Méditation du 30e dimanche du Temps Ordinaire B: «ouvrons-nous au Seigneur en toute confiance»

Lectures: Jr 31, 7-9       Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6        He 5, 1-6         Mc 10, 46b-52

Que veut dire «crier vers le Seigneur»? Cette question résonne dans les textes de la liturgie de ce dimanche. Selon le prophète Jérémie, le Seigneur lui-même invite le peuple à crier vers lui: «Seigneur, sauve ton peuple, le reste d’Israël!». L’auteur du psaume 125 célèbre le temps où le Seigneur a ramené les captifs à Sion, et il se souvient: «notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie». Dans la lettre aux Hébreux, il est dit du Grand prêtre qu’il est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu. Enfin, dans l’extrait de l’Evangile de Marc lu ce dimanche, l’aveugle Bartimée lance ce cri vers Jésus qui sort de la ville de Jéricho: «Fils de David, Jésus, prends pitié de moi!». Bartimée doit se faire insistant pour dominer la réprobation des gens qui veulent le faire taire…jusqu’à ce que Jésus lui-même, calmant son entourage, l’invite à s’approcher.

Et nous, aujourd’hui, quel cri aurions-nous envie de lancer vers le Seigneur: un cri de louange? de souffrance? de désarroi? de demande? que sais-je encore? Que veulent dire, pour nous, l’appel: «Seigneur, sauve ton peuple, le reste d’Israël» ou le cri: «Fils de David, Jésus, prends pitié de moi?» que nous entendons dans la liturgie de ce jour?

Tant de fois, nous restons bouche bée devant les guerres entre nations ou les conflits ethniques, nous demeurons sans voix face aux violences qui déchirent nos sociétés ou aux tensions qui blessent nos familles. Nous sommes accablés par tant de sombres situations dont nous sommes les témoins et, parfois, les acteurs. Mais si nous sommes muets, peut-être est-ce parce que nous n’osons plus espérer: que pouvons-nous espérer devant des situations qui semblent sans issue?

La liturgie de ce dimanche nous invite à sortir du mutisme que font naître la résignation et la fascination devant ce qui ne va pas. N’hésitons pas à crier vers le Seigneur, à lui faire entendre notre appel! C’est là la première étape d’un chemin de vie, une étape délicate: oser «crier vers le Seigneur».

La deuxième étape n’est pas moins délicate. La foi nous porte à avoir confiance en ce Seigneur qui nous répondra, mais encore faut-il que nous soyons disposés à écouter la réponse du Seigneur, que nous fassions silence et nous ouvrions à la manière dont le Seigneur accueillera nos appels et entendra nos cris. Lorsque nous appelons, Dieu répond…mais peut-être pas comme nous l’avions imaginé! Lorsque cette réponse ne correspond pas à ce que nous attendions, nous risquons de conclure, un peu rapidement, que nos appels ont été vains. Il ne nous est pas facile d’oser exprimer nos attentes au Seigneur, tout en étant disposés à accepter sa réponse, sa réponse à Lui.

Ce chemin éprouvant peut nous faire découvrir que, en fait, Dieu lui-même, depuis toujours, crie vers nous et nous appelle. L’histoire biblique montre combien Dieu ne cesse de désirer faire alliance avec son peuple, malgré toutes les péripéties, voire les trahisons, qui jalonnent la vie des fils d’Israël. Le récit évangélique lui-même nous montre comment Jésus parle à son Père tout en s’en remettant à Lui en ce qui concerne la manière dont il sera exaucé. Il fait cette expérience jusqu’au moment, radical, de sa prière au jardin des Oliviers, peu avant la Passion.

Ayons-donc confiance! N’hésitons pas à lancer nos appels vers le Seigneur, à Lui exprimer nos désirs et besoins, et n’hésitons pas à faire silence pour écouter la manière dont le Seigneur nous entend, et nous appelle, Lui aussi, peut-être à quelque chose auquel nous n’osons pas penser! Ouvrons-nous au Seigneur qui, à sa manière, crie vers nous!