Le pape François et la colombe - 2 décembre  2023. Le pape François et la colombe - 2 décembre 2023. 

Message du Pape pour la Journée mondiale de la paix 2025

À l’occasion de la 58e Journée mondiale de la paix, célébrée le 1er janvier, le Pape François se penche sur le thème central du prochain Jubilé de l'espérance et réitère son appel pressant à la remise des dettes, nous rappelant que «nous sommes tous débiteurs» envers Dieu et «envers les uns les autres». Il invite aussi tout le monde à se mettre à l’écoute du «cri de l’humanité» pour «briser les chaînes de l’injustice».

Augustine Asta – Cité du Vatican

Dans son message adressé à l’occasion de la 58ème Journée mondiale de la paix célébrée le 1er janvier 2025, en cette veille d’année jubilaire, François formule d’ores et déjà ses meilleurs vœux pour la nouvelle année qui se profile à l’horizon. «J’adresse mes vœux les plus sincères de paix à toute femme et à tout homme, en particulier à ceux qui se sentent abattus par leur condition existentielle, condamnés par leurs erreurs, écrasés par le jugement des autres, et qui ne parviennent plus à percevoir une quelconque perspective pour leur vie», a-t-il spécifié, souhaitant par ailleurs que 2025 soit «une Année de Grâce qui vient du Cœur du Rédempteur!».

2025, Année Jubilaire

Les premières lignes du message du Pape ont été aussi consacrées à un bref rappel historique du Jubilé. Cet événement qui, selon lui, «remplit les cœurs d’espérance», «remonte à une ancienne tradition juive où le son d’une corne de bélier (…) annonçait, tous les quarante-neuf ans, une année de clémence et de libération pour le peuple». Et le son de cette corne explique-t-il «rappelait à tout le peuple, aux riches comme aux pauvres, que personne ne vient au monde pour être opprimé». «Aujourd’hui encore, le Jubilé est un événement qui nous pousse à rechercher la justice libératrice de Dieu sur la terre», a noté l’évêque de Rome, qui souhaite par ailleurs, à l’aube de cette nouvelle Année de Grâce, entendre, «non pas la corne», mais plutôt l’«appel à l’aide désespéré» qui «provient de par le monde et que Dieu ne cesse d’entendre, comme la voix du sang d’Abel le juste», a-t-il ajouté.

Lutter contre toutes formes d’injustices

Aussi, le Successeur de Pierre interpelle tout le monde à lutter contre toutes formes d’injustices qui selon lui prennent parfois l’allure de ce que saint Jean-Paul II a appelé des «structures de péch黫Chacun doit se sentir d’une certaine manière responsable de la dévastation à laquelle notre maison commune est soumise, en commençant par les actions qui, ne serait-ce qu’indirectement, alimentent les conflits qui affligent l’humanité», décrit François.

Dans le contexte actuel, plusieurs «défis systémiques, distincts mais interconnectés», sont enregistrés. Les inégalités, le traitement inhumain réservé aux personnes migrantes, la dégradation de l’environnement, la désinformation, le refus de tout type de dialogue et le financement énorme de l’industrie militaire, constituent pour le Souverain pontife une «menace réelle pour l’existence de l’humanité tout entière». C’est pourquoi en ce début d’année, «nous voulons donc nous mettre à l’écoute de ce cri de l’humanité pour nous sentir appelés, tous ensemble et personnellement, à briser les chaînes de l’injustice afin de proclamer la justice de Dieu», a-t-il souligné.

Les transformations culturelles et structurelles

Pour parvenir à un changement durable, François précise qu’il ne faut pas simplement se limiter à «des actions épisodiques de philanthropie» il faut opter pour «des transformations culturelles et structurelles».  

Le Jubilé est aussi une invitation «à entreprendre des changements pour affronter la situation présente d’injustice et d’inégalité», en tenant en compte le fait «que les biens de la terre sont destinés non seulement à quelques privilégiés, mais à tous». Se référant à saint Basile de Césarée, le Pape souligne qu’en «nous enseignant le “Notre Père”, Jésus nous invite» à Lui demander: «Remets-nous nos dettes» (Mt 6, 12).

Faisant une comparaison avec l’époque de Jésus où «les élites profitaient des souffrances des plus pauvres», François déplore la réalité actuelle. «Dans un village mondial interconnecté, le système international, s’il n’est pas nourri par des logiques de solidarité et d’interdépendance, génère des injustices exacerbées par la corruption, qui piègent les pays pauvres», fustige le Pape.

