Le Pape demande «vérité et justice» dans l'explosion du port de Beyrouth
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Ils sont une trentaine à avoir quitté le Liban pour Rome. Chacun a une histoire percutée par l'explosion du port du Beyrouth le 4 août 2020 qui a fait 235 morts et 6500 blessés. Accompagnées par le nonce apostolique au Liban Mgr Paolo Borgia, ces familles ont été reçues ce lundi 26 août par le Pape François dans la salle du Consistoire du palais apostolique. D'emblée le Saint-Père a fait part de «son émotion» de pouvoir vivre cette rencontre. «J’ai tant prié pour vous et pour vos proches, et je prie encore, unissant mes larmes aux vôtres», a-t-il confié.
«Le Père céleste connaît leurs visages», a dit le Pape après avoir fait mémoire des proches disparus dans la catastrophe, «du Ciel, ils voient vos peines et prient pour qu’elles cessent».
Quatre années sans réponse
C'est ensuite un discours plus incisif que l'évêque de Rome a tenu devant ces familles, évoquant la quête de justice des Beyrouthins. L'enquête sur l'explosion du port piétine en effet et de nombreux Libanais ont demandé, sans succès jusqu'ici, que la justice internationale puisse s'en saisir. «Avec vous, je demande la vérité et la justice», a ainsi confié François, «nous savons tous que la question est compliquée et épineuse, et que des pouvoirs et des intérêts contradictoires pèsent sur elle. Mais la vérité et la justice doivent prévaloir sur tout».
Comme il l'a déjà fait à plusieurs reprises, le Pape a ainsi voulu montrer qu'il se tenait aux côtés des Libanais dans leur soif de vérité et demande que les élites du pays rendent des comptes. «Vous en premier, avez droit à des paroles et à des actes qui font preuve de responsabilité et de transparence» a-t-il avoué aux familles.
Le Liban doit rester un projet de paix
François a ensuite élargi son discours en invoquant la paix au pays du Cèdre tout entier, une nouvelle fois prisonnier des guerres régionales. «Avec vous, je ressens la douleur de voir encore tant d’innocents mourir chaque jour à cause de la guerre dans votre région, en Palestine et en Israël, et le Liban en paie le prix», a-t-il confié.
Le Pape a ainsi imploré «la paix du Ciel que les hommes s’efforcent de construire sur la terre. Je l’implore pour le Moyen-Orient et pour le Liban. Le Liban est, et doit rester, un projet de paix». Rappelant combien la vocation du Liban est d'être une terre où cohabitent les communautés, le Souverain pontife a adressé un dernier message de proximité à ces familles endeuillées: «Vous n’êtes pas seules et nous ne vous laisserons pas seules, mais nous vous resterons solidaires par la prière et la charité concrète».
François a enfin confié ses hôtes à la protection de la Vierge Marie, Notre-Dame de Harissa dont le sanctuaire domine Beyrouth, afin «qu'elle veille toujours sur vous et sur le peuple libanais». Après leur rencontre avec le Pape, les familles libanaises se sont entretenues avec le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège, qui a célébré la messe avec eux.
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