Le Pape aux séminaristes espagnols: être prêtre, c'est souffrir avec son peuple
Sebastian Samson Ferrari - Cité du Vatican
«Il n'est pas facile pour moi de vous exprimer mes sentiments, en pensant à la période de Noël, certainement atypique avec l'expérience que 'Dieu s'est fait boue' en vous». C'est par ces mots que le Pape François a commencé sa rencontre du jeudi 30 janvier avec les formateurs et les séminaristes des diocèses espagnols de Valence, Orihuela-Alicante, Segorbe-Castellón, Majorque, Minorque et Ibiza.
Dans sa brève allocution, prononcée en espagnol, le Saint-Père a évoqué la douleur et le deuil provoqués par le passage dévastateur d'une tempête meutrière en octobre 2024 dans la communauté valencienne et dans d'autres régions espagnoles. 80 villes ont été touchés, au moins 231 personnes sont décédées, et la vie n’a pas encore pleinement repris dans la province méditerranéenne. Cette situation nous ouvre à l'espérance, a observé le Souverain pontife, «car, en nous obligeant à toucher le fond et à laisser derrière nous tout ce qui semblait nous soutenir, elle nous permet d'aller au-delà». «Ce n'est pas quelque chose que nous pouvons faire seuls, c'est une immense obscurité que vous avez vécue et que vous vivez encore. Et je pense à l'aide désintéressée de tant de personnes, aux yeux pleins de dévouement des gens, qui ont su nous éclairer avec la tendresse de Dieu» a-t-il déclaré.
Dans ce domaine, a poursuivi l'évêque de Rome, «vous êtes appelés à travailler». Il a ajouté que le phénomènre méteorologique de la "goutte froide" «n'est pas un phénomène atypique dont on espère simplement qu'il ne se reproduira pas, c'est l'extrapolation de ce que tout être humain expérimente lorsqu'il est confronté à une perte et qu'il se sent seul, disloqué, ayant besoin de soutien pour pouvoir continuer». En ce sens, il a repris des passages du livre du prophète Isaïe (61,1) et de l'Évangile selon Luc (4,18): «Jésus le dit très clairement : «C'est pour cela que j'ai été oint - c'est pour cela que vous avez été oints - pour panser ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer l'année de la faveur du Seigneur».
Le Successeur de Pierre a rappelé que «nous sommes déjà dans cette année de grâce» qu'il a voulu dédier à l'espérance et a souligné que l'espérance n'est pas «l'optimisme». L'optimisme «est une expression légère», a fait remarquer François, qui a souligné que «nous ne pouvons pas prendre à la légère les souffrances des gens et essayer de les soulager»: «Notre espérance a un nom, Jésus, ce Dieu qui n'a pas été dégoûté par notre boue et qui, au lieu de nous sauver de la boue, s'est fait boue pour nous».
Conseils de François aux formateurs et aux séminaristes
Le Souverain pontife a donc souligné qu'«être prêtre, c'est être un autre Christ, c'est devenir de la boue dans les larmes du peuple» et leur a demandé, lorsqu'ils voient «des personnes brisées, parce qu'à Valence il y a des personnes brisées», de leur donner «des morceaux» d'eux-mêmes, «comme le fait le Christ dans l'Eucharistie». Il les a exhortés à «se donner librement», car «tout ce qu'ils ont, ils l'ont reçu gratuitement», et leur a demandé de ne pas oublier la gratuité.
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