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Chemin de Croix au Colisée: le Pape exhorte à la honte, au repentir et à l'espérance

Comme c’est la tradition pour chaque Vendredi Saint, le Pape François a présidé ce vendredi soir le Chemin de Croix au Colisée.

Cyprien Viet - Cité du Vatican

Cette année, les méditations avaient été préparées par des jeunes lycéens, dont les mots ont épousé les tensions, les contradictions et les souffrances de la vie contemporaine, notamment dans le phénomène des réseaux sociaux qui deviennent parfois des vecteurs de violence et de mépris.

Ces jeunes figuraient parmi les porteurs de la croix, ainsi que différents acteurs de la vie de l’Église en Italie, comme Mgr Angelo de Donatis, le vicaire du diocèse de Rome, qui a porté la Croix pour la première et la dernière station. La dimension internationale était notamment représentée par une famille syrienne, par des religieuses dominicaines irakiennes, ou encore par le prêtre indien José Narlaly, supérieur général des Trinitaires.

Au terme du parcours des 14 stations, le Pape François a délivré une prière très personnelle, articulée autour de trois notions : la honte, le repentir et l’espérance.

«Face à ton suprême amour nous envahit la honte pour t’avoir laissé seul à souffrir pour nos péchés», a lancé le Pape, évoquant les trahisons de ceux qui promettent fidélité au Seigneur mais se défaussent au moment de l’épreuve, ceux qui se laissent séduire par «le dieu argent», par «l’ambition» ou encore par «la vaine gloire».

«Nos générations sont en train de laisser aux jeunes un monde fracturé par les divisions et par les guerres : un monde dévoré par l’égoïsme et où les jeunes, les petits, les malades, les anciens sont marginalisés», a regretté le Pape, en invitant au repentir face au Seigneur, «le repentir qui germe de la certitude que toi seul peux nous sauver, toi seul peux nous guérir de notre lèpre de haine, d’égoïsme, de superbe, d’avidité, de vengeance, de cupidité, d’idolâtrie, toi seul peux nous embrasser en nous redonnant la dignité filiale et te réjouir pour notre retour à la maison, à la vie.»

François a répété que de ce repentir peut et doit jaillir «l’étincelle de l’espérance», dont de nombreux acteurs de l’Église sont des témoins fidèles. «Aide-nous Fils de l’homme, à nous dépouiller de l’arrogance du larron placé à ta gauche et des myopes et des corrompus, qui ont vu en toi une opportunité à exploiter, un condamné à critiquer, un perdant à tourner en dérision, une autre occasion pour faire porter sur les autres, et même sur Dieu, nos propres fautes», a lancé François, avant de lancer cet ultime prière :

«Nous te demandons au contraire, Fils de Dieu, de nous faire ressembler au bon larron qui t’a regardé avec des yeux pleins de honte, de repentir et d’espérance ; qui, avec les yeux de la foi, a vu dans ton apparente défaite la divine victoire, et s’est ainsi agenouillé face à ta miséricorde et a volé le paradis avec honnêteté !»

Traduction intégrale de la prière du Pape :

Seigneur Jésus, notre regard est dirigé vers toi, pleine de honte, de repentir et d’espérance.

Face à ton suprême amour nous envahit la honte pour t’avoir laissé seul à souffrir pour nos péchés :

la honte pour s’être échappé face à l’épreuve, même en ayant dit des milliers de fois : «même s’ils t’abandonnent tous, moi, je ne t’abandonnerai jamais» ;

la honte d’avoir choisi Barabbas et non pas toi, le pouvoir et non pas toi, l’apparence et non pas toi, le dieu argent et non pas toi, la mondanité et non pas l’éternité ;

la honte pour t’avoir tenté avec la bouche et avec le cœur, chaque fois que nous nous sommes trouvés devant une épreuve, en te disant : «Si tu es le messie, sauve-nous, et nous croirons !» ;

La honte parce que de nombreuses personnes, et même certains de tes ministres se sont laissés piéger par l’ambition et par la vaine gloire, en perdant leur dignité et leur premier amour ;

la honte parce que nos générations sont en train de laisser aux jeunes un monde fracturé par les divisions et par les guerres : un monde dévoré par l’égoïsme et où les jeunes, les petits, les malades, les anciens sont marginalisés ;

la honte d’avoir perdu la honte;

Seigneur Jésus, donne-nous toujours la grâce de la sainte honte !

