Le Pape invite la Garde des finances italienne à lutter contre la corruption
Myriam Sandouno – Cité du Vatican
«Dans la tradition, l'avenir»: telle est la devise du 250e anniversaire de la Garde des finances. «La tradition, c'est l'avenir», a ainsi déclaré le Pape François en début d’audience avec les militaires de la Garde des finances, la police douanière et financière italienne. S’appuyant sur cette devise, l’évêque de Rome est d’abord revenu sur les racines qui ont conduit à la fondation de la Garde des finances.
«Fondée comme un corps spécial de surveillance financière et de défense des frontières, elle a assumé les fonctions de police fiscale et économico-financière, de police maritime, avec une mission importante dans le domaine du sauvetage, tant en mer qu'en montagne». Un autre rappel historique de cet engagement est précisé par François: «l'aide apportée aux réfugiés juifs et aux persécutés pendant les deux grandes guerres mondiales».
Un collecteur d'impôts «à l'école de Jésus»
En cette fête de saint Matthieu, apôtre et évangéliste que l’Église catholique célèbre chaque 21 septembre, saint patron de la Garde des finances, le Pape n’a pas manqué de rappeler que l’apôtre avait été un «publicain», c'est-à-dire un «collecteur d'impôts, profession doublement méprisée à l'époque de Jésus, parce qu'inféodée au pouvoir impérial et parce que corrompue». Le jeune collecteur d'impôts est non seulement «passé de la logique du profit à celle de l'équité», mais, a-t-il ajouté, à «l'école de Jésus», il est entré en contact avec la «gratuité», entendue comme «dimension humaine», et a appris à connaître «le don de soi qui engendre la solidarité, le partage, l'inclusion». Avant de rencontrer le Christ, Matthieu «représentait une mentalité utilitaire et sans scrupules, vouée uniquement au “dieu argent”». Aujourd'hui encore, a souligné François, une logique similaire affecte la vie sociale, provoquant déséquilibre et marginalisation.
Lutter contre la corruption
Le Successeur de Pierre a appelé «à contribuer à la justice des relations économiques, en vérifiant le respect des règles qui régissent les activités des individus et des entreprises. Ainsi, vous veillez au devoir de chaque citoyen de contribuer de manière équitable aux besoins de l'État, sans favoriser les plus forts, et vous luttez contre l'utilisation inappropriée d'Internet et des réseaux sociaux». Tant «en ce qui concerne la perception des impôts, que dans la lutte contre le travail non déclaré et sous-payé -un scandale-, ou en tout cas nuisible à la dignité humaine, votre action est primordiale», a lancé le Pape à la Garde des finances italienne.
Il a ensuite invité ses hôtes à servir le bien commun, à être proche des citoyens, à lutter contre la corruption et à promouvoir la légalité. Le mot «corrompu», a expliqué le saint-Père, «rappelle le cœur brisé, le cœur taché par quelque chose, le cœur abîmé. [...] La corruption révèle une conduite antisociale si forte qu'elle dissout la validité des relations et des piliers sur lesquels une société est fondée».
«La réponse, a-t-il ajouté, l'alternative, ne réside donc pas dans les règles, mais dans un nouvel humanisme». Il faut donc «contribuer à l'émergence de ce nouvel humanisme par le travail que vous effectuez au service des jeunes qui demandent à intégrer le corps de la Garde des finances et qui fréquentent ses écoles». Ils «ne cherchent peut-être qu'un emploi au départ, mais ils trouvent ensuite une formation spécifique qui leur apporte non seulement les connaissances et l'expérience indispensables, mais qui devient aussi une éducation à la vie et au bien commun».
Le fléau de la drogue
Le Pape a remercié le corps d’armée pour l'accueil et le sauvetage des migrants en danger en Méditerranée; pour les interventions courageuses lors de catastrophes naturelles, en Italie et ailleurs. Mais, a-t-il demandé: «pensez aussi à la lutte contre le fléau du trafic de drogue, contre les marchands de mort. Votre service ne se limite pas à la protection des victimes, mais il consiste aussi à essayer d'aider à la renaissance de ceux qui font le mal: en effet, en agissant avec respect et intégrité morale, vous pouvez toucher les consciences, en montrant la possibilité d'une vie différente».
Pour terminer, le Souverain pontife a encouragé la Garde à poursuivre sa contribution au renforcement de la confiance et de l'espoir du peuple. «Ce peuple, c'est-à-dire nous tous», a-t-il conclu.
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