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François: «La science et la foi peuvent et doivent dialoguer»

Dans un message adressé au cardinal José Tolentino de Mendonça, Préfet du dicastère pour la Culture et l'Éducation à l'occasion de la remise du Prix des ‘‘Académies Pontificales’’, à la ‘‘Pontificia Academia Latinitatis’’ ce 23 octobre, le Pape souhaite que ce prix puisse être «un signe d'espoir et que la passion des lauréats incite d'autres personnes à s'engager dans la même voie».

Augustine Asta - Cité du Vatican

 «Nous honorons la recherche, la passion et l'engagement de jeunes chercheurs qui ont choisi de consacrer leur effort intellectuel et leur amour de la connaissance à l'interprétation d'un patrimoine linguistique et culturel d'une valeur inestimable, tel que le latin». Telles sont les premières lignes du Pape François dès l’entame de son message adressé au Préfet du Dicastère pour la Culture et l'Éducation le cardinal José Tolentino de Mendonça. «Aujourd'hui, la ‘’Pontificia Academia Latinitatis’’ décerne deux prix importants sur deux sujets difficiles: ‘’De rerum natura’’, sur le latin et les sciences, et ‘’De re publica’’, sur le latin et la politique». Une occasion pour François de féliciter tout d’abord les lauréats «pour leur engagement en faveur de la langue latine et de sa pertinence dans le monde contemporain», comme en témoignent a-t-il tenu à le rappeler «les recherches du professeur Enrico Piergiacomi, actif au sein du département des sciences humaines et des arts de l'Institut israélien de technologie (Technion) à Haïfa, qui se concentrent sur l'intersection entre la pensée classique et les sciences modernes».

Le latin: une langue qui englobe la philosophie, la science, l'art et la politique

«Le latin est un trésor de connaissances et de pensées, une clé d'accès aux textes classiques qui ont façonné notre monde», souligne le Pape. Il représente «les racines de la civilisation occidentale et, à bien des égards, notre identité même». Pour le Souverain pontife, «c'est une langue qui englobe la philosophie, la science, l'art et la politique, démontrant ainsi sa valeur intrinsèque en tant qu'outil de réflexion et de dialogue, plus que jamais nécessaire dans un monde fragmenté comme le nôtre», écrit encore l’évêque de Rome. A travers ce prix, «les lauréats nous offrent une vision contemporaine et nouvelle de la manière dont cet idiome ancien peut encore nous parler et stimuler notre réflexion». Car «leurs recherches ne se contentent pas d'étudier la pensée des grands maîtres du passé, mais intègrent également leurs connaissances dans un contexte moderne, les rapprochant ainsi des défis de notre époque». «Les travaux des participants, explique le Saint-Père, nous invitent à explorer le lien entre les connaissances scientifiques et politiques, sous l'égide d'une langue dont l'histoire remonte à plusieurs milliers d'années».

Pour le Successeur de Pierre le thème «De rerum natura» renvoi «aux merveilles de la création». Dans un monde en perpétuel changement et un environnement fragile, la science «offre des outils pour comprendre les lois de la nature, pour explorer le mystère de la vie et pour faire face aux défis écologiques». En revanche soutien le Pape, «ce n'est qu'à travers une interprétation éthique, culturelle et spirituelle que nous pouvons réellement saisir le sens profond du cosmos qui nous entoure et dont nous faisons partie».

«Saisir la complexité et la beauté de la création»

La vision de la nature, dans son immense globalité, doit être prise en compte «comme un don de Dieu», qui invite à réfléchir «à notre responsabilité à l'égard de la maison commune», précise encore François, qui rappelle que «la science et la foi peuvent et doivent dialoguer: elles sont toutes deux appelées à guider notre compréhension du monde». C’est pourquoi, écrit-il, le Prix des ‘‘Académies Pontificales’’ «nous rappelle que la science ne peut être réduite à une simple accumulation de données, mais qu'elle doit nous aider à saisir la complexité et la beauté de la création».

La tradition latine: une valeur qui favorise un lien étroit entre les «affaires publiques»

Le thème «De re publica» estime le Pape, incite en revanche à «explorer les fondements et les structures de la politique», tout en réfléchissant «au bien commun et à la justice». Dans le contexte actuel marqué par l'instabilité sociale, «la tradition latine est une valeur, car elle favorise un lien étroit entre les ‘’ affaires publiques’’ et les principes fondamentaux de la réflexion», affirme le Saint – Père, qui pense également que lorsque la politique, est exercée avec «honnêteté et intégrité», elle devient «un art noble, une vocation à servir la communauté», et «jamais l'intérêt privé».

C’est pourquoi «la proposition d'une éthique enracinée dans les valeurs humanistes est donc un appel à l'action responsable, dans un climat de dialogue, de respect et d'inclusion». «La politique doit s'attaquer aux inégalités et promouvoir le bien de tous, en particulier des plus vulnérables. La formation humaine et culturelle joue ici un rôle essentiel: seuls des citoyens bien formés et conscients peuvent être les acteurs de changements sains dans la société», explique François.

Avec ces deux domaines d'études, «De rerum natura et De re publica», renchérît l’évêque de Rome, «le latin offre un terrain fertile pour l'exploration et la synthèse entre la science, la culture et la politique».

Pour réaffirmer l’engagement en faveur d'une culture de la croissance humaine intégrale, le Souverain pontife souhaite que chacun puisse s’interroger: «Comment traduire dans la vie de tous les jours les découvertes qui nous sont offertes aujourd'hui? Comment encourager les nouvelles générations à s'engager sur la voie de la recherche, à se remettre en question et à ne pas avoir peur d'explorer? Comment donner aux jeunes le goût de la culture et de la science?». Des questions formulées par le Pape qui ont pour objectif d’inciter à la réflexion. Car, déclare-t-il, «l'ingéniosité de la pensée et la créativité, si chères à l'Église, naissent de la redécouverte de la beauté d'un savoir capable de former les cœurs et les esprits, de construire des ponts et d'abattre des murs». C’est en ce sens, que le latin, et avec lui le «patrimoine intellectuel de l'humanité, peut devenir un instrument d'harmonie entre les peuples, de promotion du respect mutuel et de la dignité humaine», dit François, qui souhaite enfin que le prix décerné puisse devenir «un signe d'espoir et que la passion des lauréats incitera d'autres personnes à s'engager dans la même voie». 

 

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23 octobre 2024, 13:13