vous retrouvez donc à prendre des décisions qui ont un impact sur des milliers et des milliers de travailleurs et d'investisseurs, et de plus en plus à l'échelle mondiale». «Le pouvoir économique, a fait remarquer le Pape, est intimement lié au pouvoir politique». Ces grandes entreprises conditionnent le destin des gouvernements, les politiques publiques nationales et internationales et la durabilité du développement, au-delà des choix de consommation, d'épargne et de production, a noté le Souverain pontife.

Il a invité pour ce faire à une prise de conscience et au discernement pour pouvoir assumer pleinement la responsabilité des effets, directs et indirects, de leurs différents choix. Trois défis ont ensuite été évoqués par François: la protection de l'environnement, la protection des pauvres et la protection des jeunes.

L’environnement

Tout d'abord, «je vous invite à placer l'environnement et la terre au centre de votre attention et de votre responsabilité», a dit le Pape à ses hôtes. Pour lui, l'innovation de l'entrepreneur d'aujourd'hui doit être avant tout une innovation dans la prise en charge de la maison commune. En cette période de «crise environnementale grave», «il faut innover en anticipant l'avenir, avec des choix courageux et clairvoyants qui peuvent être imités»

Une photo du Pape avec les participants à l'audience

La protection des pauvres

Dans son discours, François s’est également arrêté sur la situation des pauvres et des exclus. Invitant à ne pas les oublier, l’évêque de Rome a suggéré d'inclure les pauvres dans les entreprises, de faire en sorte qu'ils deviennent des ressources au service de l'intérêt commun. Un défi «possible». Il a fait part de son «rêve d'un monde où les laissés-pour-compte peuvent devenir des protagonistes du changement - mais je pense qu'un certain Jésus y est déjà parvenu, n'est-ce pas?», a-t-il interrogé.

L'emploi des jeunes

Parlant ensuite de la jeunesse, François a également invité à les «accueillir», à être généreux, «même lorsqu’ils n'ont pas d’expérience et les compétences requises, car tout métier ne s'apprend qu'en travaillant». Recevoir ces jeunes «dans vos entreprises», c’est pour le Pape François, leur «donner un avant-goût de l'avenir afin que toute une génération ne perde pas espoir».

Les jeunes font souvent partie des pauvres de cette époque, a-t-il souligné: pauvres en ressources, en opportunités et en avenir. «Chers amis, vous avez une grande et belle responsabilité. Que le Seigneur vous aide à l'utiliser et à faire des choix courageux, au bénéfice de l'environnement, des pauvres et des jeunes. Ce sera l'investissement le plus fructueux, y compris sur le plan économique». Concluant ainsi, le Pape a également remercié ses invités «pour ce que vous faites déjà», tout en les encourageant à «continuer à être des pionniers».

Ces entrepreneurs, administrateurs de sociétés et d'entreprises, employés de banques, venus du monde entier et reçus aujourd’hui par le Pape François, sont membres du réseau Sustainable Markets Initiative qui cherche à vivre les principes de l'encyclique Laudato si'. Un projet lancé en 2020 par le roi Charles III, alors prince de Galles, lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos. L'objectif de cette initiative est de rassembler les meilleures organisations de l'industrie et des services financiers pour atteindre les objectifs mondiaux en matière de climat, de biodiversité et de développement durable, et de le faire en collaboration avec les gouvernements.