Notre regard est plein aussi d’une repentir qui, face à ton silence éloquent, supplie ta miséricorde :

le repentir qui germe de la certitude que toi seul peux nous sauver, toi seul peux nous guérir de notre lèpre de haine, d’égoïsme, de superbe, d’avidité, de vengeance, de cupidité, d’idolâtrie, toi seul peux nous embrasser en nous redonnant la dignité filiale et te réjouir pour notre retour à la maison, à la vie ;

le repentir qui éclot du fait de ressentir notre petitesse, notre néant, notre vanité et qui se laisse caresser par ton invitation suave et puissante à la conversion ;

le repentir de David qui depuis l’abysse de sa misère retrouve en toi son unique force ;

le repentir qui nait de notre honte, qui nait de la certitude que notre cœur restera toujours inquiet tant qu’il ne trouve pas en toi son unique source de plénitude et de tranquillité ;

le repentir de Pierre qui, en rencontrant ton regard a pleuré amèrement pour t’avoir nié devant les hommes.

Seigneur Jésus, donne-nous la grâce du saint repentir !

Face à ta suprême majesté s’allume, dans les ténèbres de notre désespoir, l’étincelle de l’espérance pour que nous sachions que ton unique mesure pour nous aimer est celle de nous aimer sans mesure ;

l’espérance, parce que ton message continue à inspirer, encore aujourd’hui, de nombreuses personnes et peuples pour lesquels seul le bien peut vaincre le mal et la méchanceté, seul le pardon peut abattre la rancœur et la vengeance, seule l’étreinte fraternelle peut dissiper l’hostilité et la peur de l’autre ;

l’espérance parce que ton sacrifice continue, encore aujourd’hui, à diffuser le parfum de l’amour divin qui caresse les cœurs de tellement de jeunes qui continuent à te consacrer leurs vies, en devenant des exemples vivants de charité et de gratuité dans notre monde dévoré par la logique du profit et du gain facile ;

l’espérance parce que de nombreux missionnaires continuent , encore aujourd’hui, à défier la conscience endormie de l’humanité en risquant leur vie pour te servir dans les pauvres, dans les écartés, dans les immigrés, dans les invisibles, dans les exploités, dans les affamés et dans les prisonniers ;

l’espérance parce que ton Église, sainte et faite de pécheurs, continue, encore aujourd’hui, malgré toutes les tentatives pour la discréditer, à être une lumière qui illumine, encourage, soulage et témoigne de ton amour illimité pour l’humanité, un modèle d’altruisme, une arche de salut et une source de certitude et de vérité ;

l’espérance parce que de ta croix, fruit de l’avidité et de la lâcheté de nombreux docteurs de la Loi et d’hypocrites, est jaillie la Résurrection en transformant les ténèbres de la tombe en la lueur de l’aube du Dimanche sans crépuscule, en nous enseignant que ton amour est notre espérance.

Seigneur Jésus, donne-nous toujours la grâce de la sainte espérance !

Aide-nous Fils de l’homme, à nous dépouiller de l’arrogance du larron placé à ta gauche et des myopes et des corrompus, qui ont vu en toi une opportunité à exploiter, un condamné à critiquer, un perdant à tourner en dérision, une autre occasion pour faire porter sur les autres, et même sur Dieu, nos propres fautes.

Nous te demandons au contraire, Fils de Dieu, de nous faire ressembler au bon larron qui t’a regardé avec des yeux pleins de honte, de repentir et d’espérance ; qui, avec les yeux de la foi, a vu dans ton apparente défaite la divine victoire, et s’est ainsi agenouillé face à ta miséricorde et a volé le paradis avec honnêteté !

Amen ! »

 

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30 mars 2018, 21:54