Douleur du Pape après la destruction de l’hôpital pédiatrique de Kiev
Marie Duhamel - Vatican News
Les drapeaux sont en berne ce mardi à Kiev, un jour de deuil a été décrété dans la capitale ukrainienne, cible de plusieurs vagues de bombardements hier. Des immeubles d’habitation, une clinique privée et le plus grand hôpital pédiatrique du pays ont été visés.
Le Saint-Père a appris «avec une profonde douleur» la nouvelle des attaques contre deux centres médicaux à Kiev. Un communiqué de la Salle de presse du Saint-Siège rapporte que François, «profondément choqué par l'escalade de la violence», exprime «sa sympathie pour les victimes et les blessés innocents». Le Pape «espère et prie pour que soient rapidement identifiées des manières concrètes» permettant de mettre un terme au conflit en cours.
Le choc du nonce à Kiev
Une femme médecin et un visiteur ont été tués lors de l’attaque contre l’hôpital pour enfants d’Okhmatdyt, le plus réputé d'Ukraine. Le prestigieux établissement, construit grâce à des contributions de l'Italie, de la Suède ou de l'Autriche, est situé près du centre-ville, à seulement 700 mètres de la nonciature.
Quand il a entendu les sirènes d’alarme résonner, le représentant du Saint-Siège dans le pays s’est demandé sur quoi les missiles allaient s’abattre. «Il n'y a que des maisons, des magasins et l'hôpital pour enfants dans notre quartier». S’il est soulagé que les consignes de sécurité aient été respectées et que les enfants hospitalisés aient tous été emmenés dans des abris souterrains pendant l'alerte aérienne -aucun n’a été blessé, Mgr Kulbokas est sous le choc.
Comment peut-on délibérément cibler des enfants qui, de surcroit, ont besoin d'un traitement contre le cancer ou d'une greffe de foie ou d'un autre organe, s’interroge-t-il. «Lorsque les plus petits des plus petits sont touchés, les plus faibles des faibles, chacun d'entre nous se pose la question: comment cela se fait-il? Comment se fait-il que certains continuent à donner des explications à la guerre, comme si elle pouvait être justifiée?» Au micro de la rédaction ukrainienne de Radio Vatican, le nonce affirme ne pas comprendre comment «ces consciences» continuent à agir de la sorte.
La stupéfaction fut d’autant plus forte à la nonciature que l’hôpital fait partie de leur quotidien: «nos collaborateurs locaux, même les religieuses, allaient donner du sang aux enfants, car en temps de guerre, il y a une pénurie de sang, même pour les enfants».
Un tir direct
Quant à l’origine de l’attaque, la Russie met en cause la défense aérienne ukrainienne, tandis que, à l’appui de vidéos et après l’inspection des lieux par des experts militaires onusiens, la représentante du Haut-Commissariat des droits de l’Homme de l’Onu en Ukraine juge «fort probable» que l’hôpital ait été touché par un tir direct de missile russe KH 101, un missile de croisière air-sol armée de plusieurs centaines de kilos d’explosif.
Mgr Kulbokas va dans le sens des déclarations onusiennes. Après avoir entendu des témoins oculaires et visionné des enregistrements, le nonce parle de «missile de croisière, qui n'a pas été intercepté par la défense aérienne, arrivant intact et frappant le service de dialyse de l'hôpital pour enfants».
La frappe qui a dévasté l’hôpital, a été suivie d’une épaisse fumée, rapporte le prélat, «car chaque missile transporte une grande quantité de carburant très toxique et âcre». Il fut ainsi difficile d'approcher pour les équipes de secours, et de commencer à déblayer les décombres. Les opérations ont permis ce mardi après-midi à l’ensemble des petits patients d'être transférés vers d’autres établissements médicaux, a expliqué le président ukrainien.
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