Urbi et Orbi: "Que les armes se taisent"

Paix en Ukraine, en Terre Sainte, gratitude à ceux qui font le bien en silence: le Pape François a adressé en ce jour de Noël depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre sa bénédiction Urbi et Orbi, à la Ville et au monde. Il a rappelé le sens de la Porte Sainte du Jubilé ouverte la veille, et lancé un appel pressant à la paix dans les pays ravagés par la guerre, le terrorisme, les tensions politiques ou les divisions, tout en invitant à ne pas avoir peur de laisser derrière soi les litiges.

Xavier Sartre – Cité du Vatican

Ukraine, Terre Sainte, Liban et Syrie, pays du Sahel ou de la Corne de l’Afrique, Birmanie ou pays d’Amérique divisés: en lançant un appel à la paix, le Saint-Père a effectué un tour d’horizon des conflits et des crises qui déchirent la planète lors de son message Urbi et Orbi. Illuminé par un froid soleil d’hiver, devant la foule des pèlerins qui ont commencé à franchir le seuil de la Porte Sainte du Jubilé, ouverte depuis mardi soir, François a rappelé «le mystère qui ne cesse de nous étonner et de nous émouvoir» et qui se renouvelle grâce à l’Esprit Saint, «le même Esprit d’Amour et de Vie qui a fécondé le sein de Marie et, de sa chair humaine, a formé Jésus». «La Parole éternelle du salut s’incarne à nouveau et réellement» a rappelé le Pape, précisant qu’elle disait «Je t’aime, je te pardonne, reviens vers moi, la port de mon cœur est ouverte».

Une porte «toujours ouverte», a assuré l’évêque de Rome qui a invité les fidèles à revenir à ce cœur qui nous aime et pardonne, à se laisser pardonner par Lui et se réconcilier avec Lui. C’est là le sens de la Porte Sainte du Jubilé, a-t-il expliqué. «Elle représente Jésus, la Porte du salut ouverte à tous». «Jésus est le berger, Jésus est la porte» pour les brebis égarées que nous sommes et qui ont besoin d’un Berger et d’une Porte pour retourner à la maison du Père.

Oser passer le seuil de la porte du Seigneur

«N’ayez pas peur» a exhorté le Pape, expliquant qu’en se réconciliant avec Dieu, «nous serons réconciliés avec nous-mêmes et nous pourrons nous réconcilier les uns avec les autres, y compris avec nos ennemis», car «la miséricorde de Dieu peut tout, elle défait tous les nœuds, elle abat tous les murs de division, elle dissout la haine et l’esprit de vengeance».

Pour cela, il faut accomplir «le sacrifice de faire un pas», «de laisser derrière soi les litiges et les divisions, pour s’abandonner aux bras ouverts de l’Enfant qui est le Prince de la Paix». Il faut donc passer la Porte Sainte pour devenir «des pèlerins de l’espérance», faire taire les armes et surmonter les divisions.

Paix en Ukraine et en Terre Sainte

François a alors lancé ses appels à la paix dans l’Ukraine «martyrisée», invitant à «l’audace d’ouvrir la porte à la négociation et aux gestes de dialogue et de rencontre» pour «une paix juste et durable», au Proche-Orient, confiant que ses pensées vont aux communautés chrétiennes en Israël et en Palestine, particulièrement à Gaza, «où la situation humanitaire est désastreuse». «Que cesse le feu, que les otages soient libérés et que la population épuisée par la faim et la guerre soit aidée» s’est-il exclamé.

Toujours au Proche-Orient, le Pape a exprimé sa proximité aux chrétiens libanais et syriens, espérant que «les portes du dialogue et de la paix s’ouvrent dans toute la région déchirée par les conflits». Il a aussi évoqué la Libye, encourageant les Libyens à «rechercher des solutions qui permettent la réconciliation nationale».

Espérance aux peuples africains touchés par la guerre ou le terrorisme

Se tournant vers l’Afrique, le Saint-Père a souhaité que ce Noël puisse apporter «un temps d’espérance» aux enfants qui meurent de la rougeole en République démocratique du Congo, aux populations de l’Est de ce pays, et à celles du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Mozambique. Il a évoqué la crise humanitaire causée par «les conflits armés et le fléau du terrorisme» qui les frappe et qui est accentuée par «les effets dévastateurs du changement climatique» qui entraine pertes en vies humaines et déplacements de millions de personnes.

François a partagé ses pensées également pour les pays de la Corne de l’Afrique pour qui il a imploré «les dons de la paix, de la concorde et de la fraternité». Concernant le Soudan, ravagé par une guerre civile depuis un an et demi, il a souhaité que la communauté internationale favorise l’accès à l’aide humanitaire et l’ouverture de négociations en vue d’un cessez-le-feu.

En Asie, le Souverain pontife a évoqué «les affrontements armés continuels» en Birmanie, souhaitant que Noël apporte du «réconfort» aux habitants contraints de fuir leur foyer. Il s’est adressé ensuite aux dirigeants politiques américains, principalement ceux d’Haïti, du Venezuela, du Nicaragua et de Colombie, afin que «des solutions efficaces soient trouvées au plus vite, dans la vérité et la justice, afin de promouvoir l’harmonie sociale», de «construire le bien commun» et de «redécouvrir la dignité de chaque personne, au-delà des clivages politiques».

Abattre les murs de séparation

Le Jubilé ouvert ce mardi soir doit aussi être l’occasion «de briser les murs de la séparation», qu’ils soient idéologiques, physiques comme celui de Chypre. François y a souhaité qu’une «solution puisse être trouvée pour mettre fin à la division, dans le plein respect des droits et de la dignité de toutes les communautés chypriotes».

Jésus nous attend sur le seuil, a affirmé le Saint-Père, et tout spécialement «les plus fragiles», «les enfants», notamment «ceux qui souffrent de la guerre et de la faim», les personnes âgées «souvent contraintes à vivre dans des conditions de solitude et d’abandon», ceux qui ont perdu leur maison ou qui cherchent refuge, les chômeurs, les prisonniers «qui restent toujours des enfants de Dieu», ceux «qui sont persécutés pour leur foi».

Gratitude pour les artisans de bien

Ce jour de Noël est aussi une occasion de «gratitude» envers ceux qui font «le bien de manière silencieuse et fidèle»: le Pape a pensé tout particulièrement aux parents, aux éducateurs et aux enseignants, aux agents de santé, aux forces de l’ordre, à ceux engagés dans les œuvres de charité, notamment les missionnaires. «Merci» a-t-il lancé à la foule des pèlerins réunis au pied du balcon de la basilique. «Que le Jubilé soit l’occasion de remettre les dettes», notamment celles «qui pèsent sur les pays les plus pauvres», a-t-il rappelé, expliquant que «chacun est appelé à pardonner les offenses reçues», car Jésus, venu «pour guérir et nous pardonner» remet toutes nos dettes.  

 

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25 décembre 2024, 12:35