Le Pape appelle à la baisse des tensions au Soudan du Sud
Xavier Sartre – Cité du Vatican
L’Ukraine martyrisée, la Palestine, Israël, le Liban, la République Démocratique du Congo, la Birmanie «qui souffre tant à cause du tremblement de terre»: la liste des pays en guerre reste inchangée d’une semaine à l’autre, et le Pape François continue de demander de prier pour eux pour obtenir la paix. Dans son message écrit publié pour l’Angélus de ce quatrième dimanche de Carême, il renouvelle ses appels à ce que cessent les conflits qui ensanglantent la planète.
François partage aussi sa «préoccupation» pour la situation au Soudan du Sud qu’il suit. «Je renouvelle mon appel sincère à tous les leaders pour qu’ils s’engagent au maximum à baisser les tensions dans le pays. Il faut mettre de côté les divergences, et avec courage et responsabilité, s’asseoir autour d’une table et lancer un dialogue constructif. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de soulager les souffrances de la population sud-soudanaise bien-aimée et de construire un futur de paix et de stabilité» écrit le Saint-Père.
Préoccupation de la communauté internationale
Cet appel fait écho à celui lancé par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui a demandé aux dirigeants sud-soudanais de «déposer les armes» et placer la population du Soudan du Sud au-dessus de tout. La situation s’est considérablement dégradée cette semaine avec l’assignation à résidence du vice-président Riek Machar. Selon le président Salva Kiir, son ancien rival préparait une rébellion, en référence aux affrontements qui agitent depuis plusieurs semaines plusieurs régions du nord-est du pays et opposent des groupes armés proches de Riek Machar et l’armée régulière.
Le vice-président a de son côté accusé Salva Kiir de vouloir «dissoudre le gouvernement» et de «suspendre la Constitution», «ouvrant la voie à un régime autocratique total». Son parti a dénoncé «une tromperie, une rupture de promesse» de la part du président, considérant que l’accord de paix de 2018, qui avait mis fin à la guerre civile, était abrogé. Le gouvernement, pour sa part, appelle la population «à rester calme».
Le Pape s’était personnellement engagé pour amener Salva Kiir et Riek Machar à trouver un modus vivendi pour partager le pouvoir et enraciner la paix dans le pays après la fin de la guerre civile. Le 11 avril 2019, il les avait accueillis tous les deux pour une retraite spirituelle au Vatican, avec le soutien de l’archevêque de Canterbury et le modérateur de l’Église presbytérienne d’Écosse. Enfin, le Saint-Père s’était personnellement rendu à Juba en février 2023, où il avait notamment appelé la population à déposer les armes de la haine et de la vengeance, à surmonter antipathies et aversions, à mettre le sel du pardon sur les blessures.
Sauvegarder la vie des Soudanais
Le Pape François porte aussi son regard plus au nord, au Soudan, où sévit depuis près de deux ans une guerre civile particulièrement meurtrière, qui «continue de faire des victimes innocentes», regrette-t-il là aussi. «J’exhorte les parties en conflit à mettre au premier plan la sauvegarde de leurs frères civiles et je souhaite que de nouvelles négociations, capables d’assurer une solution durable à la crise, soient lancées le plus rapidement possible» écrit-il, avant d’interpeller la communauté internationale pour qu’elle «augmente les efforts pour faire face à une catastrophe humanitaire effroyable».
Douze millions de personnes ont été déplacées à l’intérieure ou ont été contraintes de fuir à l’étranger. Des dizaines de milliers d’autres ont été blessées, en très grande majorité des civils. Cette semaine, l’armée du général al-Burhane a repris le contrôle total de la capitale, Karthoum, mais les paramilitaires des FSR du général rebelle Daglo ont renforcé leur emprise sur le sud et le Darfour, à l’ouest, divisant toujours un peu plus la division en deux du Soudan. Les perspectives de paix sont bien lointaines, les FSR ayant notamment affirmé après la perte de Karthoum qu’il n’y aurait «ni retraite ni reddition».
Le Pape, dans son message pour l’Angélus, a voulu terminer sur une nouvelle positive, la ratification le 13 mars de l’accord sur la délimitation des frontières entre le Tadjikistan et le Kirghizistan, en Asie centrale, qui règle le contentieux vieux de l’indépendance des deux anciennes républiques soviétiques, concernant plusieurs dizaines de frontières et l’accès à des ressources hydriques essentielles dans ces pays arides.
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