Luxembourg: François encourage une Église en ouverture
Marie Duhamel – Cité du Vatican
Une image, celle du Pape François remontant la nef et saisissant chaque main tendue, celles de personnes handicapées installées comme lui dans un fauteuil roulant. Après s’être adressé aux autorités et membres de la société civile luxembourgeoise ce jeudi matin, le Pape François est allé à la rencontre de la communauté catholique du pays qui l’attendait en la cathédrale Notre-Dame, construite par les jésuites aux XVIIe siècle avant de devenir le siège de l’archevêché. Et c’est le cardinal jésuite Jean-Claude Hollerich, archevêque de la ville, qui a accueilli François, lui présentant son Église qui avance «sur le chemin de la conversion synodale» pour être toujours davantage au service de Dieu et engagée dans le développement intégral. Ici, l’Église évolue dans une société sécularisée, avec ses souffrances et difficultés mais aussi ses chemins d’espérance, a expliqué le cardinal au Pape.
Les luxembourgeois, des catholiques aux cœurs ouverts
Face à l’assemblée, François a ensuite écouté trois témoignages: celui d’abord d’un jeune qui dit porter encore en lui, un an après les JMJ de Lisbonne, des «batteries remplies de l’amour et de la joie de Dieu». À son tour, la vice-présidente du conseil pastoral diocésain a exprimé sa gratitude pour le processus synodal en cours qui a «en de nombreux lieux ravivé dans les cœurs la flamme de la foi, de l’espérance et de l’amour», sans cacher cependant un certain «découragement» dans le «quotidien ecclésial». Enfin une religieuse représentant les nombreuses communautés linguistiques présentes dans le pays a évoqué le visage multiculturel de l’Église locale, «une diversité (qui) est un défi quotidien» mais qu’ils vivent comme «une richesse». «Avec vous, nous nous engageons pour une Église ouverte à tous, universelle et synodale qui appelle chacun à suivre le Christ». C’est en effet à une Église profondément renouvelée par les immigrés que le Saint-Père s’est adressé.
Un jubilé consacré à Marie Consolatrice des Affligés
Dans son intervention, François s’est arrêté sur trois mots: service, mission et joie; des mots permettant d’avancer alors que s’est ouvert ce soir en sa présence le Jubilé marial consacré à Marie Consolatrice des Affligés, patronne du Grand-Duché à qui le Pape a demandé de l’aider afin d’«être des missionnaires, prêts à témoigner de la joie de l’Évangile pour nous mettre au service de nos frères». Une rose en or a été placée ce soir face à la statue de la Vierge, déposée dans l’église en 1794.
Le service passe d’abord par l’accueil, dit François, car l’Esprit de l’Évangile «n’admet aucun type d’exclusion», d’où l’encouragement aux Luxembourgeois à rester fidèles à leur héritage, en maintenant leur esprit d’accueil et d’ouverture à tous, une «tradition séculaire». François leur demande de continuer à faire du Luxembourg une «maison d’amitié». C’est d’ailleurs, poursuit le Pape, «plus un devoir de justice que de charité», surtout pour que l’Évangile soit partagé, en Europe et dans le monde, «dans la parole de l’annonce et dans les signes de l’amour».
Service et mission
Concernant la mission -deuxième mot clé- le Pape se réjouit de l’approche de l’archevêque de Luxembourg qui indiquait combien, dans une société sécularisée, l’Église «évolue, mûrit, grandit», sans se replier sur elle-même «triste, résignée, rancunière». «Elle relève, dit François, le défi de se redécouvrir et de revaloriser de façon nouvelle les voies de l’évangélisation». Il salue le partage des responsabilités, des ministères, la capacité à marcher ensemble comme une communauté, «en faisant de la synodalité une manière durable d’être en relation entre ses membres», notamment pour protéger la maison commune dont nous sommes les gardiens et pas les despotes.
Le Pape invite à réfléchir sur la manière dont cette mission, vécue ensemble, constitue en elle-même «un merveilleux instrument choral pour dire à tous la beauté de l’Évangile». Il faut venir au Christ par attrait et non par prosélytisme, rappelle François citant son prédécesseur Benoît XVI. Ce qui pousse à la mission, ce n’est pas «le besoin de faire du nombre, mais le désir de faire connaitre au plus grand nombre la joie de la rencontre avec Jésus».
Annoncer dans la joie
Enfin, tout cela doit être mené dans la joie. «Notre foi est joyeuse dansante», s’est exclamé le Pape «parce qu’elle nous dit que nous sommes les enfants d’un Dieu ami de l’homme, qui nous veut heureux et unis, et ne peut être davantage réjoui que par notre salut». Et le Pape d’évoquer une tradition au Luxembourg, la procession de printemps qui rassemble dans la rue, en une même danse, les pèlerins et visiteurs, en mémoire de saint Willibrord qui évangélisa le pays.
Un don de 176 000 euros pour les plus pauvres
François a invité les fidèles à vivre leur foi dans la joie, à ne pas perdre leur capacité à pardonner car «tous nous en avons besoin», et à poursuivre leur aide généreuse aux plus nécessiteux. Le Pape a d’ailleurs décidé de laisser aux œuvres catholiques locales un don de 176 000 euros que les catholiques luxembourgeois avaient fait originellement à l’aumônerie apostolique, afin qu’elles continuent leur travail auprès des migrants, des plus pauvres, de ceux qui frappent ici à leur porte.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici