Jean-Paul II et la transparence sur sa santé
Jean-Charles Putzolu – Cité du Vatican
Pour évoquer le 20e anniversaire de la mort de saint Jean-Paul II, il est utile de se remémorer l’angélus du 12 juillet 1992. Ce dimanche, après la prière, le Pape polonais annonce: «J'aimerais maintenant vous faire une confidence. Ce soir, j'irai à la polyclinique Gemelli pour subir quelques examens diagnostiques. Je demande vos prières, afin que le Seigneur soit à mes côtés avec son aide et son soutien. À la Très Sainte Vierge, je répète mon “Totus tuus”, avec une totale confiance en sa protection maternelle».
Rarement les fidèles avaient eu droit à une telle transparence sur la santé du Pape. Le 15 juillet, Karol Wojtyla est opéré pour une tumeur «bénigne» au colon. Cette transparence a accompagné son pontificat, dans le respect de la dignité du Saint-Père, jusqu’à la fin, le 2 avril 2005.
La faiblesse admise et rendue publique
Ses nombreuses hospitalisations, suite à des chutes ou des problèmes intestinaux ou une grippe aggravée par des problèmes respiratoires du 1er au 10 février 2005, ont toutes été communiquées et détaillées publiquement par l’alors directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, Joaquim Navarro-Valls.
L’âge avançant, fragilisé, ce Pape qui a animé l’Église universelle avec une force peu commune, choisit d’offrir au monde sa souffrance et sa fragilité. Après avoir combattu les totalitarismes, après s’être dépensé pour défendre les valeurs de la famille, «berceau de la société», Jean-Paul II se montre dans toutes ses limites humaines. D’abord limité dans sa mobilité, il se déplace debout sur une petite estrade roulante poussée par des huissiers dans la nef centrale de la basilique Saint-Pierre. Contrairement à François, Jean-Paul II ne s’est pas montré dans un simple fauteuil roulant. À Lourdes, en août 2004, qui fut son 104e et dernier voyage apostolique, il descend de la papamobile sur son trône blanc équipé de roulettes. Il est aidé pour s’agenouiller sur le prie-Dieu devant la grotte de Massabielle. Il ne dissimule pas sa grande faiblesse au moment de prononcer quelques mots difficilement compréhensibles.
Le silence pascal du Souverain pontife
Les mois qui suivirent furent compliqués, ses prises de parole rares, son rythme de travail sensiblement allégé. Il est cependant présent pratiquement à toutes les célébrations, et fait lire ses homélies et discours à ses collaborateurs.
Deux semaines après l’hospitalisation au Gemelli à cause de la grippe, il retourne à l’hôpital le 24 février 2005. La grippe récidive et des nouvelles difficultés respiratoires contraignent les médecins à pratiquer une trachéotomie. Il sort du Gemelli le 13 mars très affaibli. Les cérémonies de la Semaine Sainte prennent une tournure particulière, sans le Pape, qui adresse toutefois un message lu par d’autres pour chaque célébration. Le soir du Vendredi Saint, le 25 mars, il suit le chemin de croix sur un écran de télévision dans la chapelle de ses appartements. Les images le montrent de dos, le front posé sur un crucifix qu’il tient de ses deux mains. Dans la foule au Colisée, les visages se chargent de larmes et d’émotion. On prie pour le Pape. Le dimanche 27 mars, jour de Pâques, il se montre à la fenêtre des appartements pontificaux. Depuis la loge centrale de la basilique vaticane, le cardinal Angelo Sodano lit à midi le message «à la ville de Rome et au monde, Urbi et Orbi, de notre vénéré Saint-Père». Jean-Paul II reste près de quinze minutes à la fenêtre, mais il n’a pas la force de parler, alors il regarde la foule, longuement. Le lendemain, les pèlerins l’attendront en vain pour la prière du Regina Caeli. La fenêtre du 4e étage qui surplombe la place Saint-Pierre et la colonnade du Bernin reste fermée. On s’inquiète. Les fidèles le voient derrière cette même fenêtre pour la dernière fois le mercredi 30 mars 2005 pour l’audience générale. Là encore, le Souverain pontife veut s’adresser à l’assemblée, mais aucun mot ne parvient à sortir de sa bouche.
Des hommages infinis, 20 ans après
Le même jour, la situation se précipite. Joaquim Navarro-Valls informe la presse qu’une sonde naso-gastrique a été posée afin de permettre au Pape de s’alimenter. Le lendemain, on informe qu’il est victime d’une septicémie et qu’il a fait un arrêt cardiaque. Au fil des heures, son état de santé ne fait malheureusement que s’aggraver. On parle de «conditions critiques», puis de situation fortement compromise. À 21h37, alors que la foule, qui vient chaque soir pour prier, s’est densifiée place Saint-Pierre, le Pape Jean-Paul II, 264e Successeur de Pierre, s’éteint. Le monde chrétien est en deuil. Jean-Paul II a marqué, en 26 ans, 5 mois et 17 jours de pontificat, une génération entière de catholiques. Dans les jours qui suivent l’annonce de son décès, et jusqu’au jour des funérailles le 8 avril, plus de 8 millions de pèlerins sont venus à Rome lui rendre un dernier hommage. Aujourd’hui encore, ils sont nombreux chaque jour à venir s’incliner devant sa tombe dans la basilique Saint-Pierre.
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