Le cardinal Pietro Parolin à l'université pontificale Urbanienne, jeudi 20 juin 2024. Le cardinal Pietro Parolin à l'université pontificale Urbanienne, jeudi 20 juin 2024.  (© Teresa Tseng Kuang Yi))

Parolin: s'il y avait une ouverture, le Pape se rendrait immédiatement en Chine

Le secrétaire d'Etat était à l'Université Urbanienne pour la présentation d’un ouvrage dédié au cardinal Costantini, premier délégué apostolique dans le pays asiatique, un pont de dialogue entre l'Orient et l'Occident. Le cardinal est revenu sur le dialogue avec Pékin: «Nous essayons de trouver les meilleures procédures également pour l'application de l'accord signé à l'époque, et qui sera renouvelé à la fin de cette année. Nous espérons que ce chemin mènera à des conclusions positives».

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

Le moment semble prématuré, mais «s'il y avait une ouverture de la part des Chinois, le Pape se rendrait immédiatement» en Chine, un pays envers lequel il a toujours montré une grande appréciation et une grande estime pour son peuple, son histoire et sa culture. Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État, a réitéré le désir -non dissimulé- du Pape François de se rendre un jour dans ce grand et «noble» pays asiatique. Le cardinal s'est exprimé jeudi 20 juin, à l'Université pontificale Urbanienne lors de la présentation de l'ouvrage «Le cardinal Celso Costantini et la Chine – Constructeur de pont entre l’Orient et l’Occident», édité par l'historien Mgr Bruno Fabio Pighin et publié par Marcianum Press.

Un mois après la conférence organisée à l'Urbanienne pour le 100e anniversaire du Concilium Sinense, dont le cardinal Costantini lui-même a été l'inspirateur, le promoteur et l'organisateur, le secrétaire d’Etat évoque à nouveau la figure du premier délégué apostolique en Chine qui a jeté les bases d'un dialogue dont on peut considérer que l'un des fruits – des décennies plus tard- est la signature de l'Accord avec le Saint-Siège sur les nominations d'évêques, signé pour la première fois en 2018, puis renouvelé à deux reprises en 2020 et en 2022.

L'accord sur les nominations d'évêques sera renouvelé

C'est précisément cet accord qu’a mentionné le cardinal Parolin lors du bref entretien avec les journalistes en marge de la présentation: «Avec la Chine, nous dialoguons comme nous le faisons depuis un certain temps, nous essayons de trouver les meilleures procédures également pour l'application de l'accord signé à l'époque et qui sera renouvelé à la fin de cette année», déclare-t-il en réponse aux questions des journalistes.

Le discours du cardinal Parolin à l'Urbaniana (photo © Teresa Tseng Kuang Yi)
Le discours du cardinal Parolin à l'Urbaniana (photo © Teresa Tseng Kuang Yi)

L'estime du Pape pour le peuple chinois

Mercredi 19 juin, à la fin de l'audience générale, le Pape François a profité pour saluer l'association des "Amis du cardinal Celso Costantini", et adresser un salut «au cher peuple chinois». «Nous prions toujours pour ce noble peuple, si courageux, qui a une si belle culture», a déclaré François.

Le Pape, a commenté hier Pietro Parolin, «apprécie grandement le peuple chinois et la nation chinoise, et ne manque pas une occasion de l'exprimer. C'est peut-être parce qu'il est jésuite, et qu'il a donc tout l'héritage du passé... Il s'agit certainement d'étapes qui aident à se comprendre de plus en plus, à se rapprocher de plus en plus, espérons que ce chemin puisse mener à une conclusion positive».

Un éventuel voyage du Pape en Chine

Interrogé sur un éventuel voyage pontifical -le premier d'un Souverain pontife- en Chine, le cardinal répond avec prudence. «Le Pape est certainement disposé à se rendre en Chine, il souhaite même s'y rendre. Il ne me semble pas que les conditions soient réunies pour que ce souhait du Pape se réalise».

La présentation de l'ouvrage dédié au cardinal Costantini à l'Université pontificale Urbanienne
La présentation de l'ouvrage dédié au cardinal Costantini à l'Université pontificale Urbanienne

«La Chine nous tient à cœur»

Le cardinal Parolin a ensuite réitéré son amour pour la Chine dans son discours prononcé dans l'auditorium de l’université. «Nous aimons et admirons la Chine, son peuple, sa culture, ses traditions, l'effort qu'elle fait actuellement.», a-t-il déclaré. «La Chine est vraiment proche de nos cœurs, proche des cœurs du Pape François et de ses collaborateurs».

Le secrétaire d’État a ensuite esquissé un portrait du cardinal Costantini, rappelant des anecdotes (comme lorsque le délégué apostolique est allé voir Pie XII en 1946 pour demander que le nom d'un évêque chinois soit inclus dans le Consistoire créant 32 nouveaux cardinaux, parmi lesquels figurait son nom) et louant ses efforts, actions et sacrifices pour «répandre la lumière de l'Évangile en Chine» et, par-dessus tout, promouvoir une Église inculturée. C'est le cardinal Costantini qui a insisté sur la tenue d'un Concilium Sinense à Shanghai en 1924, qui a été une inspiration prophétique pour le Concile Vatican II et qui a jeté les bases d'une Église chinoise composée de 23 évêques en 1963, malgré l'opposition de nombreux instituts missionnaires en Chine. «Ces évêques ont tracé la ligne de succession apostolique des évêques actuels», a déclaré le cardinal Parolin.

La méthode Costantini

La «méthode Costantini» dans les relations entre le Saint-Siège et le plus grand État d'Asie est aujourd'hui «la direction également suivie par le Pape François», a déclaré le secrétaire d'État. Une ligne qui a trouvé des traces dans la Lettre aux catholiques chinois de Benoît XVI en 2007 et qui s'est concrétisée avec l'Accord «provisoire» signé à Pékin en 2018 pour les nominations d'évêques. Où «le qualificatif de provisoire, souligne le cardinal, indique qu'il s'agit d'un point de départ. Confirmé à deux reprises ces dernières années, il a trouvé une mise en œuvre importante dans des cas concrets».

«Les développements positifs enregistrés jusqu'à présent nous donnent l'espoir que d'autres, plus nombreux et plus importants, suivront», a ajouté le secrétaire d’État. «Grâce à cet accord, tous les évêques du pays de Confucius sont en pleine communion avec l'Église de Pierre». Le cardinal a ensuite exprimé l'espoir que «le dialogue et le processus initié par les catholiques chinois pour favoriser une plus grande concorde sous la direction de leurs pasteurs, se poursuivent».


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21 juin 2024, 15:18