Être saint, «se laisser transformer par la puissance de l'amour de Dieu»
Augustine Asta – Cité du Vatican
Cette rencontre organisée par le dicastère des Causes des saints a été guidée par les textes de l'Évangile de Jean: «Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis» (Jn 15, 13). Une parole a estimé le Saint Père «qui est toujours porteuse de réconfort et d'espérance». Car a-t-il justifié, «le soir de la dernière Cène, le Seigneur parle du don de soi qui sera consommé sur la croix». François a estimé que «seul l'amour peut donner une raison à la croix: un amour si grand qu'il assume tous les péchés et les pardonne, qu'il entre dans notre souffrance et nous donne la force de la supporter, qu'il entre même dans la mort pour la vaincre et nous sauver. Dans la Croix du Christ, il y a tout l'amour de Dieu, il y a son immense miséricorde».
La sainteté selon François
Pour être saint, a dit François, «il ne suffit pas d'un effort humain ou d'un engagement personnel de sacrifice et de renoncement». Il faut avant tout «se laisser transformer par la puissance de l'amour de Dieu, qui nous dépasse et nous rend capables d'aimer au-delà de ce que nous pensions être en mesure de faire», poursuit-il.
Saluant le travail fait pour le dicastère des Causes des saints, le Souverain pontife a affirmé que c’est «un service précieux» offert «à l'Église, afin qu'elle ne manque jamais du signe de la sainteté vécue et toujours présente».
Cette conférence a été l’occasion de réfléchir «à deux formes de sainteté canonisée: celle du martyre et celle de l'offrande de la vie». Pour s’inscrire dans cette même logique, le Pape a souligné que: «Dès l'Antiquité, les croyants en Jésus ont tenu en haute estime ceux qui avaient payé de leur personne, de leur vie, leur amour du Christ et de l'Église». Pour preuve, «ils ont fait de leurs tombes des lieux de culte et de prière. Ils étaient ensemble, le jour de leur naissance au ciel, pour renforcer les liens d'une fraternité qui, dans le Christ ressuscité, transcende les limites de la mort, aussi sanglante et douloureuse soit-elle», ajoute t-il.
Le martyr, parfait disciple du Christ
Et c’est «dans le martyr», que «nous trouvons les caractéristiques du parfait disciple, qui a imité le Christ en renonçant à lui-même et en prenant sa croix et qui, transformé par sa charité, a montré à tous la puissance salvatrice de sa croix», a détaillé le Saint- Père.
Raison pour laquelle dans le cadre des causes des saints, «le sentiment commun de l'Église a défini trois éléments fondamentaux du martyre, qui restent toujours valables», a-t-il expliqué. Dans un premier temps François a fait savoir que «le martyr est un chrétien» qui, «pour ne pas renier sa foi, subit consciemment une mort violente et prématurée»; ensuite a-t-il précisé «le meurtre est perpétré par un persécuteur, mû par la haine de la foi ou d'une autre vertu qui lui est liée»; et enfin, «la victime adopte une attitude inattendue de charité, de patience et de douceur, à l'imitation de Jésus crucifié».
Dans le contexte actuel «dans de nombreuses régions du monde, de nombreux martyrs donnent leur vie pour le Christ». Seulement dans de nombreux cas, «les chrétiens sont persécutés parce que, poussés par leur foi en Dieu, ils défendent la justice, la vérité, la paix et la dignité des personnes». Face à cette réalité, le Pape dans la Bulle d'indiction du prochain Jubilé, défini le témoignage des martyrs «comme le témoignage le plus convaincant de l'espérance». «C'est pour cette raison qu'au sein du dicastère des Causes des saints, j'ai voulu instituer la Commission pour les nouveaux martyrs -témoins de la foi, qui, d'une manière distincte du traitement des causes du martyre, recueillerait la mémoire de ceux qui, même au sein des autres confessions chrétiennes, ont su renoncer à leur vie pour ne pas trahir le Seigneur», a-t-il déclaré.
Le témoignage vivant des martyrs
«L’expérience alors des causes des saints et la confrontation continue avec l'expérience concrète des croyants m'ont conduit, le 11 juillet 2017, à signer le motu proprio «Maiorem hac dilectionem», avec lequel j'ai voulu exprimer le sens commun du fidèle peuple de Dieu concernant le témoignage de sainteté de ceux qui, animés par la charité du Christ, ont offert volontairement leur vie, en acceptant une mort certaine et à brève échéance», a ajouté le Pape, qui a rapporté également qu’il s’agissait pour lui de «définir une nouvelle voie pour les causes de béatification et de canonisation». L’évêque de Rome a ainsi établi qu'il doit «y avoir un lien entre l'offrande de la vie et la mort prématurée, que le Serviteur de Dieu avait exercé les vertus chrétiennes au moins à un degré ordinaire et que, surtout après sa mort, il avait été entouré de renommée et de signes de sainteté».
«Ce qui distingue l'offre de vie, dans laquelle la figure du persécuteur est absente, c'est l'existence d'une condition extérieure, objectivement évaluable, dans laquelle le disciple du Christ s'est placé librement et qui conduit à la mort». «Même dans le témoignage extraordinaire de ce type de sainteté, resplendit la beauté de la vie chrétienne, qui sait se faire don sans mesure, comme Jésus sur la Croix».
Tout en encourageant les participants «à poursuivre avec passion et générosité» le travail effectué «pour les causes des saints», le Souverain pontife a terminé son discours en confiant les participants «à l'intercession de la Vierge Marie et de tous les témoins du Christ, dont les noms sont inscrits dans le livre de vie».
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