Le Pape aux Scalabriniens: la migration, une occasion de croissance pour tous
Augustine Asta – Cité du Vatican
«Je suis très heureux de vous rencontrer à l'occasion de votre 16e Chapitre général. Vous le célébrez à la veille de l'Année Sainte et il est bon que, dans la planification de votre future pastorale missionnaire et caritative en faveur des migrants, vous ayez choisi de vous inspirer du thème du Jubilé: ‘’Pèlerins de l'espérance’’». Ces propos du Pape prononcés dès l’entame de son discours face aux Missionnaires de Saint-Charles (Scalabriniens), sonnent comme une invitation pour «réfléchir ensemble» sur trois aspects importants de leur «service», à savoir les «migrants, la pastorale et la charité».
La douleur: une précieuse école de foi et d'humanité
S’appuyant sur les propos saint Jean-Baptiste Scalabrini, François a affirmé que «les migrants» «sont les maîtres de l'espoir» car, ajoute t-il, «ils partent en espérant trouver ailleurs leur pain quotidien» et «ils n'abandonnent pas, même quand tout semble ‘‘aller contre eux’’», explique le Saint-Père. Malgré le contexte difficile lié «à des fermetures et à des rejets, leur ténacité, souvent soutenue par l'amour pour les familles restées au pays», est une leçon de vie. Cette attitude, dit le Souverain pontife, «nous apprend beaucoup», surtout à ces missionnaires qui comme l'a voulu leur fondateur ont opté pour le credo «migrants parmi les migrants».
Pour le Pape argentin, en adoptant une dynamique de rencontre, de dialogue, d'accueil du Christ présent dans l'étranger, ces religieux peuvent grandir «avec eux, en solidarité les uns avec les autres, abandonnés ‘‘en Dieu et en Dieu seul’’». Il faut voir en «la recherche de l'avenir qui anime le migrant» une expression d’un «besoin de salut qui unit tous les hommes, indépendamment de leur race ou de leur condition», a dit François, qui recommande aussi de ne pas oublier que «l'histoire du Salut elle-même est une histoire de migrants, de peuples en mouvement».
«La nécessité d'une pastorale de l'espérance»
«Avec un soutien approprié», la migration, dit le Pape, «peut devenir un moment de croissance pour tous», en revanche «si elle est vécue dans la solitude et l'abandon, elle peut dégénérer en drames de déracinement existentiel, de crise des valeurs et des perspectives, au point de conduire à la perte de la foi et au désespoir».
Prôner la charité
Revenant sur un évènement historique, François a rappelé qu’ à la veille du Jubilé de 1900, saint Jean-Baptiste Scalabrini avait déclaré que: «Le monde gémit sous le poids de grandes catastrophes». «Des paroles lourdes», mais qui aujourd’hui encore restent «malheureusement toujours d'actualité». À l’origine de cette crise migratoire aux scenarios tragiques il y a les «tragiques et injustes inégalités des chances, de la démocratie, de l'avenir», ou encore les «scénarios de guerre dévastateurs qui frappent la planète». À cette liste s'ajoute «la fermeture et l'hostilité des pays riches, qui voient dans ceux qui frappent à la porte une menace pour leur propre bien-être», a déploré François. Il est important «que le migrant (soit) accueilli, accompagné, soutenu et intégré», a renchéri le Souverain pontife .
L’évêque de Rome demande d’un autre coté de briser tous «les stéréotypes excluants, pour reconnaître dans l'autre, quel qu'il soit et d'où qu'il vienne, un don de Dieu, unique, sacré, inviolable, précieux pour le bien de tous».
Le Souverain pontife est également revenu sur «le charisme scalabrinien [qui] est vivant dans l'Église: il est attesté par tant de jeunes qui, de divers pays du monde, continuent à vous rejoindre», a-t-il déclaré, tout en engeant les missionnaires d’être «reconnaissants au Seigneur pour la vocation» reçue. «Si vous voulez que le chapitre devienne une occasion d'approfondissement et de renouvellement de votre vie et de votre mission, faites-en avant tout un temps d'humble et joyeuse action de grâce, devant l'Eucharistie, devant Jésus crucifié et devant Marie, Mère des migrants, comme vous l'a enseigné saint Jean-Baptiste Scalabrini» a conclu le Pape, qui voit en cette ultime recommandation la condition sine qua non pour «marcher ensemble, avec espérance, dans la charité» (cf. Eph 5,2).
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