Recherche

Une marche en hommage aux juges anti-mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino en 2019 à Parlerme. Une marche en hommage aux juges anti-mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino en 2019 à Parlerme. 

Le Pape invite à la collaboration des États contre la mafia

Dans un message aux participants d'une conférence promue par l'organisation antimafia «Libera» et organisée à la Casina Pio IV au Vatican, François rappelle que le crime organisé «s'attaque au bien commun»: «le modèle italien est un bon exemple de la façon dont les produits du crime peuvent être utilisés pour réparer les dommages causés aux victimes et à la société», souligne t-il.

Tiziana Campisi - Cité du Vatican

Pour la communauté internationale, l'un des défis les plus importants est la lutte contre le crime organisé, qui menace la sécurité de tous les pays et la stabilité économique du monde. C'est pourquoi «les États, à travers leurs institutions, doivent non seulement enquêter», mais «coopérer entre eux pour identifier ses biens et les récupérer», et ce afin de «rendre impossible la poursuite des activités illégales». C'est ce qu'a écrit le Pape dans son message aux participants à la Conférence sur l'utilisation sociale des biens confisqués à la mafia qui se tient ces 19 et 20 septembre, au Vatican, dans la Casina Pio IV, à l'initiative de l'organisation antimafia Libera sur le thème «Associations, noms et chiffres contre les mafias», fondée par Don Luigi Ciotti.

La conférence a pour objectif de réfléchir, de partager des expériences et de donner une dimension globale à la stratégie d'utilisation sociale des biens récupérés à la criminalité organisée, et de favoriser son démantèlement, la reconstruction des liens sociaux, la réparation des dommages causés à la communauté et la prévention des délits à travers la réaffirmation de l'État de droit.

Dans son message, François souligne que «face à la blessure que la criminalité organisée transnationale implique pour la société», il faut «la volonté politique de s'attaquer à un problème mondial avec une réaction mondiale», comme l'avait souligné le secrétaire général des Nations unies de l'époque, Kofi Annan, lors de la convention des Nations unies à Palerme en 2000.

Ne pas oublier les victimes

«La criminalité organisée, qui prend la forme d'un groupe structuré qui se stabilise dans le temps et agit en commun pour commettre des crimes» afin d'obtenir des avantages matériels ou économiques, et qui a «un caractère transnational, englobant tous les grands trafics», s'attaque en pratique «au bien commun», au détriment de «millions d'hommes et de femmes qui ont le droit de vivre leur vie et d'élever leurs enfants dans la dignité, à l'abri de la faim et de la peur de la violence, de l'oppression ou de l'injustice», rappelle le Pape. La criminalité organisée profite également des personnes socialement marginalisées qui sont particulièrement vulnérables à ses activités. C'est pourquoi, pour le Souverain pontife, «il n'est ni possible ni tolérable d'oublier ces victimes» et ce n'est qu'en les gardant à l'esprit que «l'on peut comprendre les dommages causés par le crime organisé» et réfléchir à la manière de prendre en compte les aspects essentiels dans la résolution des conflits et la recherche de solutions pacifiques.

Le modèle italien sur l'utilisation des produits du crime

«Le modèle italien est un bon exemple de la façon dont les produits du crime peuvent être utilisés pour réparer les dommages causés aux victimes et à la société; comment ils peuvent servir à reconstruire le bien commun», écrit encore François, qui recommande également que les biens saisis dans le cadre de la criminalité organisée soient utilisés «pour réparer et reconstruire le bien commun», défini par la constitution conciliaire Gaudium et Spes comme «l'ensemble des conditions de la vie sociale qui permettent aux groupes et aux individus d'atteindre leur propre perfection».

Récupérer le bien de tous

Insistant sur le caractère indispensable d'une «approche intégrée de la lutte contre la criminalité» et sur le renforcement de la coopération internationale, le Pape invite également à «centrer les discussions de ces jours sur l'urgence de retrouver le bien de tous, car tous comptent et personne ne doit être écarté, et ce afin que le projet commun, au service de la dignité humaine», l'emporte.

Enfin, François encourage les participants à la conférence à partager leurs expériences, à réfléchir, «sans perdre de vue les victimes et la communauté», et à agir «en comprenant le droit et la justice comme une pratique visant à construire un monde meilleur».

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

19 septembre 2024, 14:51