Épiphanie: le Pape exhorte à être des «lumières qui désignent Dieu»

Françoise Niamien - Cité du Vatican

En cette solennité de l’Épiphanie célébrée ce lundi 6 janvier au Vatican et en Italie, le Pape François a présidé la messe en la basilique Saint-Pierre en présence d’au moins 5 000 fidèles. «Fête des mages ou des rois» en occident, l’Épiphanie du Seigneur est la manifestation de Dieu au monde. «Après avoir vu une lumière nouvelle dans le ciel, les mages se mirent mis en route, en ayant changé de vie», rappelle le Pape, évoquant l'étoile citée par saint Luc.

«L’étoile lumineuse»

Tout d'abord, fait-il remarquer, «elle est lumineuse». À l'époque de Jésus, de nombreux souverains se faisaient appeler «étoiles», parce qu'ils se sentaient importants, puissants et célèbres. Cependant, ce «n'est pas leur lumière qui a révélé aux mages le miracle de Noël», a déclaré François soulignant que «leur splendeur, artificielle et froide, résultat de calculs et de jeux de pouvoir, ne pouvait répondre au besoin de nouveauté et d'espérance de ces personnes étant à une recherche». «C'est une autre lumière qui l'a fait, symbolisée par l'étoile, qui éclaire et réchauffe en brûlant et en se laissant consumer. L'étoile nous parle de la seule lumière qui peut indiquer à chacun le chemin du salut et du bonheur: celle de l'amour», a-t-il souligné.

Et le Pape d’indiquer que de cet «amour de Dieu qui, en se faisant homme, s'est donné à nous en sacrifiant sa vie (...) nous sommes également appelés à nous dépenser les uns pour les autres, en devenant, avec son aide, un signe réciproque d'espérance, y compris dans les nuits sombres de la vie».

Aussi, à travers l’amour, «nous pouvons amener à Jésus, les personnes que nous rencontrons, en leur faisant connaître, dans le Fils de Dieu fait homme, la beauté du visage du Père (cf. Is 60, 2) et sa façon d'aimer, faite de proximité, de compassion et de tendresse». Une mission qui, selon l’évêque de Rome, est à accomplir sans «instruments extraordinaires, ni moyens sophistiqués, mais en rendant nos cœurs lumineux dans la foi, nos regards généreux dans l'accueil, nos gestes et nos paroles fraternels, plein de bonté et d'humanité».

«Visible par tous»

La seconde caractéristique de l’étoile se définit par cette «visibilité par tous». «Les mages ne suivent pas les indications d'un code secret, mais un astre qu'ils voient briller au firmament. Ils le remarquent; d'autres, comme Hérode et les scribes, ne remarquent même pas sa présence». L'étoile, cependant, «est toujours là, accessible à quiconque lève les yeux vers le ciel, à la recherche d'un signe d'espérance», a dit le Saint-Père. Puis de souligner que «Dieu ne se révèle pas à des cercles fermés ou à quelques privilégiés, mais, il offre sa compagnie et son accompagnement à tous ceux qui le cherchent d'un cœur sincère».

Pour François, cette étoile visible par tous, indique en effet que «Dieu cherche toujours tout le monde». En se faisant homme, «Il vient dans le monde pour rencontrer chaque homme et chaque femme de la terre, quelle que soit son ethnie, sa langue ou son peuple. Il nous confie la même mission universelle». De ce fait, «elle nous appelle à bannir toute forme de sélection, de marginalisation et de rejet des personnes, et à promouvoir, en nous-mêmes et dans les milieux où nous vivons, une forte culture de l'accueil, dans laquelle les verrous de la peur et du rejet sont remplacés par les espaces ouverts de la rencontre, de l'intégration et du partage; des lieux sûrs où tous peuvent trouver chaleur et abri», a insisté le Pape. L'étoile nous parle du rêve de Dieu: «que toute l'humanité, dans la richesse de ses différences, parvienne à former une seule famille, et qu'elle vive dans la concorde, dans la prospérité et la paix (cf. Is 2, 2-3.4-5)».

Le Pape saluant des enfants lors de la messe

Le chemin indiqué

Soulignant la troisième et dernière caractéristique de l'étoile: «celle d'indiquer un chemin», le Souverain pontife a fait savoir «qu’il s'agit là aussi d'un élément de réflexion important, surtout dans le contexte de l'Année Sainte que nous célébrons, et dont l'un des gestes caractéristiques est le pèlerinage». «En traçant le chemin, en effet, l'étoile nous dit que Dieu nous rejoint là où nous sommes, pour nous inviter à nous mettre en route, à grandir avec Lui dans l'amour jusqu'à en faire le sens de notre existence». L'étoile «nous rappelle que sur ce chemin, dans l'Église, nous faisons tous partie d'un peuple en marche (cf. Ecum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, n. 2), qui chemine humblement, jour après jour, sur les traces du Seigneur Jésus».

La lumière de l'étoile «nous invite à entreprendre un voyage intérieur» qui, comme l'a écrit saint Jean-Paul II pour le grand Jubilé de l'an 2000, «libère notre cœur de tout ce qui n'est pas charité», afin de «rencontrer pleinement le Christ, en confessant notre foi en Lui et en recevant l'abondance de sa miséricorde. Ce n'est qu'ainsi, convertis et pardonnés, que nous pourrons annoncer à tous, avec un enthousiasme missionnaire, la proximité du Royaume de Dieu» (ivi.; cf. Exhortation apostolique Evangelii gaudium, n. 23). Marcher ensemble «est une caractéristique de celui qui va à la recherche du sens de la vie». «Et nous, en regardant l'étoile, nous pouvons aussi renouveler notre engagement à être des hommes et des femmes «de la Voie», toujours animés d'une saine inquiétude, qui nous pousse à chercher de nouvelles occasions d'élargir nos cœurs et d'intensifier les liens qui nous unissent les uns aux autres dans la charité», a-t-il expliqué.

Au terme de son homélie, le Pape a prié pour que le Seigneur fasse «ainsi de nous des lumières qui le désignent, comme Marie; généreux dans le don de soi, ouverts dans l'accueil et humbles dans la marche en commun, afin que nous puissions Le rencontrer, Le reconnaître et L'adorer, et repartir renouvelés, en apportant la lumière de son amour dans le monde».