Le Pape avec la délégation napolitaine. Le Pape avec la délégation napolitaine.   (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

«Aucune vie ne doit être rejetée», implore le Pape François

Ce vendredi 29 novembre, en recevant une délégation du département d'odontologie de l'université de Naples «Frédéric II», le Pape a rappelé les trois principes du serment d’Hippocrate: ne pas nuire, prendre soin et guérir. Il a mis en garde les médecins contre le risque de négliger la dignité humaine en se prêtant «aux intérêts du marché et de l'idéologie, au lieu de se consacrer au bien de la vie naissante, de la vie souffrante, de la vie démunie».

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

Dans la salle du Consistoire au Vatican, prévue pour les réunions des cardinaux, ce sont environ 80 médecins, dentistes et professeurs de l’Université de Naples qui ont rencontré le Pape François le vendredi 29 novembre dans la matinée.

Le Saint-Père a d’abord noté l’anniversaire de la création de l’Université, «huit cents ans se sont en effet écoulés depuis la fondation de l'Université de Naples». En effet, en juin 1224, l’empereur du Saint-Empire romain germanique Frédéric II a décrété la création du studium dans la ville napolitaine. Celui qui était aussi roi de Sicile a ainsi donné son nom à l’une des plus anciennes universités du monde, encore active aujourd’hui.

François a ensuite repris la tradition millénaire médicale, qui du grec Hippocrate au médecin romain Scribonius, s’appuie sur trois principes: «d'abord ne pas nuire, ensuite soigner, enfin guérir». Un «bon programme toujours d’actualité», selon le Saint-Père.

Ne pas nuire, soigner, guérir

Le premier principe, celui de «ne pas nuire», obéit «à un sain réalisme» pour le Pape François: «ne pas ajouter du mal et de la souffrance à ce que vit déjà le patient». Il en va par exemple pour l’acharnement thérapeutique, qui «n'est pas l'expression d'une médecine et d'une prise en charge réellement adaptées et favorables à la personne malade», soulignait Vincenzo Paglia, président de l'Académie pontificale pour la vie, à l’occasion de la sortie du "Petit lexique de la fin de vie" en août 2024.

Ensuite, s’appuyant sur l’image du bon samaritain qui, trouvant un homme par terre, l’emmène dans une auberge pour qu’il y soit soigné, le Souverain pontife assure que «prendre soin, c’est l’action évangélique par excellence». Il encourage les médecins et professeurs à le faire «avec le “style de Dieu“: proximité, compassion et tendresse», seul moyen de soigner «toute la personne, et pas seulement d'une partie». François a assuré que lors de l’ablation d’une partie de son poumon, quand il avait une vingtaine d’années, ce qui lui a donné le plus de force, ce ne sont pas les médicaments mais «la main des infirmières qui, après les injections, [l]'ont pris par la main».

Le troisième principe, guérir, permet au Pape de dresser un parallèle entre la figure de Jésus et celle des médecins. «Vous pouvez ressembler à Jésus, qui a guéri toutes sortes de maladies et d'infirmités parmi les gens. Soyez heureux du bien fait à ceux qui souffrent», a-t-il souligné.

«Les intérêts du marché et de l'idéologie»

Alors que le Parlement britannique discute d’un projet de loi sur la fin de vie ce 29 novembre auquel se sont opposés de nombreux dirigeants religieux, le Pape François met en garde contre le risque de «négliger la dignité humaine, qui est la même pour tous».

Sans le respect de cette dignité la médecine peut se fourvoyer dans les «intérêts du marché et de l'idéologie», a déploré le Saint-Père, «au lieu de se consacrer au bien de la vie naissante, de la vie souffrante, de la vie démunie».  

Car la vocation de tout médecin est de «guérir du mal, toujours guérir», impliquant alors qu’«aucune vie ne doit être rejetée». «Il faut accompagner [les personnes en fin de vie] jusqu’au bout», a-t-il insisté.

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29 novembre 2024, 09:19