Méditation du 22è dimanche du TO, B: aimer Dieu et son prochain
Lectures: Dt. 4, 1…8 Ps. 14 Jc 1, 17-27 Mc 7, 1-23
Le comportement du véritable chrétien dans le monde se remarque immédiatement: il suit les commandements de Dieu, déjà formulés dans le Livre du Deutéronome par Moïse, en prenant comme modèle le Christ qui les a parfaitement incarnés dans sa vie. Mais le risque est grand de diviniser des préceptes humains, de s’attacher à des règles, des habitudes, des croyances même qui sont mortifères, qui étouffent, qui empêchent de vivre et d’être heureux. On le voit très bien dans l’évangile quand les pharisiens et les scribes s’interrogent sur la «pureté religieuse», c’est-à-dire cette idée qu’il faut être soi-disant sans tache, ou «parfait», pour avoir accès à Dieu. Mais ils se trompent complètement! Ce qui signifie déjà que l’on peut avoir fait beaucoup d’études et se présenter comme intelligent – comme c’était leur cas – et faire totalement fausse route. Au contraire, par ses actions et ses enseignements, le Christ nous dit que la véritable religion, ce n’est pas se purifier extérieurement de manière scrupuleuse, accomplir de manière rigoureuse des rites, des gestes, s’habiller d’une manière spéciale. La véritable religion, c’est aimer Dieu et son prochain, même son ennemi, c’est venir en aide au pauvre, le toucher, lui parler, le sortir de sa misère. Ce n’est pas se tenir à distance, et encore moins lui faire plus de mal qu’il n’en subit déjà. C’est pour cela que Jésus qualifie «d’hypocrites» les gens qui s’attachent aux traditions des hommes sous prétexte de religion et de soi-disant pureté. Ces pseudos-hommes religieux «annulent» même les commandements de Dieu tels qu’ils ont été exprimés à l’origine par Moïse, ils substituent leurs idées, leurs conceptions de la religion à ce que Dieu veut pour les hommes: la vie, le relèvement, le bonheur, la paix, déjà maintenant sur la terre et pas seulement plus tard dans le Royaume des Cieux.
Qu’est-ce donc la «pureté religieuse»? Cela ne consiste pas à se laver et à se relaver extérieurement, à se tenir à l’écart du monde, à éviter les contacts avec les personnes malades ou pécheresses. C’est, au contraire, garder sa conscience pure, unie à Dieu par les sacrements et la prière, en Lui parlant; c’est aussi ne pas avoir peur du monde mais l’aimer, le rejoindre, comme l’a fait le Christ qui n’a pas craint de se dépouiller de sa condition divine pour partager notre vie d’hommes en devenant semblable à nous ; c’est toucher le monde, ses blessures, pour y déposer l’onction, l’huile de bénédiction que nous avons nous-même reçue gratuitement le jour de notre baptême: huile de consolation, de force et d’amour.
Saint Jean Chrysostome, Patriarche de Constantinople et Docteur de l’Eglise disait déjà dans une de ses homélies au IVème siècle (cf. Homélie 4, 7) que le chrétien doit se faire reconnaître en tout lieu, par sa façon de marcher, de regarder, par toute son attitude extérieure et même par sa voix. C’est cela le véritable culte, c’est cela la véritable religion, la nouvelle voie que le Christ a inaugurée en nous arrachant à la peur de vivre et de mourir. Il est toujours avec nous et rien ne nous séparera de son amour car Il nous a détaché de nos idoles, de nos traditions erronées, de l’hypocrisie de nos fausses croyances, pour nous attacher à Lui par un lien si fort qu’absolument rien ne pourra briser.