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François salue l'esprit de fraternité de la société indonésienne

Accueilli au palais présidentiel à Jakarta par quelques centaines d’enfants en tenue traditionnelle, le Pape François a prononcé son premier discours en Indonésie, devant le chef de l’État, les représentants de la société civile et le corps diplomatique.

Jean-Charles Putzolu - Cité du Vatican

Pour sa première prise de parole publique depuis son arrivée en Indonésie, François a choisi de saluer l’harmonie inscrite dans la constitution du pays. Citant le document de 1945, qui fait référence à la bénédiction de Dieu tout-puissant sur l’État indonésien et la justice sociale comme objectif à atteindre pour le bénéfice de l’ensemble de la population, le Pape a souligné combien ces aspects sont fondamentaux, et combien ils s’accordent avec la devise de ce voyage apostolique: “Foi, fraternité, compassion”.

En effet, l’esprit de fraternité est une composante singulière de la société indonésienne qui respecte les spécificités culturelles, ethniques, linguistiques et religieuses, et c’est certainement ce qui rend le peuple indonésien «uni et fier». La devise du pays le déclare: “Bhinneka tunggal ika” (Plusieurs, mais un). Le Pape pèlerin a observé que toutes ces différences spécifiques composent une «mosaïque magnifique dont chaque pièce est un élément irremplaçable»; une mosaïque harmonieuse dans laquelle «chaque groupe ethnique et chaque confession religieuse agissent dans un esprit de fraternité, en poursuivant le noble objectif de servir le bien de tous».

Cet équilibre «sage et délicat» permet de travailler ensemble, en synergie, pour trouver des solutions pour éviter «l’exaspération des contrastes». Il doit être continuellement défendu, a souligné François, qui a ajouté que l’action politique a la responsabilité primordiale d’œuvrer pour «l’harmonie, l’équité, le respect des droits fondamentaux de l’être humain, le développement durable, la solidarité et la recherche de la paix, tant au sein de la société qu’avec les autres peuples et nations».

Dialogue interreligieux et avec la société civile

Dans ce contexte, l’évêque de Rome a affirmé que «l’Église catholique souhaite renforcer le dialogue interreligieux», ainsi que «la collaboration avec les institutions publiques ou les autres acteurs de la société civile», poursuivant un double objectif: «contrecarrer l’extrémisme et l’intolérance» qui voudraient s’imposer, en déformant la religion, par «la supercherie et la violence»; et participer à «la formation d’un tissu social plus équilibré et d’assurer une distribution plus efficace et plus équitable de l’aide sociale».

L’Église est donc disponible pour contribuer au bien commun, s’opposant aux tendances qui «empêchent le développement de la fraternité». Le Successeur de Pierre a exposé les faits : «Dans diverses régions, on assiste à l’émergence de conflits violents, qui sont souvent le résultat d’un manque de respect mutuel, d’une volonté intolérante de faire prévaloir à tout prix ses intérêts, sa position ou son récit historique partiel, même si cela entraîne des souffrances infinies pour des communautés entières et débouche sur de véritables guerres sanglantes». Ce constat est aussi le fruit d’un manque d’engagement collectif, qui marginalise «une partie considérable de l’humanité». Le manque de moyens pour une existence digne, l’impuissance face aux déséquilibres sociaux sont source de graves conflits.

Contribuer à l'harmonie

«La paix est le fruit de la justice», a poursuivi François, et l’Église, qui construit des ponts de dialogue, est en mesure de contribuer à l’édification d’une société «juste et pacifique que tous les Indonésiens désirent pour eux-mêmes et qu’ils souhaitent transmettre à leurs enfants», a dit le Saint-Père reprenant un passage du discours de son prédécesseur Jean-Paul II à Jakarta le 9 octobre 1989. 

En conséquence, «la recherche de la bénédiction de Dieu», comme évoqué plus tôt citant la constitution indonésienne de 1945, est une saine quête d’équilibre entre ceux qui la croient «superflue», convaincus que l’être humain et la société civile «devraient être promus par leurs propres efforts», se heurtant «souvent à la frustration et à l’échec»; et ceux qui mettent continuellement la foi au premier plan, souvent pour manipuler et non pour servir, «construire la paix, la communion, le dialogue, le respect, la collaboration, la fraternité, mais pour fomenter des divisions et augmenter la haine».

Le Pape signe le livre d'or au palais présidentiel à Jakarta
Le Pape signe le livre d'or au palais présidentiel à Jakarta

L'accueil et le livre d'or

À son arrivée au palais présidentiel, François avait été accueilli par un groupe de 500 enfants en tenue traditionnelle pour certains, en uniforme pour d’autres, avant de s’entretenir en privé avec le président Joko Widodo. Au terme de cet échange, le Pape a inscrit cette phrase sur le livre d’or: «Immergé dans la beauté de cette terre, lieu de rencontre et de dialogue entre différentes cultures et religions, je souhaite au peuple indonésien de grandir dans la foi, la fraternité et la compassion. Que Dieu bénisse l'Indonésie!» 

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04 septembre 2024, 05:53