À Madagascar, elle a choisi le service auprès des plus démunis
Vianney Groussin – Cité du Vatican
Accompagner les patients au-delà du soin et des traitements: c’est ce que cherche à faire Marie Bouchard depuis le mois d'octobre 2023, lorsqu’elle est arrivée à Madagascar pour son volontariat de dix mois avec les Missions étrangères de Paris (MEP). À tout juste 22 ans, cette infirmière puéricultrice fraîchement diplômée en France travaille dans un centre de santé tenu par la congrégation des Sœurs hospitalières de la Miséricorde, où elle assure de nombreuses tâches.
«Ici, je ne suis pas seulement une infirmière puéricultrice, on m'appelle médecin, parce que je prescris des traitements, et j'ai fait des consultations aussi. J'ai appris à faire des sutures aussi pour des plaies, et je suis chirurgienne à temps partiel… Je m'occupe aussi de faire, en collaboration avec les sages femmes sur place, les accouchements et les échographies pour donner naissance à des nouveaux nés malgaches […] Donc c’est sûr que je fais bien plus que ce que j’ai appris à faire en France», explique-t-elle.
Au service des plus démunis
Marie Bouchard a voulu partir «pour donner de [son] temps aux plus démunis». Et quand elle détaille ses missions, il est aisé de comprendre qu’elle ne garde effectivement pas son temps pour elle-même: «je travaille trois fois par semaine au centre de santé, je suis aussi professeur de français pour des maternelles et au lycée, deux fois par semaine. Je fais aussi des visites de prison, pour des femmes et des enfants, une fois par semaine avec ma co-volontaire, et on s'occupe aussi de la bibliothèque de la ville qui accueille des enfants du primaire jusqu'aux étudiants. Et là, notre mission c'est d'accueillir les enfants et de les aider, de les éveiller à la lecture. Je donne des cours d'anglais aussi là-bas. Et j'ai aussi monté des ateliers pour les enfants handicapés ici, avec un prêtre, une fois par semaine». En bref, «les semaines sont bien remplies ici», conclut-elle avec légèreté.
Quand elle est arrivée il y a neuf mois, Marie Bouchard ne parlait pas malgache, alors elle a fait de son mieux pour soutenir les patients et les accompagner humainement: «la barrière de la langue est très présente, c'était compliqué en début de mission et ça l'est toujours aujourd'hui, un peu moins. Pour des familles qui viennent de brousse et qui ne parlent pas du tout français évidemment, mais pour qui même le malgache est difficile à comprendre, et bien la prière nous permet de nous retrouver, et le sourire aussi». Elle a toutefois remarqué que des choses très simples peuvent rassurer les malades et leurs familles: «les patients me demandent si je suis catholique, donc j'explique un peu en malgache, comme je peux, et ils sont tout de suite très touchés. Parfois pour un monsieur qui est bientôt mourant, sa famille a envie que je vienne auprès de lui, et juste ma simple présence peut les accompagner».
Une douleur intériorisée
La jeune volontaire française s’est aussi rendue compte que la souffrance était souvent dissimulée par les patients malgaches, qui ne montrent pas forcément toutes leurs émotions: «ici, l'accompagnement des malades, de par la culture à Madagascar, est différent de ce qu'on connaît en France. Parce que la notion de douleur n'est pas du tout la même, et c'était d'ailleurs très perturbant au début, mais ici, tout est très intériorisé», explique-t-elle. Par ailleurs, la foi est un secours pour beaucoup dans la maladie:
À Madagascar, où 80% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, se soigner représente un coût trop élevé pour beaucoup, la situation sanitaire est donc très compliquée. «Je crois que j’ai réalisé plus d’accouchements d’enfants décédés que d’enfants vivants depuis mon arrivée» confiait-elle a la revue des MEP en juin. «J'ai eu l'occasion aussi, malheureusement, d’accompagner des patients qui allaient mourir, des petites filles qui sont mortes à cause de paludisme ou de fièvre typhoïde. Et là je sens que j’ai un rôle d'accompagnement», poursuit-elle.
Lors de la journée mondiale des malades le 11 février dernier, le Pape avait appelé à s’inspirer de l’image du Bon Samaritain, de «sa capacité à ralentir son rythme et à se faire proche, de la tendresse avec laquelle il soulage les blessures de son frère souffrant». «Les malades, les fragiles, les pauvres sont au cœur de l’Église et doivent aussi être au centre de nos attentions humaines et de nos sollicitudes pastorales», avait alors demandé le Saint-Père.