En Asie-Océanie, le Pape à la rencontre d'une mosaïque de cultures et religions

Delphine Allaire – Cité du Vatican

Le Souverain pontife argentin a déjà visité 60 pays du globe à l’occasion de 44 voyages, dont le dernier en date fut sa participation, il y a près d’un an, aux Rencontres méditerranéennes de Marseille en France. François vient y rajouter 4 États contrastés d’Asie du Sud-Est et du Pacifique, déjà visités par ses prédécesseurs: l’Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Timor oriental et Singapour. Paul VI s’est en effet rendu à Jakarta en 1970 et Jean-Paul II est allé dans chacun d’entre eux, parfois même à deux reprises. Des terres aujourd’hui toutes sièges cardinalices où ont vécu de grands missionnaires catholiques comme saint François-Xavier ou plus récemment, des martyrs comme Peter To Rot, catéchiste laïc papou tué en 1945 à 33 ans par un médecin militaire japonais. Il sera béatifié cinquante ans plus tard lors de la venue du Pape polonais en 1995. Durant ce voyage, François présidera quatre messes, une dans chaque pays.

Minorité catholique et islam indonésien

Dans le 4e pays le plus peuplé du monde et le premier en nombre de musulmans qu’est l’Indonésie, la situation des 3% de catholiques et le dialogue interreligieux occuperont le Souverain pontife, la déclaration sur la fraternité humaine d’Abu Dhabi ayant trouvé grand écho dans le pays aux 17 000 îles dont la devise est «unité dans la diversité». Le document signé le 4 février 2019 a également été inclus dans la constitution du Timor oriental.

En Indonésie, lors de divers événements protocolaires et interreligieux, François sera accueilli par le président sortant Joko Widodo en poste jusqu’au 20 octobre prochain, le ministre des Affaires religieuses et le grand imam de la mosquée Istiqlal de Jakarta. Avec l’imam, le Pape devrait prononcer un salut près du tunnel de l’amitié reliant la plus grande mosquée du sud-est asiatique à la cathédrale catholique Notre-Dame de l’Assomption. Des représentants du Conseil musulman des Anciens (Muslim Council of Elders), avec lequel le Vatican a signé un accord en 2023, feront partie des interlocuteurs du Pape en Indonésie. Le Successeur de Pierre rencontrera également à Jakarta des malades, réfugiés et migrants à la nonciature apostolique, groupe accompagné par le Service jésuite pour les réfugiés (JRS) et la communauté Sant’Egidio.

Au cœur du Pacifique, la beauté de la Création

À 6 heures de vol de là, en pleine ceinture de feu du Pacifique, le Pape atteindra la Papouasie-Nouvelle-Guinée et ses 800 langues autochtones, pour évoquer, selon le Vatican, la paix, le développement économique et social, l’harmonie, ainsi que le soin à l'environnement en ce mois pour la Création qui commence. Jamais venu en Océanie jusqu’à présent, François devrait y rencontrer des évêques et des chefs d’États d’autres îles du Pacifique, le Saint-Siège suivant la région sur plusieurs questions comme celle de la culture synodale très prégnante sur place ou de la diplomatie du climat des petits États insulaires. Le Pape échangera avec des enfants des rues et des enfants handicapés aidés par les Sœurs de la Charité à la Caritas Technical Secondary School de Port Moresby, puis se rendra au moyen d’un avion militaire du gouvernement australien dans une ville côtière du nord du pays, Vanimo et ses plages blanches, à la rencontre des fidèles du diocèse et des missionnaires lors d’une rencontre privée.

La fragilité de la paix dans un monde en guerre

Au Timor oriental, pays du sud-est asiatique le moins peuplé mais le plus catholique du monde, le Pape viendra encourager à cultiver la paix là où elle a été difficilement acquise. La foi chrétienne et l’action de Jean-Paul II y ont joué un rôle décisif, notamment dans l’acquisition de l’indépendance, il y a 25 ans. À Dili, François prononcera tous ses discours en espagnol.

Enfin à Singapour, société complexe en mutation, le Pape saluera la contribution décisive des catholiques aux niveaux politique et éducatif. Le thème de la technologie et son éthique pourrait être abordé par le Pape à l’université de Singapour, a expliqué Matteo Bruni, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège. 50 000 fidèles devraient prendre part à la messe au stade national. Parmi eux, une délégation venue de Hong Kong. La cité-État aux dix religions officiellement reconnues fera l’objet de la deuxième rencontre interreligieuse du voyage le 13 septembre au Catholic Junior College. Durant cette étape singapourienne, le Pape résidera à la maison de repos Saint-François-Xavier, non à la nonciature comme dans les trois précédents États.

Le protocole sanitaire autour du Pape

Pour transmettre cette paix, proximité et espérance aux peuples d’Asie et d’Océanie, le Pape parcourra au total 40 000 kilomètres, survolant des pays comme la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, la Turquie, l’Iran, le Pakistan, l’Inde et la Malaisie. À bord de l’A330 papal d’ITA Airways, les cardinaux Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège, Luis Antonio Tagle, pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation, et Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la Communication, formeront, entre autres, la suite pontificale. La traditionnelle garde médicale rapprochée du Pape sera présente, composée d'un médecin et de deux infirmiers. Le taux d’humidité étant très fort dans ces pays, parfois de 92%, mais dont les températures avoisinent celle de Rome l’été, la santé de François sera surveillée de près. Ce voyage en Asie-Pacifique était prévu en 2020 mais la pandémie de Covid en a décidé autrement. François avait annulé à la dernière minute pour raisons de santé sa présence à la COP28 de Dubaï en novembre 2023, dernier déplacement international prévu à son agenda.