Le Pape aux Passionnistes: identifier de nouvelles méthodes d’évangélisation
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
En recevant les pères passionnistes, le Pape est notamment revenu sur le charisme de la Congrégation de la Passion de Jésus-Christ, marqué par la vertu de l’espérance qui est en lien avec la synodalité et le jubilé que l’Église s’apprête à célébrer. François a rappelé le contexte historique de naissance de cet ordre religieux fondé par saint Paul de la Croix en 1720, porté par la passion d’annoncer au monde l’amour de Dieu pour l’humanité. Le Saint-Père a invité les Passionnistes à se laisser attirer par la sollicitude de la Vierge Marie, afin d’apprendre d’elle l’urgence de répandre la bonne nouvelle du salut.
Renouveler sa disponibilité à la mission
Dans son discours, le Pape a rappelé que le chapitre général des passionnistes «s'est penché sur la manière de répondre de manière appropriée, en ces temps tumultueux, à l'initiative de Dieu, qui nous appelle toujours à coopérer à son plan de salut». Commentant les textes du prophète Isaïe et le verset de l’évangile de Luc sur lesquels ont réfléchi les participants au chapitre, le Saint-Père a estimé qu’à la question du prophète Isaïe pour repartir comme hérauts du Crucifié ressuscité, il est nécessaire de renouveler sa disponibilité à être envoyé en mission. Dans cet élan, l’amour et la contemplation du mystère du Christ aideront à renouveler les énergies missionnaires, y compris en vue du jubilé éminent, a déclaré François.
Identifier des nouvelles méthodes pastorales et créer de nouvelles opportunités
Pour pouvoir accomplir une mission qui atteigne le plus grand nombre possible, sans renoncer aux méthodes habituelles de l'action pastorale, le Pape a invité les Passionnistes à identifier de nouvelles voies et à créer de nouvelles opportunités pour faciliter la rencontre entre les personnes et le Seigneur, sans aucune exclusion. «Il est donc nécessaire de sortir dans les rues, les places et les ruelles du monde, pour ne pas devenir anxieux et moisi, et pour prouver sa foi joyeuse et fructueuse», a souligné François. Une telle sortie ne sera efficace que si elle naît de la plénitude de l’amour de Dieu pour l’humanité vécu dans la prière, les relations communautaires fraternelles et le soutien mutuel. Cela permettra de marcher ensemble et d’expérimenter la présence du Seigneur «au milieu de vous», a déclaré le Pape.
La création de ces nouvelles méthodes d’évangélisation pouvant présenter le visage d’une Église attrayante, accueillante et engageante, exige un enracinement constant dans la prière et dans la Parole de Dieu, a poursuivi François. Pour cela, il a invité les Passionnistes à «être fidèles à la tâche de maintenir vivant le précieux charisme de saint Paul de la Croix». Le bon témoignage de soi, les homélies font partie des aspects importants de cette évangélisation fondée sur le kerygme. «Votre fondateur a saisi tout cela dans sa racine la plus profonde. Enthousiasmé par ce mystère, guidé par l'Esprit, il s'est trouvé plongé dans une expérience spirituelle qui a fait de lui l'un des mystiques les plus célèbres de son temps», a noté le Pape.
Annoncer la présence du Crucifié ressuscité dans les souffrances de notre temps
En parlant de saint Paul de Croix, François a noté que «son intuition la plus originale est que la mort de Jésus sur la Croix est la manifestation suprême de l'amour de Dieu». C'est grâce à ce «miracle des miracles de l'amour divin» que l’on peut entrer dans l'intimité de la prière et de l'union avec Lui et apprendre toutes les vertus. C’est aussi l'énergie qui rend capable de supporter toutes les douleurs, a déclaré le Pape. Le fondateur des passionnistes était par ailleurs tourmenté par la perception que l'humanité n'est pas pleinement consciente de cet amour. Cette expérience intérieure l’a ainsi porté à rassembler des compagnons plongés dans la contemplation de cet amour et prêts à le proclamer. Le Saint-Père a invité les Passionnistes à partir de ce charisme pour «annoncer la présence du Crucifié ressuscité dans les souffrances de notre temps». Certaines manifestations de cette souffrance sont l'immensité et la dévastation de la pauvreté, les guerres, les gémissements de la création, les dynamiques qui créent des divisions entre les personnes et la mise à l'écart des faibles, a détaillé le Pape.
L’Espérance: entre synodalité, jubilé et le charisme des passionnistes
François a aussi rappelé que le chapitre général de la Congrégation de la Passion de Jésus-Christ s’est déroulé en même temps que le Synode sur la synodalité et à deux mois de l'ouverture du Jubilé, dont l'un des thèmes principaux est celui de l'espérance, vertu qui a «une relation particulière avec le charisme des Passionistes». La raison théologique de l’espérance est la mort et la résurrection du Christ et au-delà de la mort, la vie continue, l'amour se répand sur l'humanité dans le don de l'Esprit, a poursuivi le Pape. Pour le Saint-Père, cette vertu théologale repose sur une certitude de foi: «si rien ne peut étouffer dans l'être humain la capacité d'aimer, alors rien ne se perd, tout trouve un sens et une valeur, tout est sauvé».
L’urgence de témoigner de l’amour, à l’exemple de Marie
François a, enfin, invité les religieux passionnistes à se sentir attirés par la sollicitude de la Vierge Marie qui a su porter secours à sa parente âgée Elisabeth. Sur le Calvaire, devant son Fils mourant, elle a vécu «la “kénose” de la foi la plus profonde de l'histoire de l'humanité». À son exemple, «les Passionistes vivent leur consécration et leur mission, conscients de l'urgence de répandre le message du salut», a rappelé le Pape. «Cela, a-t-il expliqué, n'est pas la hâte de l'horloge, krónos, mais celle de la grâce, kairós, de l'amour qui se précipite pour atteindre son but, comme la vague de la mer est pressée de toucher le rivage». C’est un amour qui s'exprime dans la parole, dans le geste qui soulève les pauvres et les nécessiteux, ou dans le simple silence qui consiste à être proche de ceux qui souffrent, un amour auquel sont invités les Passionnistes, a conclu le Pape.
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