Messe de la nuit de Noël et début d'une année de grâce, de renouveau et d’espérance
Alexandra Sirgant - Cité du Vatican
C’est en silence et en prière que le Successeur de Pierre a ouvert les battants en bronze de la Porte Sainte de la basilique pétrinienne, plongeant officiellement les catholiques du monde entier dans l’Année Sainte 2025. La Porte, située à l’extrémité droite de l’atrium de la basilique vaticane, restera ouverte jusqu’au 6 janvier 2026, permettant aux pèlerins qui la franchiront, ainsi que les quatre autres Portes Saintes de la cité éternelle, de passer du péché à la grâce. C’est chose faite pour les 54 fidèles, tout âge confondu et venant des cinq continents, qui ont suivi les pas du Saint-Père ce 24 décembre, accompagnés de l’hymne officiel du Jubilé, et suivi des cardinaux, prêtres, religieux et membres de la curie romaine.
Devant les 6 000 fidèles de la basilique et les 25 000 autres rassemblés place Saint-Pierre, le Pape François a consacré son homélie à l’espérance apportée par la naissance de l'Enfant Jésus, «descendu parmi nous pour nous relever et nous ramener dans l’étreinte de Père». «Et si Dieu vient, même lorsque notre cœur ressemble à une pauvre mangeoire, alors nous pouvons dire: l’espérance n’est pas morte, l’espérance est vivante, et elle enveloppe notre vie pour toujours!» s’est exclamé le Souverain pontife, au pied du Baldaquin du Bernin restauré et de la statue de Notre-Dame de l’Espérance.
À l’image des bergers de Bethléem qui «se mirent en route sans tarder» après l’annonce de la naissance de l’enfant Jésus, le Saint-Père a invité les fidèles eux aussi à partir «sans tarder» à la recherche de l’espérance perdue afin de «la semer dans les désolations de notre temps et de notre monde», et de la traduire «dans les situations de notre vie».
L’espérance, incompatible avec la médiocrité et la paresse
Le Pape argentin a toutefois appelé à ne pas confondre l’espérance chrétienne avec «une fin heureuse à attendre passivement». Au contraire, a martelé le Saint-Père en son douzième Noël au Vatican, elle demande aux croyants de ne pas s’enfermer dans leurs habitudes, de ne pas s’enfoncer dans la médiocrité et la paresse mais de s’«indigner des choses qui ne vont pas et d’avoir le courage de les changer». L’espérance chrétienne «nous demande de devenir des pèlerins à la recherche de la vérité, des rêveurs qui ne se lassent pas, des femmes et des hommes qui se laissent bouleverser par le rêve de Dieu, le rêve d'un monde nouveau, où règnent la paix et la justice». Pour ce faire, l’évêque de Rome conseille de prendre à nouveau exemple sur les bergers de Bethléem, car «l'espérance qui naît en cette nuit ne tolère pas l'indolence des sédentaires et la paresse de ceux qui se sont installés dans leur confort; elle n'admet pas la fausse prudence de ceux qui ne se lancent pas par peur de se compromettre et le calcul de ceux qui ne pensent qu'à eux-mêmes; elle est incompatible avec la vie tranquille de ceux qui n'élèvent pas la voix contre le mal et les injustices qui se commettent sur le dos des plus pauvres». L'espérance chrétienne doit s’accompagner de responsabilité et de compassion.
L’engagement de porter l’espérance là où elle a été perdue
Choisie pour thème de l’année jubilaire, cette vertu chrétienne invite les fidèles «à redécouvrir la joie de la rencontre avec le Seigneur, (…) à un renouveau spirituel et nous engage à transformer le monde, afin que ce temps devienne vraiment un temps jubilaire» aussi bien pour la Terre, «défigurée par la logique du profit», que pour «les pays les plus pauvres, accablés de dettes injustes», ainsi que les «prisonniers des anciens et des nouveaux esclavages». L’ouverture de l’Année Sainte incombe à chacun «le don et l’engagement de porter l’espérance là où elle a été perdue», comme par exemple dans le cœur des pauvres, des souffrants ou encore des prisonniers. Ces derniers, souvent privés de la perspective d’une vie meilleure, seront mis à l’honneur ce jeudi 26 décembre lors de l’ouverture de la Porte Sainte dans la prison romaine de Rebbibia. Comme indiqué dans la bulle d’indiction Spes non confundit, l’ouverture de cette porte parmi les détenus symbolise l’espérance d’un nouveau départ possible pour chacun.
Le Saint-Père a poursuivi en citant une homélie de noël du défunt cardinal italien et archevêque de Milan, le jésuite Carlo Maria Martini, portant sur la tendresse de Dieu manifestée dans le visage de l’Enfant Jésus: «En contemplant la bonté aimante de Dieu qui surmonte nos méfiances et nos peurs, nous contemplons aussi la grandeur de l'espérance qui nous attend. [...] Que cette vision d'espérance illumine notre chemin de chaque jour» (Homélie de Noël, 1980).
Le Pape François s'est enfin adressé à l’ensemble des fidèles: «Ma sœur, mon frère, en cette nuit, c'est pour toi que s'ouvre la “Porte Sainte” du cœur de Dieu. Jésus, le Dieu-avec-nous, est né pour toi, pour nous, pour chaque homme et chaque femme. Et avec Lui, la joie fleurit, avec Lui la vie change, avec Lui l'espérance ne déçoit pas».
Comme c’est la tradition chaque année, le Pape François a conclu la cérémonie en portant l’Enfant Jésus jusqu’à la crèche de la basilique Saint-Pierre, entouré par des enfants qui y ont déposé leurs bouquets de fleurs.
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