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Le Pape François au mémorial de la Paix à Hiroshima au Japon en 2019. Le Pape François au mémorial de la Paix à Hiroshima au Japon en 2019.   (Vatican Media)

Les Papes et le cauchemar des armes, un «monstre qui dévore l'humanité»

A l'heure où les plans de réarmement continuent d'être élaborés de manière de plus en plus détaillée en Europe, prévoyant, entre autres, la reconversion d'usines pour la production d'armes et de drones, nous proposons à nouveau quelques réflexions des Papes sur ces instruments de mort qui ne peuvent ni apporter ni garantir la paix.

Amedeo Lomonaco - Cité du Vatican

«C'est par la force de la raison, et non par la force des armes, que la Justice se fraie un chemin» (Pie XII, message radiodiffusé adressé aux gouvernants et aux peuples, le 24 août 1939). Dans le magistère papal, les paroles des Papes transcendent souvent le contexte historique dans lequel elles ont été conçues et prononcées. Si l'on se limite aux réflexions sur la guerre, l'horizon est large et ouvert: elles ne sont pas ancrées uniquement à des dates recensées dans les livres d'histoire ou à un événement de guerre spécifique.

Les appels des Papes à éviter l'utilisation des armes transcendent le temps: ils peuvent se référer au passé, à l'avenir et, surtout, au présent. En effet, dans la conjoncture contemporaine, en cette époque secouée par des guerres meurtrières, en Ukraine, au Moyen-Orient et partout dans le monde, les paroles des pontifes sur l'usage et la possession des armements doivent être accueillies et écoutées: ce sont des voix, toujours actuelles, qui exhortent l'humanité à démanteler les logiques fratricides et à vivre celles de la fraternité.

Pie XII: utiliser la force de la raison

Les chemins de la justice ne sont pas ceux des armes. Lorsque le monde est au bord de la guerre, avec des armées prêtes à faire usage de leurs armes, les paroles des Papes deviennent un cri du cœur pour la paix. Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes franchissent la frontière polonaise, déclenchant la Seconde Guerre mondiale. Quelques jours plus tôt, le 24 août de cette année-là, le Pape Pie XII a adressé ces mots aux dirigeants et aux peuples dans un message radiodiffusé :

“C'est par la force de la raison, et non par la force des armes, que la Justice se fraie un chemin. Et les empires qui ne sont pas fondés sur la Justice ne sont pas bénis par Dieu. La politique émancipée de la morale trahit ceux-là mêmes qui la veulent ainsi. Le danger est imminent, mais il est encore temps. Rien n'est perdu avec la paix. Tout peut être perdu avec la guerre. Que les hommes reviennent à la compréhension. Qu'ils reprennent les négociations. En négociant avec bonne volonté et dans le respect des droits de chacun, ils se rendront compte qu'une négociation sincère et active n'est jamais à l'abri d'un succès honorable.”

Paul VI aux Nations unies (4 octobre 1965): "Si vous voulez être frères, déposez les armes de vos mains".
Paul VI aux Nations unies (4 octobre 1965): "Si vous voulez être frères, déposez les armes de vos mains".

Jean XXIII: de la part des Papes, des paroles de paix tant qu'il est encore temps

Les paroles des Papes sont un témoignage, inscrit dans l'histoire, «de sollicitude et d'appel anxieux». C'est ce que rappelle Jean XIII, en se référant à ses prédécesseurs, dans son message radiodiffusé adressé au monde entier pour la concorde des peuples, le 10 septembre 1961.

“Souvenons-nous des Papes les plus contemporains, dont le témoignage de sollicitude et d'appel anxieux est passé à l'histoire. Depuis les exhortations de Pie X dans l'imminence de la première conflagration européenne, quelques jours seulement avant sa sainte mort, jusqu'à l'encyclique de Benoît XV «Pacem, Dei Munus pulcherrimum»; depuis l'avertissement de Pie XI, qui espérait une paix véritable, jusqu'à l'appel émouvant et extrême de Pie XII le 24 août 1939: «c'est par la force de la raison et non par la force des armes que la justice se fraie un chemin», nous avons toute une succession d'invitations, parfois sincères et véhémentes, mais toujours paternelles, au monde entier pour qu'il se méfie de tout danger pendant qu'il en est temps, et assurant que rien ne sera jamais perdu par la paix. Les voies de la paix sont les voies de Dieu et de la vraie conquête.”

Paul VI: Les armes génèrent de mauvais rêves

La diffusion en 1939 du message du Pape Pacelli, vibrant de force et d'angoisse, s'est faite en présence de l'un de ses plus proches collaborateurs, qui a contribué à la rédaction de ce texte. Il s'agit de Mgr Giovanni Battista Montini qui, après son élection au trône de Pierre, prendra le nom de Paul VI. En tant que pontife, à une époque secouée par les vents menaçants de la guerre froide -qui, en 1962, avec la crise des missiles de Cuba, étaient sur le point de déclencher la troisième guerre mondiale- Paul VI a prononcé ces paroles adressées aux dirigeants. L'occasion en est la visite historique, le 4 octobre 1965, aux Nations unies :

“Si vous voulez être frères, laissez tomber les armes de vos mains. On ne peut pas aimer avec des armes offensives dans les mains. Les armes, surtout les terribles armes que la science moderne vous a données, avant même de causer des victimes et des ruines, engendrent de mauvais rêves, alimentent de mauvais sentiments, créent des cauchemars, des défiances, de sombres résolutions; elles exigent d'énormes dépenses; elles arrêtent les projets de solidarité et d'utile travail; elles faussent la psychologie des peuples. Tant que l'homme restera l'être faible, changeant, et même méchant qu'il se montre souvent, les armes défensives seront, hélas!, nécessaires. Mais vous, votre courage et votre valeur vous poussent à étudier les moyens de garantir la sécurité de la vie internationale sans recourir aux armes: voilà un but digne de vos efforts, voilà ce que les peuples attendent de vous. Voilà ce qu'il faut obtenir!”

