Le Japon face au vieillissement de sa population
Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican
L’archipel japonais est «une baignoire qui se vide». La formule de l’économiste David Duhamel a le mérite d’être claire. Tous les ans, le pays perd près 500 000 habitants et sa population risque d’être divisée par deux d’ici 2100, selon l’OFCE, l’Observatoire français des conjectures économiques.
Le Japon est le premier pays du monde où les femmes ont commencé à faire moins d’enfants que le nombre nécessaire pour assurer le renouvellement de sa population. Au niveau mondial, le seuil de remplacement se situe généralement à 2,1 enfants par femme. Cela fait maintenant plus de trente ans que les Japonais n'atteignent pas ce seuil.
Par ailleurs, le vieillissement de la population japonaise est extrêmement rapide, ajoute l’économiste David Duhamel, trois fois plus vite qu’en France. Ainsi, en 1950, l’âge médian était de 33 ans en France et de 21 au Japon, en 2024 il est de 42 ans en France, mais de 49 au Japon.
Le cercueil des âges
«La pyramide des âges est devenue le cercueil des âges, commente David Duhamel, étroit en bas, large en haut, on compte davantage de cinquantenaires que d’enfants». Selon les chiffres du gouvernement japonais rendus publics en septembre, cette année, 36,25 millions de Japonais sont âgés de 65 ans et plus. Ils représentent 29,3 % de la population. Un nouveau record.
La crise démographique a des implications importantes, rapporte l’agence AFP, l’augmentation du nombre de personnes âgées entraînant une hausse des coûts médicaux et sociaux ainsi qu’une diminution de la main-d’œuvre qui cotise. La plus grosse crainte concerne le système de retraites qui fonctionne par répartition.
Si aujourd'hui les deux tiers des pays sur la planète font moins d’enfants que le seuil de remplacement, les Japonais ont ouvert la voie, note David Duhamel, auteur du podcast Un monde sans enfants et d'un livre éponyme, à paraître le 24 octobre en France, aux éditions Buchet-Castel.