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Photo d'illustration: 3e dimanche de l'Avent, Année C Photo d'illustration: 3e dimanche de l'Avent, Année C 

Méditation du 3e dimanche de l'Avent, Année C: «Réjouissez-vous car le Seigneur est proche»

Le père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation, avec les lectures du troisième dimanche de l’Avent, de l’année liturgique C.

Lectures: (So 3, 14-18a), (Ph 4, 4-7), (Lc 3, 10-18)

Chers Frères et Sœurs,

« Réjouissez-vous ! ». Telle est l’invitation qui retentit à nos oreilles en ce troisième dimanche de l’Avent, appelé habituellement « dimanche de gaudete ». Et, de fait, les lectures qui précèdent l’Evangile proclamé aujourd’hui insistent sur la joie. Joie, car le Seigneur sauve Israël, prophétise Sophonie (qui écrit en des temps troublés). Joie, car le Seigneur est le Saint d’Israël, chante Isaïe. Joie, car le Seigneur est proche, lance l’apôtre Paul aux chrétiens de Philippes, en Macédoine. Alors que nous sommes au milieu de l’Avent, la liturgie nous rappelle que sera bientôt comblée notre attente de Celui qui vient. Oui, l’Avent est un temps de renouvellement. Et oui ! ce temps de conversion de notre cœur mène vers la joie.

L’Evangile de ce jour, cependant, a une tonalité différente, et un peu austère. On pourrait dire qu’il rappelle à chacun son « devoir d’état ». Diverses personnes se rendent près de Jean, qui baptise au Jourdain : des collecteurs d’impôt et des soldats – c’est-à-dire des hommes qui détiennent une autorité sur autrui – sont incités à ne pas profiter de leur pouvoir pour opprimer leurs concitoyens. Parmi ceux qui se rendent près de Jean, certains sont dans l’aisance ; ils ne manquent ni de vêtements, ni de nourritures ; Jean les invite à partager. En répondant de cette manière à des personnes soucieuses de savoir ce qu’elles doivent faire pour bien faire, Jean souligne l’importance de ce qui ressemble à un « devoir d’état », mais il donne aussi à entendre que celui dont il prépare la venue - c’est-à-dire le Christ - sera bien plus radical. Cependant Jean-Baptiste ne se doute peut-être pas de quelle radicalité il s’agit : la radicalité du service et du dépouillement à un degré jamais rencontré puisqu’elle conduira le Christ jusqu’à la croix. Ceux qui se rendent au Jourdain pour recevoir le baptême de Jean découvriront plus tard que ce baptême de conversion qui les poussent à accomplir leur « devoir d’état » est le prélude à un autre baptême, plus radical : la plongée dans la mort et la résurrection du Christ, qui bouleversera leur existence. Il en va de même pour nous. Celui que nous attendons en ce temps de l’Avent n’est pas un homme épris de pouvoir et soucieux de faire valoir sa puissance, mais un homme en qui Dieu lui-même se donne à nous. Nous pouvons, nous aussi, veiller à remplir les obligations de notre « devoir d’état », mais nous sommes appelés à aller plus loin dans cette suite de Jésus qui nous conduira jusqu’à libérer nos vies de tout ce qui fait obstacle à l’amour de Dieu et de notre prochain.

La joie de ce « dimanche de gaudete » est donc une joie que nous pouvons accueillir sereinement, même si nous n’en mesurons pas encore toutes les implications pratiques. Avant d’entrer dans cet acte d’amour qu’est l’expérience de la passion et de la résurrection, Jésus entrera dans notre humanité comme un nouveau-né, fera l’apprentissage de la vie comme un enfant et un adolescent, puis – âgé, dit-on, d’une trentaine d’années - se mettra à annoncer le Règne de Dieu qui vient. Cet itinéraire est un processus de maturation, qui s’inscrit dans notre condition humaine, pleinement assumée par Celui qui nous conduit vers son Père et notre Père.

Entrons aujourd’hui dans cette joie qui nous prépare à suivre Jésus au long du chemin par lequel il nous guide vers la vie, vers la vraie vie, à travers l’expérience du service et du dépouillement. Puissions-nous tous entrer dans un chemin de conversion qui nous conduira, au-delà de la seule satisfaction de savoir que nous accomplissons notre « devoir d’état », jusqu’à la joie du don. Nous pouvons déjà pressentir ce qu’est cette joie du don en considérant l’amour mutuel que des époux éprouvent, l’affection que des parents portent à leurs enfants, et tant d’actes de fraternité – souvent discrets et anonymes - qui illuminent notre humanité si souvent blessée par ailleurs. Cette joie du don a pour source le don que Dieu lui-même fait à chacun de nous dans la fête de Noël.
 

14 décembre 2024