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«Ne craignez pas, peuple papou, ouvrez-vous», exhorte le Pape à la messe

En présence de 35 000 fidèles, le Pape a présidé la grande messe de son étape papouane, dimanche 8 septembre, solennité de la Nativité de Marie, «Maria Helpim», Marie Auxiliatrice vénérée dans le pays. Sous un ciel radieux, l’évêque de Rome a encouragé les catholiques de Papouasie-Nouvelle-Guinée à l’ouverture à Dieu et au prochain. Rappelant que la terre océanienne est unie au Seigneur, aucunement séparée, le Pape a médité sur les distances et proximités spirituelles.

Delphine Allaire – Envoyée spéciale à Port Moresby 

«Welkam Papa Santu». Bienvenue Saint-Père en langue tok pisin, créole local à base anglaise. Une centaine de danseurs traditionnels du diocèse de Bereina, l’une des provinces centrales de Papouasie-Nouvelle-Guinée, vêtus de tenues à perles et plumes chatoyantes, a accueilli François pour sa première messe publique en Papouasie-Nouvelle-Guinée, la troisième d’un Successeur de Pierre dans le pays. «Nous honorons le Pape aujourd’hui. Il fait venir le Christ chez nous et respecte notre culture. Seule l’Église peut faire cela», explique le père John Paul Aihi, habillé d’une parure de tête traditionnelle à plumes cuivrées, emmenant la procession des danseurs au-devant de l’estrade aux motifs ethniques installée pour la célébration eucharistique. Dans le stade John Guise et le terrain annexe, remplis de 35 000 fidèles selon les autorités locales, certains sont venus dès 2 heures du matin pour les préparatifs de la messe qui débutait 6 heures plus tard. Quand ils n’ont pas marché des centaines de kilomètres pendant quatre jours, des paroissiens se sont cotisés pour couvrir leur frais de déplacement jusqu’à cette messe dans la capitale.

Le père John Paul Aihi du diocèse de Bereina, le 8 septembre 2024, à Port Moresby.
Le père John Paul Aihi du diocèse de Bereina, le 8 septembre 2024, à Port Moresby.

Surdité et mutisme du cœur provoqué par l'esprit de fermeture

Durant cette messe célébrée en anglais, ayant donné la part belle à la dialectique vitale en ces terres entre foi et culture, le Pape argentin a encouragé les catholiques papouasiens à s’ouvrir et se faire proches. «Ne craignez pas, peuple papou, ouvrez-vous», a-t-il exhorté dans son homélie face aux dizaines de milliers de fidèles rassemblés dans ce stade ayant déjà servi aux Jeux du Pacifique, mais différent de celui où Jean-Paul II célébra une messe pour les vocations en mai 1984.

 

Devant de nombreuses religieuses missionnaires de la Charité et pèlerins venus aussi des Philippines, le Pape François, s’appuyant sur le récit de Marc dans l’Évangile du jour, a médité sur l’éloignement et la proximité. Prenant exemple sur le sourd-muet, son éloignement et isolement physiologique, François a évoqué le mutisme et la surdité de ceux qui se coupent de la communion et de l’amitié avec Dieu. «Plus que les oreilles et la langue, c’est notre cœur qui est bloqué», a-t-il assuré, regrettant la surdité intérieure et le mutisme du cœur provoqués par les fermetures, à Dieu ou aux autres, manifestes dans l’égoïsme, l’indifférence, la peur de prendre des risques et de s’impliquer, le ressentiment, la haine. «Tout cela nous éloigne de Dieu, nous éloigne de nos frères et aussi de nous-mêmes, et nous éloigne de la joie de vivre», a relevé l’évêque de Rome, proposant en contrepoint «la proximité de Jésus»,antidote au mutisme et à la surdité de l’homme.

S'ouvrir à Dieu, l'Évangile et les autres

«Lorsque nous nous sentons éloignés, ou que nous choisissons de nous tenir à distance –à distance de Dieu, à distance de nos frères, à distance de ceux qui sont différents de nous– alors nous nous refermons, nous nous barricadons en nous-mêmes et nous finissons par tourner uniquement autour de notre ego, sourds à la Parole de Dieu et au cri de notre prochain, et donc incapables de parler avec Dieu et avec notre prochain», a poursuivi le Successeur de Pierre, s’adressant aux peuples du Pacifique et de Papouasie, plus grand pays de la région après l’Australie. 

«Vous, frères et sœurs, qui habitez cette terre lointaine; depuis le Pacifique peut-être avez-vous le sentiment d’être séparés, séparés du Seigneur, séparé des hommes. Et cela ne va pas. Non. Vous êtes unis, unis dans l’esprit saint, unis dans le Seigneur», leur a enjoint François, insistant sur l'importance de l'ouverture. «S’ouvrir à Dieu, s’ouvrir aux frères, s’ouvrir à l’Évangile et en faire la boussole de notre vie», a déclaré le Pape. «Courage, ne craignez pas, peuple papou! Ouvrez-vous! Ouvrez-vous à la joie de l’Évangile, ouvrez-vous à la rencontre avec Dieu, ouvrez-vous à l’amour des frères»

Au terme de la messe, à laquelle a pris part le Premier ministre adventiste de PNG, James Marape, rencontré officiellement en privé avant de quitter le stade, le cardinal John Ribat a remercié François. «Votre voyage dans notre pays bien-aimé, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, arrive au bon moment. Il nous apporte bénédictions, paix et encouragements et approfondit notre foi. Nous sommes très reconnaissants pour la célébration eucharistique que nous venons de célébrer avec Sa Sainteté. Elle nous unit à l'Église de Rome», a déclaré l’archevêque de Port Moresby, qui accompagne le Pape lors de sa prochaine étape, à deux heures de la capitale, à Vanimo.

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08 septembre 2024, 03:11