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Saint Joseph d’Arimathie, recueillit le corps de Jésus déposé de la croix

Saint Joseph d’Arimathie, Giotto Saint Joseph d’Arimathie, Giotto 

Spécialistes du droit…

Il est déjà difficile pour des gens ordinaires et simples d’ouvrir leur cœur à un Dieu qui se révèle souvent de manière inattendue et déconcertante. Souvent, c’est encore plus difficile pour les érudits qui sont estimés comme les enseignants de leur peuple. Il est tentant de penser qu’une fois que nous avons suffisamment étudié et enseigné, nous savons tout, même sur Dieu. Mais, comme on le découvre dans deux hommes qui apparaissent ensemble dans les évangiles au tombeau de Jésus, rien n’est impossible à Dieu.
Les Évangiles décrivent Joseph d’Arimathie comme « un homme riche » (Mt 27,57) ; un « membre honoré du conseil » ou Sanhédrin (Mc 15,43), l’organe directeur du peuple juif qui aurait été le point de référence juridique et religieux des habitants de Jérusalem ; et comme un « homme bon et juste » (Lc 23,50). « Il était disciple de Jésus, mais en secret » (Jn 19,38) ; après tout, Jésus était un rabbin controversé qui dérangeait les sensibilités religieuses de nombreux collègues de Joseph au Sanhédrin. Mais c’est Nicodème, un pharisien – le parti des stricts observants et enseignants de la loi juive – qui nous permet de comprendre en profondeur le drame qui s’est déroulé dans les vies de ces deux Israélites érudits.

…et maîtres d’Israël

Le chapitre 3 de l’Évangile de Jean décrit « un homme parmi les Pharisiens, nommé Nicodème, un notable des Juifs », venant à Jésus à la faveur de la nuit, attiré par lui et pourtant effrayé que ce petit mouvement de son cœur ne soit remarqué. Le maître de la Loi dit au Seigneur ce qu’il pressent : « Rabbi, nous le savons, c’est de la part de Dieu que tu es venu comme un maître qui enseigne. » Mais Jésus fait remarquer que ce n’est pas encore la vraie connaissance : « A moins de naître d’en haut, on ne peut voir le royaume de Dieu ». « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? » demande l’érudit, interloqué. Jésus, lui aussi, s’étonne : « Tu es un maître qui enseigne Israël et tu ne connais pas ces choses-là ? » Qu’il y a une sorte de connaissance qui ne vient pas en étudiant, que l’on peut seulement recevoir comme un enfant, en accueillant le don de l’amour de Dieu ? Nicodème est parti cette nuit-là avec quelque chose dans son cœur, comme une fissure dans son grand édifice de savoir, mais c’était une fissure de lumière.
Les deux hommes ruminent les paroles et les actes du Seigneur jusqu’à ce que cette petite fissure dans le cœur devienne une ouverture plus large. Leurs yeux commencent à s’ouvrir et, à mesure que le filet de malice tissé par leurs collègues du Sanhédrin et parmi les Pharisiens se resserre autour de Jésus, leur secret fait place à de petits actes de courage. Lorsque les pharisiens débattent de ce qu’il faut faire de ce Jésus qu’ils ne supportent pas, Nicodème demande à la défense du Seigneur : « Notre Loi permet-elle de juger un homme sans l’entendre d’abord ? » (Jn 7,51), ce qui lui vaut la dérision de tous.

Le cœur ouvert

Enfin, les événements eux-mêmes fournissent le catalyseur qui fait que ces petites fissures dans le cœur s’ouvrent en un abîme de lumière. Jésus est crucifié, son cœur est ouvert par une lance, et Joseph d’Arimathie ne se soucie plus que les gens découvrent qu’il est un disciple. Il se rend chez Pilate et demande le corps du condamné, afin de lui donner une sépulture convenable. Il sait même où, un tombeau qu’il s’était acheté pour lui-même : « Après cela, Joseph d’Arimathie … demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus … Nicodème vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. » Les maîtres d’Israël donnent l’onction au roi d’Israël. Leurs mains enveloppent délicatement dans du lin propre la plus grande visite de Dieu que leur peuple ait jamais connue. Ensemble, « ils prirent donc le corps de Jésus, qu’ils lièrent de linges, en employant les aromates » et le déposèrent dans le tombeau que Joseph venait de creuser (Jn 19, 38-42).
Les deux hommes avaient autrefois craint de confesser qu’ils étaient des disciples, ou craint d’être vus en train d’interroger le Seigneur. Mais dans ce travail d’amour, leurs mains confessent plus que les mots ne pourraient jamais le faire. Leurs cœurs se sont ouverts. Ces maîtres érudits d’Israël sont devenus comme des enfants nés de nouveau. En silence, ils oignent, enveloppent, enterrent et bénissent le corps du Fils de Dieu, qui a apporté, pour eux et pour le monde, une nouvelle forme de connaissance.