À Singapour, le Pape invite tous les jeunes à sortir de leurs zones de confort
Delphine Allaire – Envoyée spéciale à Singapour
Papa Francesco, welcome to Singapore!, ont scandé les 600 jeunes de l'assemblée agitant drapeaux rouge et blanc de Singapour et du Vatican. Après des danses traditionnelles indiennes virevoltant sur la scène de la prestigieuse université aux 1 500 élèves, le Pape a écouté les témoignages de trois jeunes, catholique, sikh et hindou.
L’auditoire était composé des différents chefs religieux de Singapour, bouddhistes et hindouistes entre autres, du ministre de la Culture catholique de Singapour, Edwin Tong. Le Pape a proposé aux jeunes trois clés pour approfondir le dialogue interreligieux et les inciter à être protagonistes de ce rêve, à travers le courage, le partage et le discernement.
Les critiques constructive et destructive
Loin des naïvetés et optimismes béats, la construction d’une société fraternelle requiert selon le Pape du courage. Trois mots des témoignages de jeunes ont frappé le Pape: «critiques de salon», «zone de confort» et la technologie, entre le devoir de l’utiliser et le risque lié à son utilisation.
La jeunesse est courageuse et elle aime aller vers la vérité. Se frayer un chemin, faire preuve de créativité. Et les jeunes doivent faire attention à ne pas tomber dans ce que vous avez dit, les «critiques de salon». «Un jeune doit être critique. Mais il doit être constructif dans sa critique parce qu'il y a la critique destructrice, qui critique beaucoup mais qui n'ouvre pas de nouvelle voie», a expliqué François, rappelant aux jeunes combien ils doivent sortir des zones «confortables», «un jeune qui choisit de toujours vivre sa vie de manière “confortable”, c'est un jeune qui s’engraisse. Mais Ce n’est pas son ventre qui s’engraisse, c’est son esprit!».
«C'est pourquoi je dis aux jeunes: Prenez des risques, sortez! N'ayez pas peur! La peur est une attitude dictatoriale qui vous paralyse», a-t-il lancé, qualifiant les jeunes ne prenant pas de risques, de personnes déjà vieilles.
Le discernement des outils technologiques
«Vous avez parlé des médias, aujourd'hui il y a tellement de compétences, tellement de possibilités d'utiliser les médias, le téléphone portable, la télévision. Je vous pose la question: est-ce que c'est bien d'utiliser les médias ou est-ce que ce n'est pas bien? Mais réfléchissons: un jeune qui n'utilise pas les médias, à quoi ressemble-t-il? Il est enfermé sur lui-même. Un jeune qui vit totalement asservi aux médias, à quoi ressemble-t-il? C'est un jeune dispersé. Tous les jeunes doivent utiliser les médias, mais les utiliser pour qu'ils nous aident à avancer, pas pour qu'ils nous asservissent. Compris?», a déclaré François dans un échange très direct avec la salle.
Enfin, le Pape a souligné combien toutes les religions sont un chemin pour arriver à Dieu, comme des langues différentes, des idiomes différents. «Ainsi le dialogue interreligieux entre les jeunes demande du courage. Parce que la jeunesse, c’est l'âge du courage». François a ainsi dénoncé le fléau du harcèlement, souvent pratiqué sur les plus faibles comme les personnes handicapées.
«Et ici, nous avons vu cette belle danse avec des jeunes handicapés! Chacun a ses propres capacités et ses propres handicaps. Avons-nous tous des capacités? Je pose la question. Et avons-nous tous des handicaps? Le Pape aussi? Oui ! Tous, tous! Et comme nous avons nos propres handicaps, nous devons respecter les handicaps des autres. Êtes-vous d'accord?», a improvisé François très à l’aise, invitant chaque jeune à transmettre le gout du dialogue interreligieux plus tard à ses propres enfants. «God bless you and pray for me, don’t forget!» Mais «pray in favour non against!”, a conclu le Pape en anglais.
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