Jean-Paul II : pas d'armes mais des chants de fraternité

Les armes aveuglent les yeux de l'homme. En 1991, il est impressionnant de voir, même en direct et à travers les reportages des grandes chaînes de télévision, la quantité d'armements utilisés dans la guerre qui fait rage dans la région du Golfe. Le 2 février 1991, le pape Jean-Paul II a fait monter cette prière pour la paix, afin que le vacarme des armes se taise.

(...) Recevez, Père,

l'imploration qui monte vers vous

de toute l'Église,

priant avec Marie, Reine de la Paix :

répandez sur les gouvernants

de toutes les nations

l'Esprit d'unité et de concorde,

d'amour et de paix,

afin que l'annonce tant attendue parvienne bientôt

à toutes les frontières:

la guerre est finie !

Et, après avoir fait taire le bruit des armes,

que les chants de fraternité et de paix résonnent sur toute la terre.

Le Pape Jean-Paul II.
Le Pape Jean-Paul II.

Benoît XVI: il faut importer des idées de paix et non des armes

Les armes endurcissent le cœur de l'homme et la course au réarmement conduit les gouvernements à devoir toujours augmenter la mise, à fournir aux armées des mitrailleuses, puis des chars, puis des drones, des avions de chasse et même des bombes atomiques. Il faut des armes de plus en plus puissantes pour faire la guerre. Et des armements de plus en plus sophistiqués sont nécessaires, affirment les tenants de la logique de dissuasion, également pour ne pas déclencher un conflit. Les armes, même celles qui sont «dormantes» mais immédiatement disponibles, sont des «mèches» qui peuvent tôt ou tard être allumées. Pour garantir la paix, il ne faut pas équiper les armées mais vider les arsenaux. Benoît XVI va dans ce sens lorsqu'il répond aux questions des journalistes lors du vol vers le Liban le 14 septembre 2012.

“Je dirais aussi que l'importation d'armes doit enfin cesser: parce que sans l'importation d'armes, la guerre ne pourrait pas continuer. Au lieu d'importer des armes, ce qui est un grave péché, nous devrions importer des idées de paix, de créativité, de recherche de solutions pour accepter chacun dans son altérité; nous devons donc rendre visible dans le monde le respect des religions, des uns et des autres, le respect de l'homme en tant que créature de Dieu, l'amour du prochain en tant que fondement de toutes les religions.”

François: pas d'armes, mais la fraternité

Les armes sèment la mort et dévastent même ce que Dieu a créé. Pendant la Seconde Guerre mondiale, par exemple, elles ont causé de graves dommages à l'environnement, notamment par la pollution, la destruction des écosystèmes et la contamination des sols et de l'eau. Cela va à l'encontre de ce que François préconise dans Laudato Si', qui souligne également dans cette encyclique que les risques peuvent devenir «énormes si l'on pense aux armes nucléaires et biologiques».

Le recours «continu et spasmodique» aux armes ne peut garantir un avenir pacifique. C'est l'une des clés du discours prononcé par le Pape François devant le Mémorial de la paix à Hiroshima lors de son voyage apostolique au Japon en 2019: «l'utilisation de l'énergie atomique à des fins de guerre est immorale, de même que la possession d'armes atomiques est immorale». La guerre est un monstre et les armes sont ses outils. Lors de l'audience générale du 10 mars 2021, François a évoqué ce géant sans cœur, alimenté chaque année dans le monde par des dépenses militaires exorbitantes, qui continue de «dévorer l'humanité».

“La guerre est toujours le monstre qui, à mesure que les époques changent, se transforme et continue à dévorer l'humanité. Mais la réponse à la guerre n'est pas plus de guerre, la réponse aux armes n'est pas plus d'armes. Et je me suis demandé: qui vendait des armes aux terroristes? Qui vend des armes aux terroristes aujourd'hui? C'est une question à laquelle j'aimerais que l'on réponde. La réponse n'est pas la guerre, mais la réponse est la fraternité. C'est (...) le défi pour tant de régions en conflit et, en fin de compte, c'est le défi pour le monde entier: la fraternité. Serons-nous capables de faire de la fraternité entre nous, de faire une culture de frères? Ou continuerons-nous à suivre la logique de Caïn, la guerre? Fraternité, fraternité.”

Au cours de ses nombreux voyages apostoliques, le Pape François a toujours rappelé la nécessité de la paix.
Au cours de ses nombreux voyages apostoliques, le Pape François a toujours rappelé la nécessité de la paix.   (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

Le monde écoute les voix des Papes

Dans cette ère marquée par l'avancée de l'intelligence artificielle, les plus grandes craintes concernent les applications possibles de ces technologies dans la sphère militaire, ne sont pas sans fondement selon plusieurs experts. Le risque est de voir l'intelligence artificielle à l'œuvre, de manière de plus en plus dramatique et concrète, jusque sur les théâtres de guerre.

Après l'homme, qui a déjà largement démontré les ravages des armes, l'intelligence artificielle s'apprête elle aussi à faire une irruption tragique dans le destin de l'humanité. Sans doute, dans l'avenir, un historien écrira-t-il que l'intelligence artificielle a montré sa «brutalité artificielle». Mais pendant qu'il en est encore temps, écoutons les voix des artisans de la paix et des Papes. Écoutons le cri du Pape François en 2019 au Japon: «Plus jamais de guerre, plus jamais le fracas des armes, plus jamais de souffrance».

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