La «crise de la dette»

Pour François, cette logique «de l’exploitation du débiteur décrit aussi en résumé la “crise de la dette” actuelle qui touche plusieurs pays, en particulier du Sud». «La dette extérieure est devenue un instrument de contrôle par lequel certains gouvernements et institutions financières privées des pays les plus riches n’hésitent pas à exploiter, sans discernement, les ressources humaines et naturelles des pays les plus pauvres, afin de satisfaire les besoins de leurs propres marchés». Il faut y ajouter aussi le fait que «plusieurs populations, déjà accablées par la dette internationale, se voient contraintes de supporter également le fardeau de la dette écologique des pays les plus développés». «Dette écologique et dette extérieure sont les deux faces d’une même médaille, de cette logique d’exploitation qui culmine dans la crise de la dette», note le Pape.

Profitant donc de cette année jubilaire, François a invité la «communauté internationale à agir pour remettre la dette extérieure, en reconnaissant l’existence d’une dette écologique entre le Nord et le Sud». Réitérant ainsi son «appel non seulement à la solidarité, mais surtout à la justice», a-t-il déclaré.

Sur le chemin de l’espérance

Durant l’Année de Grâce du Jubilé, le Pape recommande de laisser les cœurs être touchés par ces changements nécessaires, afin que, «de nouveau, le chemin de l’espérance» puisse s’ouvrir pour «chacun d’entre nous». Puisque, estime-t-il, «l’espérance naît de l’expérience de la miséricorde de Dieu qui n’a jamais de limites».

Dans le même sillage, observe le Pape, Dieu «entend le cri des pauvres et de la terre». Et «il suffirait de s’arrêter un instant, au début de cette année, et de penser à la grâce par laquelle Il pardonne toujours nos péchés et remet toutes nos dettes, pour que nos cœurs soient inondés d’espérance et de paix».

“L’espérance est surabondante dans la générosité, dépourvue de calcul; elle ne fait pas les comptes dans les poches des débiteurs, elle ne se soucie pas de son propre gain, mais elle n’a qu’un seul but: relever ceux qui sont tombés, panser les cœurs brisés, libérer de toute forme d’esclavage”

Sur le chemin de l'espérance pendant l'année jubilaire, le Pape François suggère trois propositions, tout en gardant à l'esprit que «nous sommes des débiteurs dont les dettes ont été remises».

Plaidoyer pour la remise des dettes

Tout d'abord, l’évêque de Rome renouvelle l'appel lancé par saint Jean-Paul II à l'occasion du Grand Jubilé de l'an 2000 pour envisager des réductions substantielles ou l'annulation pure et simple des dettes internationales des pays «qui ne sont pas en mesure de rembourser le montant qu'ils doivent», compte tenu également de la dette écologique que les pays plus prospères ont à leur égard.

Cela devrait se faire dans un «nouveau cadre financier», conduisant à la création d'une charte financière mondiale «basée sur la solidarité et l'harmonie entre les peuples».

Appel à l'abolition de la peine de mort

Le Pape demande ensuite «un engagement ferme à respecter la dignité de la vie humaine, de la conception à la mort naturelle» et appelle à l'abolition de la peine de mort et à la promotion d'une culture de la vie qui valorise chaque individu.

Limiter le financement des armes afin de promouvoir le développement

Dans la lignée de saint Paul VI et de Benoît XVI, le Pape François réitère son appel à détourner «au moins un pourcentage fixe de l'argent» destiné à l'armement vers un fonds mondial pour éradiquer la faim et favoriser le développement durable dans les pays les plus pauvres, en les aidant à lutter contre le changement climatique.

«L'espérance déborde de générosité, elle ne fait pas de calculs, elle n'a pas d'exigences cachées, elle ne se soucie pas du gain, mais elle ne vise qu'une seule chose: relever ceux qui sont tombés, guérir les cœurs brisés et nous libérer de toute forme d'esclavage».

Désarmer les cœurs

L'objectif primordial de ces propositions est la réalisation d'une paix véritable et durable dans le monde, qui n'est pas simplement l'absence de guerre, mais une transformation profonde des cœurs et des sociétés.

Selon le Pape, la paix véritable est accordée par Dieu aux cœurs «désarmés» de l'égoïsme, de l'hostilité et de l'anxiété face à l'avenir, pour les remplacer par la générosité, le pardon et l'espoir d'un monde meilleur. «Puissions-nous rechercher la véritable paix qui est accordée par Dieu aux cœurs désarmés», a-t-il ajouté.

De simples actes de bonté et de solidarité, note-t-il, peuvent ouvrir la voie à ce nouveau monde, empreint à un sens plus profond de la fraternité et de l'humanité partagée.

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12 décembre 2024, 10:34